En sécurité [Talindra]

SUJET PRÉCÉDENT

Talindra entra dans une cour en désordre, face à l'avant-poste, vite suivie par Jackson l'air légèrement honteux. Les portes se refermaient déjà derrière eux quand trois hommes s'approchèrent. Plus mûrs et solides que Jackson, ils ressemblaient plus à l'image qu'on pouvait se faire d'un chasseur des Bas-fonds. Le premier d'entre eux avait de longs cheveux bruns et une barbe. Il devait avoir dans les trente ans. Il accueillit les deux nouveaux venus d'un large sourire.

- T'en avais marre de revenir bredouille Larmanier ? Donc tu nous amène une jolie fille ?

Il lâcha un rire amical, faisant une large révérence à Talindra.

- Bachir, grand intendant de l'avant-poste ! Soyez la bienvenue ! Qu'est ce qui vous amène par chez nous belle damoiselle ?

Le ton pompeux qu'il employait était évidemment joué. Dans tout les cas, il semblait tout à fait amical, tout comme les autres chasseurs qui se ruèrent sur Jackson pour quelques moqueries amicales.

A l’invitation du jeune homme de l’avoir comme escorte, la jeune femme se contenta d’un hochement de tête. Au moins ainsi, elle risquerait peut-être moins sa vie, même s’il ne faisait aucun doute qu’il n’était pas un grand chasseur, pas encore en tout cas, mais peut-être un jour le deviendrait-il, c’était son rêve après tout.

Elle ne fit aucun commentaire lorsqu’il parla de son père. Chacun était libre de vivre sa vie et cela ne la regardait pas, même si elle lui aurait bien dit d’aller le retrouver car on ne sait jamais quand un être auquel on tient disparais.

Dès l’entrée dans la cour de l’avant poste, un homme s’avança et employa un ton pompeux largement surjoué, mais cela faisait toujours plaisir de se faire appeler « jolie fille » malgré tout. Il se présenta tout d’abord comme le grand intendant, avant de demander ce qu’elle venait faire ici.

« Je suis Talindra Seerear et je recherche mon père… Je n’ai plus de nouvelle de lui, j’ai entendu dire qu’il avait passé quelques nuits ici avec son groupe… J’espérais que vous pourriez m’indiquer où il est, ou au moins où le chercher. »

Elle ne souhaitait pas que Jackson, ou alors l’intendant la prenne en pitié, mais uniquement une direction où chercher et elle irait. Sa voix trahissait son inquiétude pour son père, mais elle faisait tout pour garder l’air digne.

« Serait-il possible de me reposer un peu également ? J’ai eu un voyage plutôt mouvementé pour arriver jusqu’ici et Chanceux a bien besoin de repos aussi. » Ajouta-t-elle en désignant le louveteau.

Après avoir sauvé chanceux, tué un homme vicieux, échappé à ses amis, échappé aux hyènes, elle avait plus que besoin de repos, ce qui devait être la même chose pour le pauvre Chanceux qui avait perdu sa mère il y a encore trop peu de temps.

EJ :

Bachir jeta un coup d'oeil au louveteau avec un sourire moqueur.

- Chanceux ? Un vrai chien de garde ! Eh eh ! Nous n'avons pas l'habitude d'héberger des loups, mais pourquoi pas... Tu peux rester ici pour la nuit, nous n'aimerions pas que l'on dise de nous que nous sommes inhospitaliers !

Les deux autres chasseurs avançaient vers la porte qui se rouvrit à leur passage. Ils restèrent dans l'embrasure, semblant attendre l'intendant. Jackson restait en arrière, écoutant attentivement la conversation de Talindra.

- Pour le moment, j'ai à faire, mais Jackson saura te faire une visite... Au passage, nous avons des douches : sauf ton respect petite, ça ne te ferait pas de mal !

En effet, Talindra était loin d'être propre, mais là n'était pas sa priorité.

- Pour ton père, nous en reparlerons ce soir autour de la table ! Mais sans son nom, j'aurais dû mal à savoir s'il est passé ici ! Ils sont nombreux à venir chez nous !

En effet, Talindra avait totalement oublié de nommer son paternel, mais c'était trop tard. Déjà, les portes se refermaient de nouveau sur Bachir et ses deux compagnons. Ne restait que Jackson qui adressa un sourire gênée à sa nouvelle amie.

- Les chasseurs sont des types bien... Ils m'ont accueilli sans poser de question, l'un d'entre eux : Kellran, m'a même sauvé la vie, mais il est parti chasser avec son maître pour le moment. Je te montre l'avant-poste ?

L'apprenti chasseur lui présenta la forteresse, qui avait été celle d'Immanisius l'Ancien, représenté par une immense statue à l'entrée. Une multitude de couloirs se dressaient dans le bâtiment, menant à des pièces pleines de matériel mécanique et autre fouillis. Jackson conduisit son invitée jusqu'à un vieil ascenseur qui la mena au premier étage.

- C'est à cet étage que nous mangeons. Les douches sont par là... Tu verras, elle sont plutôt... spéciales.

Il suivit un couloir qui menait directement aux "douches", et Talindra ne put qu'admirer les lieux. Il s'agissait des anciens bains d'Immanisius l'Ancien, faits de marbres taillé et d'ornementations. Au centre, un hammam dégageait une eau chaude et ses volutes de fumée. Au fond coulait une cascade où les chasseurs se lavaient sans doute.

- C'est une salle commune, mais si tu veux te laver, je monterai la garde afin que tu n'ai pas de surprise ! De toutes manières, à cette heure ci, la plupart des chasseurs sont à l'extérieur. Après j'peux toujours te montrer une chambre, mais c'est au sous-sol !

Talindra ne réagit pas aux moqueries de Bachir sur les capacités de chien de garde de Chanceux car il n’avait pas tord au fond, du moins pour le moment, car il était certain qu’en grandissant, il allait surpasser bon nombre de soi-disant chien de garde.

Talindra haussa les épaules lorsque l’intendant lui fit remarquer son état. Certes, une bonne douche ne pouvait lui faire que du bien, mais elle avait bien d’autres priorités… Néanmoins, elle en prenait bonne note, et y penserait le moment venu.

Dans sa précipitation, elle avait oublié de mentionner le nom de son père, mais elle ne se doutait pas non plus du nombre de personne pouvant passer ici pour quelques nuits. Il était de toute façon trop tard et Bachir s’en était aller. Elle lui redemanderait ce soir.

Elle opina lorsque Jackson lui proposa une visite guidée de l’avant poste. Visite qui débuta par la salle à manger, suivit rapidement des douches. Et quels douches ! Pour le moins luxueuse avec un hammam et une cascade. Seul bémol : les douches communes. Elle n’était pas particulièrement pudique, mais si elle devait se laver dans une salle commune, elle ne quitterait pas son couteau, et encore moins son arbalète, on ne savait jamais. Heureusement, Jackson proposa de monter la garde pour éviter les surprises… Elle ne lui faisait pas particulièrement confiance jusqu’à présent – même s’il avait été sympathique jusque là – mais elle était au moins certaine d’une chose : il était un chasseur débutant et elle saurait se défendre contre lui si besoin était.

« Je veux bien que tu monte la garde, à l’extérieur bien entendu, je serais pas longue. »

Joignant les gestes à la paroles, elle entra dans les douches en compagnie de Chanceux et s’assura que Jackson jouais bien son rôle de garde avant de retirer ses vêtements, les posants en désordre dans un coin de la salle, elle pris simplement avec elle son couteau car on était jamais trop prudente dans une douche qui n’était pas verrouillée. Après cela, elle s’installa au pied de la cascade afin de se relaxer un peu, invitant Chanceux à venir avec elle.

Elle comptait bien faire en sorte que la douche soit rapide, juste le temps de retirer la crasse accumulée sur elle, et aussi de nettoyer un peu son jeune loup. Après quoi, elle espérait bien qu’il serait l’heure du repas car son estomac commençait à crier famine à force de courir partout.

Comme à chaque fois, elle ne prenait pas vraiment de temps pour peigner ses cheveux une fois qu’ils furent propres, se contentant de refaire ses deux tresses traditionnelles maintenues par des lanières de cuirs.

EJ :

Chanceux ne put qu'apprécier le contact de l'eau sur ses poils sales. Il avait sans nul doute affronté autant de dangereuses expériences que sa nouvelle amie. En effet, elle l'avait retrouvé seul avec sa mère blessée... Ils avaient donc dû être abandonné par la meute. Le louveteau ne semblait déjà plus qu'attaché à la jeune fille, menaçant quiconque s'approchait de lui.

Comme promis, Jackson monta la garde, sans aucune volonté de l'épier nue. Il la retrouva avec le même sourire timide, lui désignant un nouveau couloir. Une sonnerie stridente retentit dans tout l'étage.

- La sonnette du repas ! Allons dans la salle à manger. Tu verras, ici on mange bien mieux qu'à Liberia.

Les deux personnes pénétrèrent dans une large salle à manger au milieu de laquelle trônaient deux tables pleines de mets : viandes à profusion et autres fruits et légumes. Pour le moment, seule une poignée de gardes étaient attablés, à discuter entre eux. Jackson désigna une chaise à sa nouvelle amie.

- Vas-y, installe toi ! Ici, chaque habitant doit effectuer divers services. La plupart des chasseurs ramènent de quoi manger, d'autres font la cuisine, d'autres servent... C'est une véritable communauté. Comme tu peux le voir, certains chasseurs ramènent de quoi manger... Tous ne sont pas comme moi heureusement.

Le gamin semblait légèrement démoralisé par sa propre médiocrité. Balayant ceci d'une revers de la main, il s'intéressa de nouveau à Talindra qui se servait un large morceau de viande. Chanceux fit de même, mangeant dans sa main.

- Et qui était ton père si ce n'est pas indiscret ? Je n'ai pas du le connaître mais on ne sait jamais...

Les deux jeunes gens continuèrent à parler pendant que la salle se remplissait peu à peu. Bachir finit par revenir, accompagné par deux nouveaux chasseurs qui s'installèrent tous non loin de Talindra. L'intendant présenta ses deux amis : Berno et Attic, à la jeune fille. Berno, qui semblait affamé, passa sa main sur la table avant même de s'asseoir, saississant une cuisse entière d'on ne sait quel animal avant d'en arracher la chair. Il s'agissait d'un homme Noir très robuste à l'air plutôt amical. Il adressa un clin d'oeil à la jeune fille avant de s'installer.

Bachir s'était placé à côté de Talindra, et s'était mis à grignoter une grappe de raison. Le volume sonore de la pièce s'intensifiait alors que les chasseurs discutaient. Après s'être amicalement disputé un moment avec Attic, un moustachu assez maigre, il retourna son attention vers Talindra.

- Je vois que tu as pris une bonne douche ! Tu voulais me parler si je ne m'abuse...

La douche fini, rhabillée avec ses vieilles affaires et ses cheveux correctement attachés, elle sortie de la douche pour être immédiatement conduite à la salle à manger. L’heure du repas venais de sonner heureusement. Comme le lui avait dit Jackson, ils mangeaient bien mieux qu’à Libéria. Cela faisait longtemps qu’une table aussi garnie de nourriture ne lui avait pas été présentée… Enfin, elle n’avait même jamais vu autant de nourriture sur une table.

Prenant place sur la chaise désignée, elle attrapa un morceau de viande d’une créature indéfini et commença à manger sans retenu, en donnant une partie à chanceux dans sa main. Visiblement, le jeune homme était l’un des plus mauvais chasseur de l’avant poste, si non le plus mauvais, et cela le démoralisait.

« Tu manque simplement d’entraînement je pense, il faudrait t’exercer davantage et je suis sûr que tu t’amélioreras. » Lui dit-elle entre deux bouchées.

Finalement, il lui demanda qui était son père. N’aimant pas particulièrement s’épancher sur sa vie privé en compagnie de personnes qu’elles ne connaissaient peu, elle fit au plus court.

« Il se nomme Aélthas Seerear, un mercenaire… »

Finalement Bachir entra dans la salle accompagné de deux compatriotes : Berno et Attic. Bachir vint s’installer à côté de la jeune fille qui profitait plus que de raison du repas. Que cela faisait du bien de manger après toutes ces aventures, même si elle devait en être malade après. Finalement, la question qu’elle attendait arriva.

« Oui… Je souhaitais savoir si vous saviez où se trouvait mon père… Aélthas Seerear… Il est venu passer quelques nuits ici il paraît, c’est un mercenaire… »

Comme d’habitude, elle se contenta des informations essentielles. Il n’avait pas besoin d’en savoir davantage après tout. Elle espérait qu’il pourrait lui répondre, savoir où chercher serait déjà un grand pas, et elle pourrait s’y rendre dès le lendemain en espérant qu’il soit toujours en vie, mais elle ne pouvait se résoudre à l’imaginer mort.

EJ :

Le visage de Bachir s'illumina à la mention d'Aélthas. Visiblement, l'avant-poste était plus qu'un simple hôtel pour le groupe de mercenaires du père de Talindra.

- Aélthas ? C'est donc toi cette petite fille dont il parlait tant ? Il rêvait de gagner suffisamment de livres pour rester à tes côtés... Ravi de te connaître ! Aélthas et moi étions de bons camarades, lui et les Veilleurs passaient régulièrement ici, entre chaque mission, des gens biens !

"Les Veilleurs", Turina avait presque oublié le nom du groupe créé par son père. Il avait lui-même recruté chacun des membres au fruit d'un long travail, mais n'était jamais parvenue à amasser suffisamment d'argent pour rester à Liberia. Le sourire de Bachir s'évanouit pourtant bien vite, et il lança un regard sombre à la jeune fille.

- Je savais que c'était une mauvaise idée... se dit-il pour lui-même avant de caresser l'épaule de Talindra.

- Si tu es là, c'est que je suppose qu'il n'est pas revenu... Quelle folie ! J'aurais du les en empêcher ! Ils avaient entendu parler d'un gros coup. Un blindé Invasion avait été trouvé, abandonné dans les Égouts... C'est un truc des Fils d'Immanisius de visiter cette zone, et il leur arrive parfois de ne pas en revenir. Bref, les Veilleurs étaient quasiment les seuls sur ce coup, ton père voulait aller fouiller la carlingue pour récupérer du matos high tech à vendre sur le marché...

Bachir soupira, il parlait comme s'il était certain que le père de Talindra était mort et enterré. Autour, les chasseurs ne prêtaient pas attention à la conversation, continuant à rire et à chanter.

- C'était il y a un mois. S'ils ne sont pas revenus, c'est qu'ils sont morts. Point, à la ligne. Ne t'aventures pas dans les Egouts petite, tu y laisserais la vie, et malgré tout le bien que je pense de toi, ne comptes pas sur moi pour t'aider à t'y rendre, je tiens à ma vie et à celle des autres chasseurs. J'ai du matériel qui appartenait à ton père. Récupère le, fais ton deuil et rentre chez toi, ça ne vaut pas le coup d'espérer crois moi...

Talindra ne savait que penser au milieu de tout ces bruits.

Bachir semblait connaître bien, même très bien le groupe de son père. Ils étaient de bons amis d’après ses dires, et l’avant poste était un peu le quartier général du groupe lorsqu’ils partaient en mission. Cependant, la joie de rencontre la fille d’un de ses amis fit bientôt place à la tristesse sur son visage lorsqu’il dut annoncer une triste nouvelle, d’après lui.

Ainsi donc son objectif était d’aller chercher un blindé dans les Egouts, il espérait apparemment gagner asser d’argent pour pouvoir vivre sans travailler au côté de Talindra… La jeune fille baissa alors la tête lorsque Bachir tenta de la convaincre que son père était mort. Qu’il n’y avait aucune chance pour qu’il soit encore en vie… Mais elle la releva après quelques secondes, posant un regard déterminé sur l’intendant.

« J’irai trouver moi aussi ce blindé… Mon père est encore en vie, j’en suis certaine… C’est risqué, mais je ne l’abandonnerais pas. Montrez-moi le matériel appartenant à mon père, et fournissez-moi une carte pour que je puisse rejoindre les égouts, je n’ai besoin de rien d’autre. »

Rien ne pourrait arrêter Talindra dans la quête de son père, elle ne pouvait se résoudre à l’imaginer mort au milieu des égouts, ou dans le ventre d’une créature quelconque de cette zone qu’elle savait plus que dangereuse. Elle n’était pas experte dans le maniement des armes, et encore moins dans la survie. Elle savait devoir apprendre très rapidement ce qu’il y avait à savoir sur ces deux sujets si elle voulait avoir la moindre chance de survie, mais il était hors de question qu’elle abandonne.

« Je vais dormir ici cette nuit, et je partirais demain, à l’aube, avec Chanceux. » Dit-elle en se levant de table, attendant que l’intendant lui montre l’équipement, et qu’on la conduise à sa chambre.

EJ :

Le repas s'était rapidement terminé, chacun retournant à ses affaires. Une fois que la plupart des chasseurs furent partis, Jackson y compris. Talindra et Bachir avaient continué de discuter, ce dernier empruntant un ton grave et jetant des regards inquiets à la jeune fille.

- Les Veilleurs étaient six en partant, une équipe très réduite pour visiter les Égouts. Ils connaissaient les risques. Crois moi, ton père est mort, comme tout ses amis ! Les Égouts ne pardonnent pas. Écoute moi, je vais te rendre les affaires de ton père pour la seule et unique raison que je sais qu'il ne viendra jamais les rechercher, mais encore une fois, n'espère aucune aide de notre part !

Bachir emmena ensuite Talindra au troisième étage, où se trouvait un dépôt d'armes gardé par un certain Pavel, un homme chauve au visage tatoué, occupé à modifier un vieux fusil à l'aide d'un chalumeau. Après interrogation, il indiqua à Bachir où se trouvait les objets d'Aélthas.

- Son équipement était usé, il nous l'avait laissé pour que nous le réparions, ce contre quelques crédits. Je lui avais prêté l'une de mes propres armures pour son départ dans les Égouts... J'aurais sérieusement dû l'en empêcher. Voici pour toi...

L'homme sortit d'un placard une vieille armure métallique que Talindra reconnut de suite : c'était bien celle de son père, légèrement amochée par le temps. Des plaques de métal y avaient été récemment soudées. Il sortit également le vieux fusil de précision de son père, visiblement repeint depuis peu. Une baïonnette se dressait au bout du canon, menaçante, Talindra ne l'avait jamais vue.

- Ton père voulait qu'on rajeunisse un peu son vieux fusil et son armure. Pavel s'en est occupé. Cette armure te protégera sans doute plus que tes vieilles ripes. En passant, si tu recherches une arme, c'est le moment.

Il désigna les étagères remplies d'armes, pour la plupart peu récentes. Pendant qu'elle examinait l'arsenal, Bachir s'était placé sur un établi, non loin de Pavel, rédigeant rapidement une carte.

- Tu as l'air déterminée à trouver le cadavre de ton père.

Il parlait crument, visiblement certain de la mort du mercenaire.

- Je vais t'indiquer la position approximative du blindé. A ce qu'il parait, il s'était embourbé dans une zone peu profonde des marais. Heureusement pour toi, ce n'est pas au plus profond des marais, tu auras une trentaine de kilomètres à parcourir... mais ce ne sera pas une promenade de santé crois moi ! Tu vois cette ligne noire que je trace ? Tu dois absolument la suivre. Il faut que tu passe entre ces deux marais sans trop t'en approcher.

Pavel, qui avait fini sa réparation, observait désormais les deux interlocuteurs. Des tatouages tribaux recouvraient la moitié de son visage, lui donnant un air sévère et dur. Il ne tarda pas à intervenir d'une voix basse et presque ennivrante.

- Cette gamine cherche à traverser les Égouts ? Abandonne petite, tu sera morte avant même d'avoir traversé dix kilomètres. Les sales créatures qui peuplent les égouts s'abreuvent souvent aux marais, si tu les croises ils te tuent. Si tu longes les marais, les pieuvres risquent de te chopper les jambes, si tu plonges dans les marais, inutile d'espèrer survivre...

- Ce pourquoi elle évitera de longer les marais ! Inutile d'essayer de la raisonner, c'est la fille d'Aélthas !

- Tu es Talindra ? La folie c'est de famille c'est ça ? Je vais te dire ce que j'ai dit à ton père avant qu'il ne parte : si tu veux trouver le blindé, il te faudra traverser une partie des marais par un passage à gué. Autrement dit, tu devras marcher avec de l'eau jusqu'aux mollets, ce qui laissera les sangsues et plein d'autres bêtes t'attaquer. Et je ne te parles pas des trous que tu pourras rencontrer lors de ta traversée, ni des bêtes qui peuplent ces trous...

Décidément, les chasseurs étaient résolument contre le projet de la jeune fille. A les croire, son père était assurément mort. Bachir venait de terminer sa carte, indiquant une légende plutôt vague en bas à droite. Il saisit la feuille de papier parcheminé, la tendant à Talindra.

- Voici pour toi. Je vais te mener à ta chambre histoire que tu réfléchisses durant la nuit. Si jamais tu n'as pas changé d'avis, je t'escorterai personnellement avec quelques gars jusqu'à l'entrée des Égouts, je dois bien ça à ton vieux père ! Mais nous ne t'accompagnerons pas en bas, c'est clair ?

Spoiler:

HJ :

Tu gagnes une armure métallique et un fusil de précision

Bachir semblait réellement s’en faire pour la jeune fille, il était facile de le voir car il mentionnait dans presque toutes les phrases qu’ils ne l’accompagneraient pas car c’était un voyage bien trop dangereux et qu’elle ne devrait elle-même pas y aller. Mais pouvait-elle abandonner son père, même s’il ne restait qu’une infime chance qu’il soit encore en vie ? Non. Jamais. Elle c’était donnée pour mission de le retrouver et elle le retrouverait… Elle espérait simplement que ce ne soit pas son cadavre qu’elle retrouverait, mais elle ne préférais pas penser à cette éventualité.

Elle suivit Bachir dans ce qui semblait être le dépôt d’armes gardé par un homme chauve et étrangement tatoué. Après la brève explication du pourquoi de la présence de l’équipement de son père ici, ponctuée par une note de regret, elle en pris enfin possession. Ce n’était clairement pas le nirvana, il s’agissait simplement d’un fusil de précision légèrement modifié et d’une armure lourde qui lui permettrait peut-être de survivre un peu plus longtemps si elle se retrouvait en mauvaise posture avec quelques créatures.

Il lui proposa ensuite de s’équiper en arme, mais elle fit un signe négatif de la tête.

« Je pense être asser bien équipée… J’ai ce qu’il me faut en arme de poing avec mon arbalète, j’ai aussi un fusil de chasse et le fusil de précision, ca devrait aller je pense. »

La fin de la phrase sonnait un peu comme une interrogation. A vrai dire, n’ayant jamais eu l’occasion de mettre les pieds dans les égouts, elle se demandait si une autre arme serait utile – et si oui, quoi ?

Dans tous les cas, Bachir continua en disant ce qu’il pensait, parlant dors et déjà du cadavre de son père avant d’en être certain. Elle se contenta de le reprendre sur cet aspect là par un simple « De mon père… », avant de le laisser continuer.

Voilà que le responsable de l’armurerie venait s’en mêler pour tenter de décourager la jeune fille en la mettant en garde contre les nombreuses créatures voraces qui peuplait les égouts. Après l’intervention de Bachir pour la présenter, elle compris vite qu’Aélthas était quelqu’un de très connu par ici, davantage pour sa folie qu’autre chose visiblement.

« Je saurais m’accommoder des sangsues et je ferais attention aux trous. »

Elle se saisit ensuite du parchemin que lui tendait Bachir. Cette carte était sans doute la chose la plus précieuse qu’elle possédait à présent. Le seul moyen de survivre dans cette région hautement dangereuse qu’était les égouts. La seule chance également qu’elle avait de retrouver son père.

« C’est bon, j’ai compris, ca fait dix fois que tu me répète que vous m’accompagnerez pas dans les égouts. Et ne t’inquiète pas, je ne changerai pas d’avis durant la nuit. »

Elle se voulait catégorique sur ce dernier point afin d’arrêter là toute tentative pour la faire changer d’avis. Elle suivit ainsi Bachir jusqu’à sa chambre en se contentant d’un « bonne nuit. » au moment de le quitter, fermant bien la porte de sa chambre. La seule précaution qu’elle pris avant de rejoindre le pays des songes fut son couteau de chasse qu’elle dissimula sous son oreiller.

Le matin venu, elle pu enfin essayer son armure qui était légèrement serrée au niveau de la poitrine et pas tout à fait à sa taille, après tout, elle appartenait à son père, mais elle saurait s’en accommoder. C’était d’ailleurs nettement mieux pour elle car ainsi elle aurait un peu de protection supplémentaire.

Elle s’équipa soigneusement de chacune de ses armes et pris avec elle Chanceux, sortant ainsi de sa chambre à la recherche du grand intendant pour se mettre enfin en route en direction des égouts. Elle n’avait pas changée d’avis, même si elle connaissait les risques.

EJ :

Bachir vint la chercher assez tôt dans la matinée, l'air plutôt soucieux. Observant sa tenue, il l'aida à ajuster un peu l'armure, expliquant qu'il valait mieux qu'elle se sente à l'aise pour évoluer dans les profondeurs, il se permit également de la délester de son fusil, ne lui laissant que celui de son père, plus efficace. S'encombrer de trop d'armes l'empêcherait de courir en cas de poursuite (il ne précisait pas véritablement ce qui la poursuivrait).

En contrepartie, il lui offrit le pistolet Mygale qui traînait à sa ceinture, son nom y était même gravé, signe que cet arme avait une certaine valeur sentimentale pour l'intendant. Il la lui tendit dans son holster.

- Accroche ça à ta ceinture, et apprends à le dégainer. Ne l'utilise qu'en cas d'urgence, si une créature est sur toi. Autrement, préfères ton arbalète, elle sera bien plus silencieuse, même si moins rapide à dégainer. Maintenant suis moi, les autres sont prêts.

Talindra quitta la vieille cellule du sous-sol qui lui avait servi de chambre, empruntant l'ascenseur pour rejoindre la sortie de l'avant-poste, où cinq chasseurs armés l'attendaient, parmi lesquels le jeune Jackson, mais aussi Pavel, Berno et Attic et un dernier que la jeune fille n'avait jamais vu.

- Voici ton comité d'accueil... ou plutôt de départ ! Tâches de pas faire de nous un convoi mortuaire !

Jackson la salua d'un signe de la tête. Il semblait plus que soucieux. Berno lui aussi semblait inquiet, il jeta un regard étrange à la jeune fille avant de revenir sur Bachir, lui posant une question.

- Je croyais qu'Iban serait de la partie ?

- Moi aussi, mais il est encore de sortie avec Kellran... Impossible de les contacter ! Bref, nous sommes largement assez, allons-y.

Les portes de la muraille s'ouvrirent sur le groupe qui démarra sans plus attendre.

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