En territoire ennemi [Jarel]

SUJET PRÉCÉDENT

EJ :

Le monte-charge arriva enfin à destination, débouchant directement sur une série de tranchées assez étroites. Le lieutenant et ses hommes s'y engagèrent, suivis par l'Unité 9.
Les deux escouades placées au Grenier avaient réussi à dresser un mini bunker pour protéger l'accès. Les tranchées donnaient en effet sur un abri en métal. De nombreuses barricades étaient dressées ça et là au delà de cet abri. En face, une large plaine grise, parsemée de barricades, donnait sur un certain nombre de bâtiments en ruines, sans doute infestés de rebelles. Jarel et ses hommes allaient devoir traverser cette plaine pour infiltrer le Grenier. Le guide de jarel désigna un troisième lieutenant agenouillé dans le bunker avant de s'éclipser.

A en croire les armures crasseuses des Unificateurs en fonction ici, ils n'avaient pas dû passer un bon séjour. Le nouveau lieutenant ne portait pas son casque, il saignait au visage, blessure superficielle. A en croise son air morne, il devait sans doute être Soumis.

- Vous êtes le Lieutenant Taylor ? demanda-t-il sans réelle curiosité. Vous arrivez au bon moment. Les ennemis sont calmes. Ils ont ouvert le feu une bonne partie de la nuit. D'après mon sniper, il y en aurait dans ces trois bâtiments, mais ils se sont peut-être déplacés depuis les dernières fusillades.

Le lieutenant indiqua trois immeubles de six étages chacun, de là, les rebelles devaient avoir une vue parfaite sur la plaine. Autrement dit, ils pourraient canarder Jarel et ses hommes sans aucun problème.

- Nous avons installé des mines sur tout le périmètre, mais nous les désactiverons le temps que vous passiez. Vous devrez faire vite. S'ils ont le temps de se rassembler et de tenter une approche, nous serons contraints de réactiver les explosifs.

Trois des soldats affectés au bunker firent leur apparition, des lance-grenades XMS dans les mains. Ils se placèrent le long de la tranchée, prêt à tirer vers la plaine. D'autres Unificateurs équipés de fusils de précision firent de même.

- Histoire de couvrir votre avancée, mes hommes vont lancer plusieurs grenades fumigènes. Vous ne verrez pas grand chose dans cette purée de pois, mais c'est votre seule manière d'avancer. Faîtes attention aux barricades, elles peuvent être tranchantes, vous devrez en surmonter quelques unes. Des snipers essaieront de neutraliser les rebelles qui ouvriront le feu.

42, qui décidément ne s'était pas fait remarquer depuis trop longtemps, approcha son visage du lieutenant.

- Attends un peu mec ! C'est quoi ces conneries ? "Essaieront" ? J'espère que tes gars savent ce qu'ils font, sinon c'est moi qui les couvrirai personnellement, quite à me magner le cul pour les rattraper ensuite ! Et puis, je croyais que les rebelles nous verraient pas avec votre écran de fumée ?!

Le lieutenant repoussa légèrement Kyle l'air légèrement dérangé par l'attitude hostile du sniper. Il répondit cependant d'une manière totalement neutre, suivant le réglement à la lettre.

- Vous n'avez pas votre place dans cette conversation soldat. Et pour répondre à votre question : ce n'est pas parce que les rebelles ne vous verront pas qu'ils n'essaieront pas de vous avoir. Ils vont sans doute se mettre à tirer au hasard. Étant donné la superficie de la plaine, vous devriez avoir plus de cinquante pour cent de chances de vous en tirer indemnes. Espérons-le pour le bon déroulement de votre mission...

L'homme s'arrêta, comme s'il songeait à la brièveté de la vie humaine; ce n'était probablement pas le cas. Il reprit aussi sec.

- Une fois à couvert, il reste à espérer que les rebelles ne vous localisent pas. Je vous conseillerai de chercher un réseau souterrain pour quitter cette zone en toute discrétion, mais je n'ai pas à interférer dans votre mission. A présent, tenez vous prêt : J'ordonne la mise en place de l'écran de fumée.

Le Soumis donna ses ordres, et chacun de ses hommes lança cinq grenades partout à travers le champ. Très vite, une épaisse fumée blanche s'empara progressivement de l'ensemble de la plaine. Même s'il n'y avait pas de vent pour dissiper le gaz non toxique, ce dernier ne tiendrait pas des heures, et Jarel et ses hommes devraient faire vite.

Tous se préparèrent mentalement à enjamber la tranchée pour courir à près d'un kilomètre en face d'eux, vers les immeubles qui les protègeraient des tirs ennemis... Tirs qui se faisaient déjà entendre. Comme prévu, les ennemis lâchaient des rafales au hasard, conscients que cette écran de fumée cachait des Unificateurs...


HJ :

Tu gagnes un point de capacité pour tes compétences de leader, reste à voir si tu seras aussi doué en territoire ennemi !

J'oubliais : tu as récupéré toute ta vitalité, et ce depuis un bail ! ^^

Jarel et le reste de son escouade s'alignèrent dans la tranchée tout en restant à couvert. Ils attendaient l'ordre d'assaut. Respirant profondément, Jarel observait 41 qui portait son rapace à bout de bras, comme à son habitude. Cette percée était dangereuse, les unités de défenses auraient pu, et avaient eu le temps, d'élaborer un plan moins audacieux. Néanmoins, ils n'avaient pas leur mot à dire. Jarel avait plaqué à plat son ZZ-200 sur les sacs de sable sur lesquels il s'appuyait. Le temps paraissait s'écouler de façon interminable. Le vent, il n'y avait que ça. Pas d'autre brui, c'en était presque troublant. Les rebelles s'étaient terrés la veille à la suite de leur assaut. Et là, Jarel n'était pas venu pour les débusquer, mais seulement pour s'infiltrer parmi eux sans se faire repérer. Avancer tels des fantômes sans laisser aucune marque, aucune empreinte, rien. Seulement comment allait-il y parvenir en fonçant tête baissée sur ce champ de mort qui s'étendait à perte de vue devant ses yeux inquiets ? Mais comme souvent à l'armée, on ne lui laissait pas le temps de réfléchir de trop. L'un des Lieutenants ordonna l'exécution de l'ordre. Les hommes à couvert dans les bunkeurs tirèrent à l'unisson les grenades fumigènes. Il ne restait plus qu'à foncer. Jarel se redressa tout en se saisissant de son ZZ-200 puis ordonna à ses hommes d'avancer alors qu'il grimpait la première série de sacs de sable.

— Unité 9, en avant !

Les trois soumis grimpèrent sans difficulté le premier obstacle. Quant à 41, l'affaire fut beaucoup plus ardue. Le poids de son attirail le laissait cloué au fond de la tranchée. 42 avait du se retourner pour lui tendre sa main et l'aider à s'extirper de son trou, ainsi ils s'élancèrent à la suite de leur escouade. Jarel était un peu plus en avant, il battait sa main vers la droite pour ordonner à 123 et 130 de se disperser. La course s'engagea alors. Les hommes couraient à toute zingue, faisant bien attention où ils marchaient, même s'ils devaient forcer la vue et ralentir un peu pour y voir le strict minimum à travers l'épais rideau de fumée qui s'insinuait partout autour d'eux. Ils étaient enveloppés du voile grisonnant. Ils ne pouvaient pas être vus, mais ils n'y voyaient rien non plus. Une mine pouvait être posée là, à quelques mètres, et au prochain pas elle pourrait éclater et arracher l'une voir les deux jambes de l'un d'entre eux. Tous le savaient, mais ils ne devaient pas ralentir pour autant. Avancer, et courir jusqu'au bout en espérant ne pas se trouver sur la trajectoire d'une balle perdue dans ce nuage. Jarel jeta un regard sur la droite, puis sur la gauche. Il ne voyait plus ses hommes, ils s'étaient trop dispersés. Jarel activa son intercom' tout en poursuivant sa course.

— Unité 9... sa voix était hachée par l'effort de la course. Unité 9, état de la situation.
— Unité 9, ici INR-41, je progresse droit devant, si tout le monde fait de même on se retrouvera à l'autre extrémité du brouillard. Je suggère de continuer d'avancer. On ne peut pas attendre que le brouillard se disperse; on nous tirerait comme des lapins.
— J'ai toujours préféré avoir mes ennemis dans ma lunette, pas l'inverse.
— Ici ING-130, je progresse en ligne droite.
— Ici ING-123, je progresse en ligne droite.
— Ici ING-129, je progresse en ligne droite.
— Très bien, on ne s'arrête pas!

Jarel contracta ses mollets et poussa sur ses jambes pour accélérer. Pour le moment il n'avait aucune perte, mais il restait la moitié du chemin à parcourir et tout pouvait arriver. Et c'est ce qu'il redoutait le plus à cet instant. Que l'un de ses hommes tombe au sol sans pouvoir localiser sa position avant que le brouillard ne s'estompe. Il devrait donc donner l'ordre d'abandonner l'infortuné pour ne pas perdre le camouflage que leur procurait la fumée.

EJ :

Jarel courait à travers le champ. Les balles sifflaient autour de lui, mais il ignorait si elles venaient de ses alliés ou de ses ennemis. Derrière-lui, il entendait les crachements d'une mitrailleuse lourde des Unificateurs, qu'ils devaient sans doute pointer vers le haut pour être sûr de ne pas toucher l'Unité 9.

Soudain, Jarel vit une forme noire devant-lui. Trop tard ! Son élan l'empêcha de s'arrêter. Il se prit la barricade de plein fouet, passant par dessus en s'y cognant la hanche. Heureusement, son casque amortit la chute. Il lui restait encore quelques dizaines de mètres à parcourir, le lieutenant pris sa respiration tout en se relevant, et... s'écroula de nouveau en arrière, emporté par un tir. Jarel venait d'être touché en pleine poitrine, il était étendu à terre, n'entendant plus que sa respiration. Allait-il finir ici, à crever avant même d'avoir commencé sa mission ?

Pas de sang, juste une douleur vague, comme un violent coup... Son armure l'avait protégé, la balle y était figée. Jarel ne s'attarda pas, il se releva une fois de plus et courut jusqu'à un immeuble. Sa radio interne grésilla soudain.

- Arg...

- Bordel de merde ! 129 vient de s'écrouler devant moi ! Je vais secourir le bleu, m'attendez pas pour dîner !

Malgré ses nombreuses insultes à l'égard des Soumis, 42 acceptait d'aider le médecin. Jarel venait quand à lui d'arriver aux pieds d'un immeuble, sous un large porche. Des fenêtres brisées révélaient les entrailles vides du bâtiment.

- Ici ING-130. En position.

- Ici ING-123. En position.

Les tirs ne s'étaient pas arrêtés, et la fumée se dissipait à peine. Jarel crut reconnaître les tirs du Rapace de 41. Seule son arme n'avait pas été dotée d'un silencieux, car étouffer le bruit d'une mitrailleuse était casi-impossible. La voix du mitrailleur, haletante, se fit entendre à travers le casque de Taylor.

- Bordel de merde ! Je suis submergé ! Il y a plein de rebelles ici je... [Bruits de fusillade]... Je vais être dépassé ! Demande de renforts !

Se faisant un plan rapide dans la tête, Jarel examina la situation. 130 et 123 devaient être à sa droite... Il apercevait d'ailleurs la silhouette du conducteur, qui s'était collé à l'immeuble voisin. Andy devait quand à lui se situer légèrement plus loin, en plein milieu d'un groupe de soldats ennemis, toujours à droite.
Quand à Kyle et au médecin, ils étaient encore à l'arrière, protégés temporairement par le brouillard.

HJ :

Tu perds 10 points de vitalité. Tu as très légèrement mal au bassin, ainsi qu'un bleu sur le torse, là où la balle à touché ton armure.

La situation comme très souvent avec l'unité 9, dégénérait. Une nouvelle fois les nerfs de Jarel étaient mis à rude épreuve. Il devait prendre la bonne décision et dans les plus brefs délais. C'était pourtant simple, mais assez risqué. Il fallait laisser 42 rapatrier 129 dans un endroit à couvert. Le sniper était sans doute le plus apte à cette tâche. Pendant ce temps Jarel, 130 et 123 pourraient aller prêter mainforte à 41.

— 42 tu tire de là 129 et vous vous mettez à couvert. On vous rejoindra dès que 41 sera sortie d'affaire... 42, tu te planques et tu ne fais pas de vagues. Je veux pas avoir à gérer deux affrontements à la fois. 123 et 130 vous venez avec moi.

Jarel fît signe à 123 de le suivre puis ils attendirent que 130 les rejoigne pour se diriger vers les coups de feu. Ces derniers étaient intensifs, mais par chance Jarel ne reconnaissait qu'une arme lourde, le rapace de 41. Tant qu'il tirait, cela était bon signe.
Le petit groupe de l'escouade se déplaçait plus lentement, faisant attention à ce qu'il se passait autour d'eux. Parfois Jarel entendait à impact de balle à seulement quelques mètres de ses bottes. Mais ces tires n'étaient pas concentrés, donc ils avaient encore l'initiative.
Jarel et ses hommes se retrouvèrent très vite à longer un mur. Celui-ci s'étendait à perte de vue, en longueur, mais aussi en hauteur. Il devait s'agir d'une très grande infrastructure de type militaire à la vue de l'épaisseur des murs et de leur solidité apparente.

Quelques secondes plus tard ils arrivèrent au dos d'une guérite, ni une ni deux, Jarel plaça le canon de son ZZ-200 par la fente servant de fenêtre et tira une rafale sur les silhouettes indistinctes. Les deux inconnus s'écroulèrent sous un fracas métallique laissant comprendre qu'ils possédaient tout un attirail militaire. Jarel s'engouffra dans la guérite par la fenêtre tout en marchant sur les cadavres inertes. Sa hanche était encore douloureuse, mais il essayait de ne pas y penser. 123 et 130, quant à eux, s'étaient placés sur les côtés de la guérite pour couvrir un champ d'action plus large. Les coups de feu de 41 n'étaient plus très loin désormais, et la discrétion allait être leur meilleure arme.
L'épais nuage de fumée s'estompait peu à peu. Jarel parvint à entrevoir les formes de quelques silhouettes qui tiraient toutes vers une seule et même direction. C'étaient assurément les rebelles, et Jarel était en position de force en les ayant pris dans le sens du vent. Il n'avait plus qu'à s'insinuer parmi eux et mettre une belle pagaille pour laisser le temps à 41 de filer.

- 123 et 130, vous restez en position et vous vous tenez prêt à couvrir 41. 41, lorsque je t'en donnerai l'ordre fonce vers mes coups de feu.

Jarel était en train de dévisser le silencieux au bout de son canon pour le ranger dans sa sacoche. Puis il resserra la lanière de son ZZ-200 autour de son cou pour que l'arme reste à hauteur du pectoral. Et c'est après avoir pris une profonde inspiration qu'il dégaina son couteau pour se diriger vers la première silhouette.
Il approcha lentement, en rampant, faisant le plus vite possible pour arriver avant que la fumée ne s'estompe de trop, tout en faisant le moins de brui possible pour ne pas se faire repérer. Il rampa et rampa jusqu'à arriver à quelques mètres derrière sa cible. Là il se releva lentement, s'approcha tout en restant baissé, puis agrippa l'homme par-dessous l'épaule gauche jusqu'à l'épaule droite afin de l'immobiliser. L'homme aurait voulu laisser échapper un cri, mais Jarel avait déjà enfoui sa lame dans la gorge de son ennemi de part en part et sans ménagement. L'homme s'écroula à terre et c'est à ce moment que Jarel saisit son arme pour abattre l'homme qui était à sa droite, puis à sa gauche. Dans la confusion, et par cet épais brouillard, les soldats Liberians ne comprirent pas tout de suite ce qu'il se passait. Certains hurlaient en voyant l'homme à leur gauche ou à leur droite s'écrouler sous des feux "amis". Mais la révélation allait bientôt retentir comme un brui de mitraille significative pour eux, à savoir, la mort.
Jarel avait jeté l'arme rebelle à terre pour se saisir de son ZZ-200 et tira une rafale vers un groupe d'hommes qui se rassemblait pour tenter d'y voir plus clair en s'approchant de la zone.

— 41, c'est maintenant ou jamais !

Jarel s'était positionné sur son genou droit pour espérer éviter les balles hautes. Il n'avait plus qu'à attendre 41 dans l'espoir que ce dernier puisse s'en sortir indemne. Il en valait de même pour 42 qui ne tarderait pas à faire son rapport concernant l'état de leur situation.

EJ :

L'endroit était plutôt sombre. Jarel voyait les silhouettes tomber sous ses coups de feu. Il ignorait tout de la situation de 41, mais à vrai dire, il avait plus préoccupant pour le moment ! A se la jouer guerrier solitaire, il avait mal estimé la situation.

Des rebelles arrivaient depuis l'autre côté de la pièce, et l'effet de surprise ne marcherait pas sur eux. Jarel comprit au dernier moment qu'il ne pourrait tous les maintenir. Si 41 n'y arrivait pas, c'est bien car ils étaient trop nombreux. Jarel eut juste le temps de plonger à couvert, manquant de se faire déchirer le bras par une rafale.

A en croire les bruits de pas, les rebelles étaient nombreux. Ils investirent la pièce de manière à couvrir tout les angles de tirs. Si Jarel laissait dépasser ne serait-ce qu'un petit doigt, il serait mort. C'était sans compter l'explosion d'une grenade fumigène, suivie de près par divers tirs de Rafale. La radio de Jarel s'activa.

- A moi de vous sortir d'affaire boss ! Je suis sur votre droite ! Il y a une sortie ici ! Magnez vous je vous couvre.

Les tirs de rafales forçaient les rebelles à rester à couvert, et le fumigène les empêchait de voir les ennemis. Jarel s'extirpa en vitesse du bâtiment, courant rejoindre ses deux autres soldats. Les rebelles quitteraient très bientôt le bâtiment, mais le lieutenant pourrait peut-être profiter du soutien qu'ils bénéficiaient de la part du bunker, qui, sans la fumée, voyait maintenant parfaitement les positions ennemies.

La radio de tout les membres du groupe résonna de nouveau.

- Et les glandeurs ! Vous nous faites quoi au juste ? Je vous transmets ma localisation, on a trouvé l'entrée d'un réseau souterrain, c'était bien le conseil de l'autre gus non ?

Jarel se mit à courir vers la sortie tout en étant dissimulé par la fumée. Il ne savait plus où se situait 41, tout allait trop vite et il avait commis l'erreur de disperser son unité. bon sang! je n'ai pas été préparé à ce genre de situation. Se disait il alors qu'il se relevait alors qu'il avait chuté. Il se plaça derrière un monticule de ferraille qui donnait sur l'édifice, les deux unités assignées à la défense du bunkeur l'avaient en visu. Jarel chercha du regard 41, il ne savait pas où il était.

— 41, où t'es bon sang??

Il attendit, les coups de feu persévéraient à l'intérieur du bâtiment, signe que 41 était toujours en vie... mais où et comment était sa situation? Jarel devait également penser à 42 qui commençait à s'impatienter... celui-là choisissait bien ses moments...

— 42, restes en position et prépare-toi à recevoir un petit comité... charge-toi de les accueillir comme il se doit.
— À vos ordres boss, mais je préfèrerais vous accueillir vous, même si exploser quelques crânes de rebelles ne me déplairais pas le moins du monde.
— Vaut mieux se préparer à la pire des éventualités, compris? Alors, garde la position et ouvre l'œil. Terminé.

Il fallait maintenant s'occuper de 41 qui commençait à trainer un peu trop. La fumée à l'extérieur s'était estompée. On y voyait clairement maintenant, mais cela ne rassurait pas Jarel. Les rebelles pouvaient arriver de toute part désormais. Jarel calibra alors sa radio pour émettre sur toutes les fréquences.

— Central, ici Unité 9. Nous rencontrons une forte résistance. Le nombre de personnels ennemis: inconnu, mais très hostile. Armement léger, sans doute un contingent sous entrainés. Il vaudrait nettoyer le secteur pour prévenir un assaut sur l'avant-poste. Unité 9, à vous.

Jarel se tourna tout en restant assis derrière sa barricade de fortune. Il vît 123 et 130 à découvert. Décidément, il fallait garder un œil sur eux en chaque occasion.

— 123 et 130 bougez vous de là. Je ne vais pas vous dire ce qu'il faut faire à chaque fois. Pensez à préserver vos vies, je ne veux pas d'unité invalide. Faites ce qu'il faut pour vous mettre à couvert!

Jarel tourna ensuite son regard vers l'entrée du bâtiment par lequel il avait surgi quelques minutes plus tôt. Une ombre se dessinait dans l'embrasure, était-ce 41? Jarel pointa son fusil sur la silhouette et se tînt prêt à tirer... au cas où.

EJ :

La silhouette d'un Unificateur fit son apparition à travers l'embrasure de la porte. La sortie du mitrailleur fut loin d'être héroïque, il bondit en avant, s'écroulant dans une roulade avant de courir à couvert. Une explosion suivit son départ; apparemment, il avait trouvé une grenade à fragmentation sur l'une de ses victimes. Du côté de la radio, la voix du général Murray répondit à son appel à Central.

- Unité 9 ici Central, ordonnons au bunker l'extermination de toute unité ennemie visible. Ne pouvons dépêcher d'autres renforts. Vous êtes seuls sur ce coup. Transmission terminée.

Jarel récupéra son mitrailleur au plus vite avant de courir vers la position du sniper, suivi par ses deux hommes. 42 avait trouvé une canalisation assez large pour qu'un homme y passe. L'énorme tuyau avait été percé par une explosion qui avait soulevé la terre, et l'avait donc découvert. Bien entendu, nul ne pouvait savoir où il menait, mais pour le moment, c'était un moyen idéal pour disparaître rapidement des lieux.

L'ensemble de l'Unité s'y engouffra rapidement. On entendait des tirs lointains, sans doute ceux du bunker. Les rebelles devaient désormais avoir d'autres soucis que l'Unité 9. Jarel activa la vision nocturne de son casque pour percer l'obscurité du tuyau. Il devait baisser sa tête pour avancer.

42 était tranquillement assis, à regarder 129 en train de penser lui-même ses plaies. Le médecin avait été touché à la main et au bras droits, rien de mortel. De son côté, 41 haletait, il avait l'air épuisé.

- Bo... Bordel ! Ils pourraient pas faire des mitrailleuses plus légères ?

Kyle s'amusa de l'état de son camarade avant de soupirer longuement.

- Si vous voulez mon avis boss, on a signé pour une mission suicide ! Ils nous ont pas vraiment parlé de retour nos amis du bunker ! Eux ils s'en branlent, bien protégés derrière leurs champ de mines...

Jarel avait décidé de laisser respirer son équipe. Il profita de ce court instant de répit pour revoir l'état de son équipement. La peinture de son armure en avait encore pris un coup, et l'état du pectoral n'était guère moins élogieux. Une balle s'était logée en son centre et menaçait de rouiller les contours de l'orifice. Jarel prit alors son couteau et utilisa la lame pour extirper la balle de son armure. La manœuvre fît surgir une vive douleur à la poitrine, mais la balle s'échoua au sol sans que du sang ne ressorte. Il ne devait donc pas y avoir de plaie. Satisfait, Jarel soupira puis jeta un œil sur 129 qui terminait de bander ses plaies. Il ne bronchait pas malgré l'évidence, son avant-bras était littéralement recouvert de sang. Le médecin s'était lui même désinfecte la plaie puis l'avait bandée. 42 n'avait surement pas proposé son aide, mais c'était sans doute mieux ainsi... 41, quant à lui, après cinq minutes de pause, avait suffisamment récupéré pour reprendre le court de la mission. Ils attendirent alors que 129 finissent de ranger son matériel médical pour continuer.

La vision nocturne offrait une visibilité restreinte, mais elle permettait tout de même d'éviter les obstacles et les éventuels pièges dissimulés. L'escouade progressa lentement dans le conduit, tels des fantômes. Plus personne ne bronchait, tout le monde suivait les ordres du lieutenant. Les parois métalliques étaient rouillées et dégageaient une odeur nausée à bonde. L'équipe marchait dans un fond d'eau groupie qui était ça et là parsemée de saloperies sans nom. Ils devaient progresser en ligne et têtes baissées pour éviter les cornières traitres qui se dissimulaient dans l'obscurité. Jaral vît 42 en tête de file lever la main. Le reste du groupe stoppa la marche et s'accroupit pendant que Jarel remontait la file pour rejoindre l'éclaireur. Il s'arrêta à son côté et lorsqu'il buta sur quelque chose de rond et de creux. Jarel baissa la tête et vît une multitude de cadavres squelettiques ou en décomposition.

— Voilà d'où sortait cette odeur de mort qui nous colle depuis tout à l'heure.
— Pauvres gens...
— Non mon Lieutenant. Ce sont des rebelles, regardez.

42 pointa sa torche sur les parois. Des traces de griffures étaient visibles sur toute la longueur, sans doute causée par des ongles des agonisants. Jarel détourna son regard des parois pour regarder une dernière fois le tas de corps inertes. Il sentit un sentiment de colère et d'exaspération monter en lui.

— Que des rebelles? Que des rebelles?? Mais il y a des gosses parmi ces corps, Kyle! Comment peux-tu dire qu'il ne s'agit que de rebelles?!..
— Boss...
— Pourquoi parles-tu toujours d'eux comme des bêtes sans âmes?!...
— Boss!...
— Il y a aussi des innocents parmi eux! Est ce que tu le sais ça??...
— Boss!! Ça suffit! 42 n'y est pour rien dans tout ça. Ce sont les horreurs de la guerre, on n’y peut rien. On ne fait que notre job ici. Oui il y a des victimes, et dans les deux camps... mais c'est comme ça. Faut continuer d'avancer.

Jarel continuait de toiser 42. S'il n'avait pas eu son casque, Kyle aurait été surpris par le regard coléreux du lieutenant. Et de l'autre côté, Jarel aurait été surpris de voir à quel point Kyle était touché par cette affaire...
42 reprit la marche en prenant une légère avance. Les trois soumis passèrent devant Jarel et 41. Le mitrailleur poursuivît, mais s'arrêta à côté du lieutenant.

— Kyle a perdu sa femme et sa fille dans un attentat. Ne lui parlez pas de victimes... car lui, comme beaucoup d'autres savent ce que ça fait que de perdre des êtres chers...

Laissant méditer Jarel sur ces dernières révélations, 41 reprit sa route en trainant sa lourde mitrailleuse derrière lui. Décidément, les membres de cette escouade devaient encore cacher bien des secrets...

EJ :

L'atmosphère était tendue. Comme à leur habitude, ING-123 et ING-130 ne disaient mot. Leur seule qualité était au fond l'effet du H.I.S sur leur peur. Sans l'hormone, ce ne seraient que deux bleus tremblotants et gémissants. Le médecin semblait lui, plus apte à la conversation, et il ne s'empêcha pas de contester les pensées peu orthodoxes de son lieutenant, brisant le silence précédent les cris de Taylor.

- Sauf votre respect mon lieutenant, notre devoir est nécessaire. Quand les rebelles seront annihilés, Immanisius III instaurera une paix durable. C'en sera alors terminé de ces morts d'innocents. Nous devons faire confiance au Souverain.

Le sniper ne semblait avoir aucune envie de commenter ses dires, restant dans un inhabituel mutisme, se contentant d'avancer à travers le réduit étroit. Soudain, ce même réduit se stoppa net, donnant sur une pièce plus large, sorte de cuve asséchée, tout en longueur. La pièce, haute de plafond, se perdait dans l'obscurité, une dizaine de mètres devant les soldats. Des bruits étranges, portés par l'écho de la pièce, ne laissaient rien présager de bon. 41 s'agrippa à son Rapace.

- Boss... Vous avez regardé de quoi étaient morts les rebelles de tout à l'heure ? Je n'ai pas vu de traces de balles...

La vision nocturne ne pouvait pas percer l'obscurité au loin. 123 avança de quelques pas dans la nouvelle pièce, plus préoccupé par la mission que par leur environnement. Il pointait fermement son ZZ-99 vers l'avant.

- Nous nous sommes suffisamment éloignés mon lieutenant. Il faudrait trouver une sortie.

Sans faire attention aux recommandations de son supérieur, le conducteur avança de plus belle. Une ombre rapide émana alors de l'obscurité, fauchant net le jeune soldat qui fut aspiré par les ombres, laissant tomber son fusil mitrailleur au sol. Un cri animal rugit alors des profondeurs de la pièce....

Encore et toujours des évènements imprévus. C'était comme ça dans l'unité 9, à croire qu'elle fût maudite lors de sa mobilisation sur le front quelques semaines auparavant. De plus, l'ambiance n'était pas particulièrement au beau fixe à cause d'une erreur impardonnable de la part de Jarel en tant que Lieutenant et leader d'escouade. Néanmoins, la perte de 123 était le prétexte pour oublier et effacer l'ardoise. 42 retrouva sa fougue habituelle en lâchant un juron et en pointant son fusil dans la direction où avait disparu le conducteur. 41 se tourna pour couvrir les arrières du groupe.

— En formation, rapprochée!

Jarel ordonna que l'on se place en ronde afin de couvrir plusieurs angles de vues. Puis vint le moment fatidique du choix de la manœuvre à suivre. L'homme qu'était Jarel lui commandait de partir à la recherche de 123, mais le leader l'obligeait de continuer en abandonnant le conducteur. Il pesa le pour et le contre et il jugea nécessaire de remonter à la surface. L'endroit était bien trop étroit et sombre pour pouvoir rivaliser avec quelques mutants. Des mutants... Jarel n'en avait jamais vu. Il les avait bien étudiés, mais jamais il n'en avait croisé un. Et la vitesse à laquelle ce mutant s'était débarrassé de 123 ne lui donnait pas l'envie de poursuivre cette créature.

— On continue, il devrait y avoir une sortie pas loin. Restez groupé, et ouvrez l'œil.

Le petit groupe poursuivit sa route en laissant 123 derrières lui. Ils marchèrent durant quelques minutes où ils ne virent plus de cadavres et où l'odeur de mort s'éloignait petit à petit jusqu'à ne devenir qu'un mauvais souvenir. Jarel, en tête de groupe, fut le premier à tomber sur l'échelle menant à la surface. 42 se plaça en avant pour couvrir la montée du leader pendant que 41 couvrait les arrières.
Jarel aurait voulu trouver un bout de verre ou quelque chose du type pour pouvoir s'informer de la situation à la surface, mais il ne pouvait que se fier au silence absolu planant au-dessus d'eux. Le lieutenant plaça alors son ZZ-200 en bandoulière puis se hissa au haut de l'échelle où il passa lentement sa tête. Il regarda minutieusement tout autour de lui. Il n'y avait pas âme qui vive dans la petite ruelle délabrée. Il enjamba alors le dernier barreau de l'échelle qui grinça sous son poids. Il se plaça ensuite à genoux à côté de la bouche d'égout pour couvrir la montée du reste du groupe.

C'est quelques secondes plus tard que l'intégralité du groupe eût atteintes la surface. 42 fut le dernier, et alors qu'il s'aidait de 41 pour se hisser à la surface tous purent entendre les hurlements de 123 au loin dans les sous terrains. Tous restèrent silencieux en fixant la bouche d'égout, ainsi que Jarel. Mais il fût celui qui ordonna de continuer la marche et d'abandonner 123. C'est ainsi qu'il faillit à sa promesse, celle de garder tous ses hommes en vie. Mais aider cet homme c'était risquer la vie des autres...

EJ :

Personne ne fut vraiment ébranlé par la perte du conducteur. Les deux Insoumis n'aimaient guère leurs camarades, quand aux autres, ils se moquaient totalement du sort d'un homme, d'autant plus que ce dernier était mort pour ne pas avoir attendu les ordres de son supérieur, erreur de bleu. 41 se tourna néanmoins vers la plaque d'égouts qu'ils venaient de passer en entendant les hurlements.

- A votre avis Boss, c'était quoi cette... chose ? "Passer par les égouts", on peut dire que Murray à des idées à la con !


L'Unité 9 se retrouvait désormais plus à l'intérieur des terres, toujours dans la zone hostile. Le bunker se situait au Nord, à environ trois kilomètres d'eux. La mission commençait réellement maintenant. L'escouade était en plein milieu d'une ancienne ville, quasiment en ruines. A en croire les édifices de bois ajoutés aux bâtiments originaux, la zone était, ou avait été, habitée. Au loin, vers l'est, on pouvait apercevoir quelques cabanes en bois, sans doute le début d'un village de renégats.
Plus au Sud, derrière d'immenses ruines, on pouvait deviner la fumée de feux de camps, qui s'élevait jusqu'au plafond rocailleux du Grenier, qui se perdait dans l'obscurité.

Il était désormais inutile d'utiliser la vision nocturne. Le niveau était suffisamment éclairé pour y voir distinctement.

HJ :
Wow ! Je ne m'y attendais pas à celle là ! L'abandon pur et simple d'un homme ? On dirait que mon entraînement au sadisme t'auras servi ! Faudrait peut-être que je te fasse rencontrer l'Instructeur Garp...

EJ:

La route était dégagée et illuminée par de vieilles ampoules à incandescence. Quelques-unes sautaient de temps à autre, laissant échapper des gerbes d'étincelles bleues. Le sol était sale, quelques vieux papiers journaux trainaient çà et là. Alors que Jarel observait les alentours, 41 demanda ce que pouvait bien être cette étrange créature.

— C'était un mutant. J'ai lu quelques articles à ce sujet. Rien de très propre si tu veux mon avis. Des types modifient sciemment leur ADN pour s'octroyer quelques avantages. Ils le font à partir de ce genre de créatures. Après comment celles-ci sont apparues? J'en ai aucune idée. Sans doute le reste de recherches qui ont mal tourné. Je creuserai plus dès notre retour à la base.

Un retour à la base, Jarel était du genre optimiste sur ce coup là. Mais en réalité, c'était pour rassurer un peu les autres... ou peut être plus lui même que les autres. 42 avait raison, c'était le genre de mission suicide qui vous laisse sur le carreau. Mais dans l'armée, on ne choisissait pas ses affectations, et on rechignait encore moins. Il fallait obéir ou mourir le long d'un mur, fusillé par les siens. Mais obéir, à terme cela amenait à mourir en mission. C'était du pareil au même, mais au moins l'espérance de vie était un peu plus importante.

— Aller, on continue. On n'est pas les bienvenues ici, vaut mieux pas s'éterniser.

Jarel ordonna la marche. Les hommes progressaient rapidement en faisant attention aux flancs. Comme d'habitude la situation géographique promettait quelques dangereuses embuscades de la part des rebelles. De quoi ne pas garder l'esprit tranquille plus de deux secondes...

HJ: Je me serais bien passé de la perte d'un homme mais j'allais pas risquer d'en blesser d'autres pour des prunes. Et à mon avis, à la vitesse où s'est fait faucher 123, il ne devait pas rester grand chose de lui XD

EJ :

Les craintes de l'escouade étaient fondées... Les Unificateurs n'avaient pas marché cinq minutes que des coups de feu, manquant le lieutenant de peu. Tous plongèrent à couvert derrière une carcasse métallique. 42, sans doute le plus observateur des soldats, avait immédiatement trouvé la source des tirs. Il quitta son mutisme pour le bon déroulement de la mission.

- La cabane, là-haut ! Je dirais qu'ils sont trois !

Membres d'Âme Libre ou simples vagabonds, Jarel l'ignorait, mais toujours était-il qu'ils les prenaient pour cibles. Le lieutenant avait commis une erreur en faisant évoluer ces hommes à découvert dans une zone grouillante d'ennemis. La fusillade alerterait sans doute tout les hommes aux alentours... Les prochaines heures risquaient d'être amusantes... si jamais l'escouade avait la chance de les vivre !

Jarel ne put que se maudire intérieurement de son manque de précaution. Les feux ennemis étaient nourris. Ils disposaient de fusils mitrailleurs à en croire les bruits, trois hommes minimum. La carcasse de bus derrière laquelle l'Unité 9 était placée directement en face de l'immeuble d'où étaient postés les tireurs. Ces derniers devaient vivre là, sur une sorte de cabane en bois très bien élaborée, construite juste sur le toit d'un vieil immeuble. En altitude, les tireurs devaient avoir une vue idéale sur l'Unité 9, qui, si elle restait là, deviendrait très vite la cible d'autres tireurs. Autrement dit, la situation était de nouveau critique.

La discrétion était le mot d'ordre, Jarel s'en souviendrait sans doute s'il survivait à tout cela...

Alors que tous restaient à couvert, Jarel se maudit intérieurement, et cela se voyait rien qu'au premier coup d'œil. Le lieutenant avait tapé du poing sur la carcasse métallique du bus en jurant sur les mères des rebelles qui se dressaient contre eux.

— Ils commencent à me les péter ces cons! OK ils veulent se la jouer comme ça? Pas de problème! On va jouer! 42, couvre-moi. 130 tu l'appui, 41 tu restes aux aboies, mais tu ne tires pas, t'as le commandement. 129 tu me suis.

Jarel saisit sa grenade fumigène, il la dégoupilla puis la fît glisser derrière la carcasse métallique sans se montrer d'un poil. Un épais rideau commença à s'élever entre le poste de tire ennemi et la position de l'escouade. Pendant que l'épais rideau s'étendait toujours, Jarel observait avec minutie les alentours. Pour le moment ils étaient seuls avec leurs copains au dessus d'eux. Lorsque la fumée masqua leur position, Jarel interpela 129 d'une tape sur l'épaule.

- Garde en visuel ce bâtiment-là. Je vais progresser jusqu'à l'intérieur, si tu vois des tireurs aux fenêtres, tu tires. 41, garde l'autre bâtiment en visuel, si tu vois un tireur préviens 42, il s'en chargera. Aller, au boulot!

Jarel attendit que l'une des mitrailleuses cesse de tirer pour surgir de sa cachette sous l'épais rideau de fumée. Ses hommes étaient tous en position, 42 et 130 continuaient de tirer comme ils le pouvaient sur la position ennemi. Quelques secondes suffirent à Jarel pour rejoindre le bâtiment adjacent. Il sécurisa le rez-de-chaussée qui s'étendait sur seulement 30m². Puis il se plaça derrière l'un des pylônes qui se dressaient à l'entrée pour couvrir l'avancée de 129.

— Maintenant 129! 41, commences les tires. 42, couvres l'avancée de 129 sur mon bâtiment.

Tout se passa très vite, 129 était parvenu à rejoindre le bâtiment sans un pépin. Le rideau de fumée couvrait toute la rue, donc les tireurs ennemis ne pouvaient absolument se douter de la manœuvre qu'allait adopter l'escouade d'unificateurs. Une fois à l'intérieur de la tour de quatre étages, 129 et Jarel montèrent aux étages en avançant rapidement et silencieusement. Ils y trouvèrent au dernier étage une fenêtre donnant sur la position ennemi qui n'était qu'à 150 mètres environ.
Ils commencèrent donc à tirer.

— 41, fumigène, et progressez tout en faisant attention au snipers. 42, dégote nous un endroit pour extraction de la zone, ça va pas tarder à grouiller ici.

Les dés étaient jetés, il fallait attendre et voir comment les choses aller évoluer. Dans tous les cas, il en sortirait vainqueur, il se le jura...

EJ :

Jarel reçut des "Bien reçus" de chacun de ses hommes qui s'exécutèrent immédiatement. De son côté, les ennemis venaient de le repérer. Ses tirs et ceux de 129 avaient fait tomber deux d'entre eux, les deux restants se barricadèrent tout en tirant à l'aveuglette, forçant les deux Unificateurs à se retrancher dans leur position.

A en croire les bruits de fusillade, 41 étaient en train de tirer... et on lui répondait ! De nouveaux ennemis s'étaient donc pointés, comme prévu. Mais pour l'instant, Jarel devaient faire face à ceux-ci... Si seulement il avait une grenade à fragmentation !

129 laissa dépasser sa tête et son arme de l'embrasure de la porte, pointant le ZZ-99 sur la cabane des ennemis. Il tira plusieurs rafales avant de revenir à couvert.

- Une unité ennemie au sol mon lieutenant. Il en reste une.

L'ennemi survivant ne tirait plus. 129 se permit de sortir la tête de nouveau pour voir ce qu'il se passait sur le toit. Il eut à peine le temps de voir une ombre noire foncer sur lui. Jarel put voir son médecin traverser la pièce et s'écraser contre l'un de ses murs qui s'écroula sous son poids, révélant l'extérieur. 129 s'était rattrapé in extrémis au rebord, et pendait désormais dans le vide. Il ne pourrait pas tenir éternellement...

Mais Jarel avait d'autres problèmes. Celui qui avait poussé son médecin dans le vide venait de bondir vers lui, lui assénant un coup de pied qui fit voler son casque à travers la pièce. Sans avoir le temps de réagir, le lieutenant reçut un coup de griffe sur la joue, s'écartant au dernier moment de son adversaire, qui avait bien l'intention de lui crever les yeux.

Maintenant que l'ennemi ne courrait plus, Jarel pouvait l'observer pleinement, et voir qu'il n'était pas humain... Peau recouverte de poils, yeux jaunes, crocs fin et acérés, rapidité étrange... Ce type avait tout du chat, y compris sa férocité : c'était un mutant.

Esperons qu'il n'avait pas neuf vies, car Jarel doutait déjà de lui en enlever une.

HJ :
Tu as perdu une grenade fumigène (ton précédent post)

Tu as le nez brisé et la joue en sang, tu perds 15 points de vitalité.

EJ:

Jarel roula sur le côté et se releva. L'ennemi était rapide et puissant, mais surtout surprenant. Un mutant! Lui qui voulait les étudier un peu plus, il se sentait garni. Sauf que la bête n'était pas en cage, et elle montrait une forte agressivité à son égard. Il l'observa un moment, ses griffes étaient longues et acérées. Son pelage et sa gueule, ainsi que ses pattes la rangeaient directement dans la catégorie des félins. La créature ressemblait fortement à un chat. Pas de chance, un chat, ça n'a pas vraiment de point faible. Il aurait voulu utiliser un flash bang, mais ça aurait été la gaspiller pour rien. Il savait les chats particulièrement adaptables à la luminosité ambiante, il ne pourrait donc pas le surprendre. Quant au combat rapproché, inutile d'espérer l'emporter, sa rapidité de mouvement le laisserait sur le carreau. Et pour finir, une bonne mitraille de son ZZ-200 ne ferait rien pour arranger les choses. L'agilité combinée à la rapidité du "félin" rendrait la visée très difficile. Pourtant, chaque espèce a un point faible! Quelle pouvait donc être le sien?! Il n'avait pas eu le temps d'y réfléchir, car déjà le mutant passait de nouveau à l'action. Rapide et fulgurant il approchait prêt à lui décocher un coup de griffe au niveau de la jugulaire. Jarel leva son arme et para, il recula d'un pas, mais il tînt bon... l'entrainement avec Arcas avait porté ses fruits. L'unificateur en profita pour faire pivoter son arme, puis décaler son centre de gravité pour que le mutant perde son appui et fît fuser la crosse de son arme vers les côtes du chat. Le mutant tomba en arrière et glissa sur près d'un mètre. Jarel avait réussi à porter son premier coup. Il n'avait pas été fatal, mais il lui avait permis de regagner un peu de confiance en lui.

Le mutant était encore un peu sonné, Jarel en profita pour évaluer rapidement la situation. Ils étaient seuls dans la pièce, 129 était encore suspendu dans le vide. Il fallait vite lui porter secours, mais avec un tel adversaire sur le dos c'était quasiment impossible. Le mutant lui menait la vie dure, car déjà il s'était relevé et fonçait sur lui. Sautant de gauche à droite tout changeant brutalement de direction, Jarel avait du mal à le suivre. Il se plaça en défense, son arme face à lui comme un bouclier prêt à le protéger. Il faisait sombre, et le vent s'engouffrait à l'intérieur de la pièce dans un courant d'air glacial et insupportable. La poussière des décombres s'élevait encore et rendait sa vue plus trouble, mais par chance, il devait en être de même pour le satané chat! À l'extérieur les tires continuaient. Et c'est en écoutant la mitrailleuse de 41 qu'une idée salvatrice vint à l'esprit de Jarel.

*Le son! Les chats sont très sensibles au son! C'est pour ça qu'il nous a trouvés si facilement. Il n'a pas eu de mal à déterminer la provenance de nos tires malgré les silencieux. Si je me débrouille bien je devrais pouvoir tirer à seulement quelques centimètres de son oreille et ainsi abimer son oreille interne.*

Le plan était viable. La dégradation de l'oreille interne jouerait directement sur l'équilibre de l'adversaire. Il serait alors plus aisé de l'achever. Cependant, l'aboutissement du plan était ardu. Il fallait amener le mutant à commettre l'erreur qui lui serait fatale. Et pour cela, il fallait l'énerver. Si le mutant se rapprochait autant mentalement que physiquement du chat, alors il ne serait pas bien compliqué de le provoquer. Le coup suivant ne tarda pas. Le mutant avait pris de vitesse Jarel et attaquait par le flanc droit. Jarel avait eu le temps de pivoter et déplaça son arme en parade. Malheureusement, dans cette position il ne réussit pas à tenir debout. La puissance du coup le projeta au sol, Jarel agrippait toujours aussi fermement son arme. Ne pas perdre cette arme, c'était la seule qui lui permettrait de vaincre. Jarel tomba lourdement au sol, en feignant de ramper. Il en profita pour dévisser en hâte le silencieux qu'il laissa glisser au sol, puis il se retourna sur le dos. Par chance, le mutant fonça tête baissée sans réfléchir. Durant sa chute Jarel avait retourné son arme, comme s'il voulait s'en servir. Ni une ni deux, pour sa survie, le mutant fonça. C'était lui ou l'unificateur. Selon le mutant tout se jouerait sur cette attaque, mais c'était sans compter le plan de Jarel. Le mutant arriva très vite, volant dans les airs, Jarel était plaqué au sol sur le dos et était encore en train de placer sa main sur la chambre de la gâchette. Tout se passa tellement vite que le mutant tomba de tout son poids sur lui, les griffes en avant. L'une d'elles parvint à passer la parade de Jarel qui avait intercalé son arme entre son torse et celui du mutant. L'unique griffe transperça son armure pour venir se figer dans son épaule. Et là, tout était joué. Le mutant approchait bien trop sa gueule, il fonçait droit dans le piège de Jarel. L'unificateur appuya sur la gâchette à la grande surprise du mutant qui ne s'y attendait pas puisque le canon n'était pas orienté sur son corps. Le mutant était bloqué contre Jarel qui le retenait de ses jambes en les passant sur son bas du dos. L'un sur l'autre, Jarel vida sur chargeur à seulement quelques centimètres de la tête du mutant.

HJ: Comme d'habitude, je te laisse travailler pour la fin du combat XD

EJ :

L'adversaire de Jarel lâcha toute prise sur lui afin de porter ses mains poilues sur ses oreilles en hurlant. Jarel le dégagea d'un violent coup de pied, qui envoya son ennemi à l'autre bout de la salle. Se redressant, Jarel n'avait plus qu'à tirer de nouveau, lui qui n'avait pas quitté le doigt de la gâchette. Comprenant au dernier moment qu'il avait commis sa dernière erreur, le mutant montra ses dents à son assassin.

- Enfoiré de...

Le crâne du Félin explosa au moment où une balle de ZZ-200 le pénétrait. La carcasse sans vie tomba sur le sol. Il n'aurait jamais l'occasion de finir sa phrase. L'homme était mort. La rébellion n'engageant que très rarement des mutants, tout portait à croire que ce groupe n'en faisait pas partie... mais ceux qui tiraient désormais sur le reste de l'escouade devaient, eux, en faire partie.

Ne perdant pas de temps à gamberger, Jarel courut jusqu'à 129 qui s'accrochait toujours péniblement. Le lieutenant le saisit par les bras, voyant en contrebas un groupe de cinq hommes avancer dans la rue, fusils levés vers eux. Jarel eut juste le temps de tirer sur les bras du médecin, le ramenant vers l'intérieur. Les tirs rebelles ratèrent de peu l'Unificateur, désormais hors d'atteinte pour eux.

La radio du lieutenant crépita soudainement.

- Boss ! Ici 41 ! On est rassemblés ! Vous allez peut-être pas le croire, mais on a trouvé une jeep en état de marche... On est à trois bâtiments de vous. J'active mon localisateur, vérifiez votre Pad GPS ! Magnez-vous ! Ca grouille d'ennemis par ici !

Jarel saisit mécaniquement son Pad, s'arrêtant un moment sur le visage du médecin, qui venait d'ôter son casque et l'observait fixement.

- Merci mon lieutenant. lâcha-t-il d'un ton solennel.

ING-129 était désormais tout à fait membre de l'équipe : finie les querelles stupides. Mais pas le temps de s'attarder ! Jarel alluma le GPS, qui montrait clairement la position de 41. Cliquant rapidement sur l'écran, Jarel nota approximativement l'emplacement des ennemis, car c'était sa mission après tout... Pour le moment, lui et 129 étaient cernés. Il leur fallait trouver un moyen de rejoindre rapidement les autres.

Spoiler:

Jarel rangea le GPS calmement. 129, qui avait de nouveau enfilé son casque, lui tendait deux grenades à fragmentation qu'il avait trouvé sur le cadavre du Félin.

- Ce monstre n'a même pas pensé à nous les envoyer. Instinct animal je suppose.


HJ :

Tu as le visage et le torse griffé, tes muscles sont endoloris, tu commences à fatiguer. Tu perds 15 points de vitalité supplémentaires.

Tu récupères deux grenades à fragmentation

EJ:

Jarel n'afficha qu'un bref sourire à 129 qui semblait désormais vouloir s'intégrer au groupe. Il lui avait sauvé la vie, mais qui ne l'aurait pas fait? Si la situation avait été exactement pareille, même 42 aurait agi ainsi. C'était comme ça, on n'y réfléchissait pas. Lorsque 41 annonça par le canal radio qu'ils avaient trouvé une jeep, Jarel sortit enfin son GPS pour évaluer l'état de la situation. 129 et lui n'étaient pas très loin de 41, mais y aller directement c'était risquer l'encerclement. Néanmoins, un bâtiment au Sud-Est leur permettrait de se terrer sans rencontrer d'unité ennemie. 41 et les autres n'auraient qu'à passer par le côté Est pour qu'ils filent sans attirer l'attention.

— Ici INT-124, reçu 41. Restez en alerte et ne vous faites pas repérer. Vous pourrez faire mouvement dès que je vous recontacterai. Vaut mieux ne pas trop attirer l'attention, on a fait assez de raffut comme ça. 124, terminé.
Puis il calibra sa radio pour contacter la central et faire son second rapport qui serait beaucoup moins glorieux que le premier.
— Central, ici unité 9. Après avoir progressé, nous avons été confrontés à une forte résistance rebelle. Mais ce n'est pas le pire. Parmi les ennemis se trouvent des mutants. 123 est... mort. Un mutant l'a fauché pendant que nous avancions dans les souterrains. J'ai abattu un second mutant, je ne sais pas s'il s'agit du même, mais j'espère bien qu'il s'agit de ce même salopard. Pour le moment on continue la mission, l'unité reste viable malgré la perte d'un membre. INT-124, terminé.

Voilà, c'était fait. Il leur fallait maintenant quitter cet endroit de malheur. Jarel avait rangé les deux grenades à fragmentations que lui avait fournies 129, elles lui serviraient assurément plus tard. Pour descendre le plus rapidement possible, Jarel planta un "coinceur mécanique" dans l'une des fissures du plancher. Le mur éclaté était orienté vers le Sud-Est, une chance pour eux, aucun ennemi ne semblait trainer dans les parages. 129 fît de même puis ils s'élancèrent du dernier étage de l'immeuble pour retomber très vite au sol. Le mécanisme s'activa alors et le câble se détacha du coinceur, leur permettant de récupérer le câble d'acier.
À seulement 500 mètres se trouvait le point de rendez-vous, il fallait faire vite, car les unités ennemies étaient en mouvement.

HJ: En faisant cela je part du principe qu'un équipement d'escalade sommaire fait parti de l'inventaire de base d'un unificateur. Là, franchement, je te laisse décidé si oui on non on peut se le permettre. Mais pour moi, vu le niveau technologique de la cité et l'état géographique du Grenier, je pense que c'est limite indispensable. Donc je modifierai en fonction de la décision que tu prendras .

EJ :

En moins de trente secondes, les deux Unificateurs étaient au sol, ce qui les aiderait grandement à éviter de se faire encercler dans leur bâtiment. Jarel et le médecin se mirent à courir à travers les rues pleines de décombres, quand une roquette fila d'on ne sait où jusque l'immeuble dans lequel ils étaient quelques secondes auparavant. Un immense pan de la façade s'écroula de leur côté, s'enfonçant brutalement dans le sol en soulevant un nuage de fumée grise.

- Ils utilisent des armes lourdes lieutenant ! Mieux vaudrait se dépêcher.

A quelques secondes prêt, Jarel et son médecin seraient morts dans l'explosion, désormais, ils pouvaient se servir de la fumée pour passer discrètement. Une forme large fit alors son apparition juste devant eux, s'arrêtant à quelques mètres à peine dans un crissement de freins. Il s'agissait d'une vieille Jeep blindée, derrière laquelle était fixée pied pour mitrailleuse, sur lequel Andy avait fixé sa Rapace. 42 était aux commandes, 41 à la mitrailleuse, et 130 assis à l'arrière.

- Une saloperie de vieille caisse des rebelles ! Il m'a fallu deux minutes pour remettre le moteur en l'état Boss ! Elle devrait tenir un bon quart d'heures... On va peut-être pas s'éterniser ?


Des bruits de pas se faisaient entendre derrière le lieutenant. Ils arrivaient.


HJ :

Aucun problème pour ton équipement, ça n'a rien de trop loufoque. Cependant, il existe une capacité "Escalade", ce pourquoi je t'oblige à dépenser l'un de tes points de capacités dans cette capacité.

Lorsque Jarel réalisa que la jeep contenait ses hommes, il ne put s'empêcher de jurer tout en se dirigeant vers eux. 129 le suivait de près, ne sachant que trop faire au vu du mécontentement de son lieutenant. Même si Jarel n'avait pas encore ouvert la bouche, 41 pouvait déjà savoir qu'il n'aurait pas dû prendre cette initiative.

— Bordel 41, je t'avais dit d'attendre là-bas! C'est trop compliqué d'obéir dans cette unité? L'ennemi dispose d'un armement lourd, on ne peut pas continuer avec seulement une jeep, on serait une cible bien trop facile pour les rebelles.

Mais maintenant que l'erreur avait été commise il fallait s'éloigner, et vite. Jarel grimpa sur le montant du bas de caisse au côté de 42. Quant à lui 129 s'installa sur le siège passager.

— Direction le Sud-Est, éloignons-nous et piégeons ce véhicule, qu'il ne serve plus jamais.

42 enclencha la première puis la jeep s'éloigna en soulevant un nuage de poussière. Pendant le trajet Jarel restait aux aguets, observant chaque détail qui pourrait trahir une position ennemi. Finalement, ils furent assez loin pour s'arrêter. Ils descendirent tous sous l'ordre de Jarel, 41 démonta son rapace puis tous s'éloignèrent pendant que 41 et Jarel travaillait à la confection du piège. Pendant qu'ils travaillaient et que les autres surveillaient la zone, Jarel en profita pour se confier à 41.

— Dis, tu pense quoi tu récent comportement de 129? Tu le trouves pas bizarre en ce moment? Tout à l'heure, alors que je tire du précipice, il me remercie. Je ne me souviens pas n'avoir déjà ressenti le besoin de remercier la personne pour ce genre de chose, du temps où j'étais encore soumis. T'en dis quoi? Je sais pas trop quoi penser, c'est encore trop récent pour moi.

EJ :

Jarel et son escouade avaient échappés aux ennemis, et s'étaient suffisamment éloignés. Ils se trouvaient désormais dans une zone relativement escarpée, et plutôt vide de bâtiments, et donc d'ennemis. Côté négatif, ils étaient plus à découvert que dans une zone urbaine. Heureusement, aucun ennemi ne les avait suivi. C'était un véritable miracle qu'il aient trouvé un véhicule en état de marche. Le groupe devait beaucoup aux talents de 41 en mécanique.

Pour le moment, le mitrailleur utilisait ses dons pour trafiquer le moteur de la jeep, donnant des coups dans le réservoir d'huile. Il tendit un tuyau à son lieutenant en lui demandant de siphonner le peu de carburant qui restait dans le réservoir pour le déverser à l'intérieur du moteur. Les deux hommes profitèrent de cet instant pour discuter entre eux.

- Vous savez quoi boss ? J'ai l'impression que les gars comme vous -j'veux dire, les gens qui deviennent Insoumis du jour au lendemain- sont de plus en plus nombreux. M'est avis qu'ils ont quelques problèmes avec le H.I.S, qu'il devient moins efficace... J'ai entendu des rumeurs disant qu'ils ne cessaient d'augmenter les doses. Il est très probable que 129 soit comme vous. Bizarre, le plus faux cul des Soumis qui gagne en sentiments ! J'suppose qu'on à un mauvaise influence sur lui eh eh !

S'enfonçant dans le moteur, 41 en sortit deux fils électrique qu'il dénuda avant de coller contre deux parties du moteur, pleines d'essence.

- Mieux vaudrait qu'vous vous mettiez à couvert boss !

Jarel s'exécuta pendant que 41 fit démarrer le moteur. L'action fut rapide. Les fils électriques s'activèrent, enflammant l'essence qui fit du moteur un brasier. Le mitrailleur eut juste le temps de plonger à couvert avant que le moteur n'explose littéralement, rendant la jeep définitivement inutile.

- Et voilà, de nouveau à pied ! Moi qui me plaignais de mes cloques ! Ces saloperies de bottes sont ignobles !

42, légèrement sorti de son mutisme, ne put s'empêcher d'intervenir, rattrapé par son naturel moqueur.

- Je t'en supplies Andy, les enlève pas ! Je supporterai pas l'odeur ! Pire qu'une lacrymo !

Jarel crut deviner un sourire sur le visage de 129, mais peut-être n'était-ce qu'une impression.

- Mais en parlant de ça boss, peut-être faudrait-il trouver un abri pour la nuit ? Je sais pas vous, mais je commence à fatiguer... Et puis j'estime qu'on à répertorié assez de bases ennemies pour la journée !

129 soupira, pensif.

- Mon lieutenant, j'aimerai émettre une proposition pour le reste de notre mission. Peut-être devrions nous nous séparer pour être plus discrets. Les épreuves d'aujourd'hui nous montrent qu'un manque de discrétion risque de nous mener à notre mort...

Jarel se tourna vers 129 avec un léger sourire. Il venait d'avoir sa petite idée, faut dire qu'il en avait marre de courir à droite à gauche pour fuir ces rebelles. Il était temps de leur donner une petite leçon. Puis quitte à compromettre la mission, autant se faire quelques Liberians, se disait-il. Néanmoins, 129 n'avait pas tort. À se balader à plusieurs ainsi, ils attiraient beaucoup trop l'attention. Seulement, il était inconcevable de scinder l'équipe, c'était bien trop risqué.

— Commençons déjà par filer, trouvons-nous un endroit pour la nuit. Direction le Sud.

Le groupe commença donc sa route, à couvert, en passant à travers les décombres d'immeubles écroulés. Ils marchèrent lentement, en veillant à ne pas alerter les troupes ennemies embusquées. 42 était celui qui ouvrait la marche, un peu plus en avant il choisissait les itinéraires les plus surs et les plus praticables. 41 fermait la marche, en veillant à ce tout le monde ne laisse aucune trace. Puis, c'est dans une crevasse recouverte d'un toit presque effondré que Jarel ordonna une halte.

— 41, t'en penses quoi?
— Un peu fragile comme structure, mais on est bien à l'abri. De plus, on peut placer 42 sur le toit pour qu'il veille toute la nuit.
— Eh!! T'es pas handicapé à ce que je sache!
— Ça va, on fera des quarts. 130 prends le premier quart, ensuite ce sera au tour de 129, puis de 42, puis ce sera moi et 41.
— On devrait piéger la zone.
— On n'a pas vraiment de quoi. Et je préfère garder les grandes pour demain.
— Ouais ouais! Ça commence à me gonfler ces missions à la con ! Immanis est blindé de tune et l'état-major n'est pas foutu de nous coller un équipement décent.
— Les joies du métier 42, on y peut rien.

Jarel se plaça alors près d'un petit bloc de béton écroulé dont la surface était presque plane. Là il y posa son équipement tout en gardant l'intégralité de son armure et son fusil à proximité.

— Pas de laissé allé. Gardez votre équipement à proximité. 130, tu prends ton tour.

Et c'est pendant tout le début de la soirée que Jarel tenta d'établir une liaison avec la central. Les émissions étaient courtes et espacées, afin que personne ne puisse les localiser. Toutefois, le silence reniait sur les canaux, pas de signe de l'état-major jusqu'à environ 21h00 où 129 prenait son tour de garde...

EJ :

Le repos était plus que mérité après une telle journée. Parcourir le Grenier était loin d'être une promenade de santé. Heureusement, les ruines dans lesquelles s'étaient dissimulées l'Unité 9 étaient totalement désertes. A vrai dire, ce n'étaient pas les quelques carcasses d'immeubles aux alentours qui allaient intéresser qui que ce soit.

Une fois qu'ils furent installés et protégés, 129 distribua les rations de survie, chacun mangeant et buvant à sa faim, même si le repas -des barres nutritives sans goût- était loin d'être délectable. Le médecin s'occupa également des blessures de toute l'escouade avant de prendre son tour de garde, à commencer par ses propres blessures, lui que la journée n'avait pas épargné.

Ces activités, ainsi que de discrètes conversations, permirent aux soldats de ne pas s'endormir sur place, chacun faisant une sieste à tour de rôle pour ne pas finir tués par les rebelles. Ce n'est qu'un quart d'heure après le début de la garde du médecin que l'Etat-Major daigna leur répondre, à travers la voix du Général Murray.

- Unité 9, ici Central. Avons bien reçu les localisations que vous avez envoyés aujourd'hui. Félicitations.

Le dernier mot avait été prononcé sans conviction.

- D'autres équipes seront envoyées demain pour quadriller la zone hostile. Quand à vous, nous aimerions que vous vous occupiez de vérifier la vieille ville. Demande d'un rapport de situation immédiat.

La vieille ville était la zone Est du Grenier, Murray venait de permettre à l'Unité 9 de faire une jolie randonnée de plusieurs kilomètres... Jarel pesta intérieurement, mais il devait répondre.

Adossé contre un muret éclaté, l'unificateur somnolait. Son tour de garde n'était pas encore passé mais il n'avait quasiment pas dormit de la nuit. Il avait veillé pour tenter en vain d'entrer en contact avec la Central. Tout était calme, 129 venait de se poster sur le toit, allongé et les sens en alertes prêt à sonner l'alarme au moindre mouvement suspect à l'extérieur.
Jarel oscillait entre lucidité et le sommeil. Il avait laissé son esprit vagabonder un court instant et cela lui fît perdre le fil de sa pensée. Il sombra et pensa à ce qu'il avait fait en début de journée. Il avait délibérément abandonné 123, alors qu'il s'était juré de ne perdre aucun homme. Il revît 123 avancer sans en recevoir l'ordre, Jarel voulait lui ordonner de ne pas bouger mais il était déjà trop tard. Une ombre l'avait fauché avant que Jarel ne puisse ouvrir la bouche. Il aurait put se lancer à la poursuite de la créature, mais Jarel ne pouvait pas risquer la vie de ses autrs hommes, pourtant, il se sentait coupable. Alors qu'il somnolait il commençait à divaguer et à halluciner. Il crut voir le visage de 123 se former dans un nuage de brume aux contours indécis. Il l'appelait.

— Mon Lieutenant!

Jarel sursauta en jetant un regard tout autour de lui. Il n'y avait personne, mais la radio crépitait de nouveau. Après quelques secondes une voix familière fît son apparition. C'était Murray qui transmettait les nouveau ordres. Demain, ils iraient dans la vieille ville... mais pour faire quoi?

— Reçu.

Puis il lui fût demandé un rapport conscis de la situation. Jarel observa un à un ses hommes. Elle n'était pas catastrophique la situation, mais il aurait été plus avisé de rentrer après ce qu'il s'était passé. 42 était allongé, son fusil derrière la nuque pour se reposer avant de prendre son quart. Il dormait sur ses deux oreilles en sachant 41 qui veillait non loin de 129 pour s'assurer qu'il ne dormait pas. 130, quant à lui, revérifiait son équipement pour la énième fois alors que 41 lui avait répété au moins cinq fois de dormir. Les rebelles n'étaient pas dans le coin, mais la situation était... tendue. Ils étaient seuls, sans personne pour les secourir en cas de pépin. Il était donc normal de se trouver un peu à cran.

— La perte de INR-123 devrait être enregistrée, nous n'avons plus aucune nouvelle de lui depuis ce matin, heure... 10 heures 06 minutes.
Pour le moment l'escouade reste valide malgré quelques blessures superficielles. Nous disposons encore d'un matériel suffisant pour faire face à quelques affrontements. Chez l'ennemi la situation à évoluée. Nous avons pu les localiser avant de les semer. Les petits groupes progressent par paquets et en coordination. Nous avons du également essuyer des tire de roquette ainsi que d'armes lourdes.
Jarel marqua un courte pause avant de poursuivre.
Central, pourriez vous être plus précis quant à l'ordre précédent? A vous.

EJ :

A l'extérieur, tout restait calme. L'escouade avait eu la bonne idée de ne pas faire de feu, ce qui aurait alerté les troupes ennemies. Jarel attendit au moins deux minutes avant de recevoir une réponse de Central, comme si Murray se concertait avec d'autres avant de répondre.

- Unité 9 ici Central. Le soldat de grade 1 INR-124 vient d'être déclaré tué en action. Il recevra une récompense à titre posthume. Nous prévenons la famille...

Le pire était peut-être que la famille ne serait pas attristée par cette perte, le H.I.S diminuant suffisamment les sentiments pour les rendre inexistants, ou presque. Jarel imaginait déjà la veuve raccrocher son téléphone avant de reprendre une vie normale, comme si de rien n'était

- Nous répétons les ordres de mission : Rendez-vous dans la vieille ville. Faites un rapport sur la présence ennemie dans cette zone. Cherchez un point d'extraction. Nos scanners de la Frontière nous font penser que certaines cavernes de la Vieille Ville pourraient être étroitement liées à la Frontière. Nous enverrons une équipe de forage dans l'après-midi au plus tôt. Bien compris Unité 9 ?

Alors ainsi l'Etat-Major espérait les faire sortir par la Vieille Ville... Jarel savait que, quelle que soit la sortie qu'ils emprunteraient demain, s'ils en empruntaient une, elle n'était pas encore forée. Encore une mission désespérée en perspective.