A la recherche d'une mission... [Intro Franck]

EJ :

Le bar du Sans-âme était un établissement miteux, bruyant et malodorant, et à en croire la populace croisée dans les parages, Franck se demanda un instant s'il avait bien fait d'y mettre les pieds. L'ambiance était chaotique. Le chercheur de travail était là depuis une demi-heure, et personne ne s'était encore approché de lui, ce qui était peut-être mieux.

Des cris résonnèrent à l'autre bout de la pièce. Au fond de l'établissement, deux hommes étaient en train de se battre sous les acclamations de quelques ivrognes. Le barmaid ne sembla pas s'offusquer, les laissant finir leur embrouille seuls. Franck jeta un coup d'oeil prudent vers le conflit. L'un des deux hommes venait de s'étaler de tout son long, assommé par un coup de tabouret. Il essaya de se relever en vain mais fut stoppé net par un violent coup de pied de son assaillant, en plein dans les côtes.

De nouveaux coups eurent raison de toute volonté du vaincu. Après avoir été longuement hué par la foule, il ramassa deux de ses dents perdues dans la bagarre et quitta le bar en boitant. Tous se remirent à leurs activités habituelles, qui consistaient principalement à boire et à crier. Le vainqueur du combat avança vers le comptoir, l'air tout à fait détendu, posant une poignée de pièces devant le barmaid.

- Sers moi un "Arrache-gueule" Jo, et plus vite que ça !

Le combattant s'accouda au bar, un sourire sur les lèvres. Il n'était même pas essoufflé. Le gérant lui tendit un verre débordant d'un liquide rougeâtre qu'il engloutit en quelques gorgées. Le combattant était un homme costaud, assez jeune. Ses cheveux étaient coiffés en une longue crête blonde assez sale. Il devait avoir vingt cinq ans tout au plus. L'homme jeta un regard curieux vers Franck.

- Je t'ai jamais vu ici l'ami...

Il toisa rapidement l'inconnu.

- Mmh... Jeune. Seul. Tu touches à peine à ton verre... Je supposes que tu n'es pas là pour les délicieuses mixtures de Jo n'est-ce pas ? Tu cherches un job gamin ?

Franck fut très vite impressionné par le comportement de son interlocuteur. Il ne savait pas quoi répondre. Cet homme qui, il y a quelques minutes, était sur le point de tuer son adversaire, était en train de lui parler. Franck se sentit de plus en plus mal à l'aise. Si sa réponse ne convenait pas à cet homme, il risquait de se mettre en danger.
Après plusieurs secondes interminables, Franck tenta de sympathiser, il répondit :

- J'ai apprécié le combat de tout à l'heure, je n'aimerais pas t'avoir comme adversaire.

L'homme d'environ vingt cinq ans resta accoudé au bar, il écouta la phrase attentivement. Il but une longue rasade du liquide rouge, et reposa le verre. Son regard se fit plus serein, il fixait Franck. Les deux individus se toisèrent ainsi pendant quelques secondes, ce duel silencieux avait quelque chose de drôle, bien que la situation pouvait vite dégénérer dans un lieu comme celui-ci. Le combattant rompit le silence, sans quitter Franck des yeux :

- Je t'ai posé une question, gamin (il accentua sur le mot "gamin") : tu cherches un job ?

Cet homme à peine plus âgé que lui le traitait de gamin, c'était une provocation, à tout les coups. Franck n'était pas du genre à répondre aux provocations. Mais quand même, la phrase fit monter sa tension, et donc son stress, Jack se réveilla.

(- Tu as vu Franck, cet imbécile t'a traité de gamin, tu pourrais facilement lui faire comprendre avec ton arc, que tu n'es pas qu'un gamin !
- La ferme, Jack, je n'ai vraiment pas besoin de toi pour régler cette histoire, dégage !
- Un jour, peut-être, tu m'écouteras...)

Il était temps de dire la vérité à l'homme accoudé au bar.

- Oui, je suis venu ici pour trouver un job, tu as quelque chose à me proposer ?

Franck réalisa que sa question était trop directe, il faudrait qu'il arrange ce défaut un de ces jours, ça pourrait lui attirer des ennuis.
Il attendit la réponse de l'homme, en espérant que celui-ci ai effectivement quelque chose d'intéressant à lui proposer.

EJ :

L'homme laissa un échapper un rire léger. Il semblait tout à fait dans son élément ici, malgré les quelques regards hostiles qu'il recevait de certains mercenaires qui n'avaient pas apprécié son petit numéro. L'homme à la crête dégageait clairement une certaine aura, celle d'un chef.

- Tu es direct gamin ! J'aime ça ! Je m'appelle Crunk, je suis le chef des Skulls, un groupe de mercenaires.

L'homme tendit la main, se permettant au passage de jeter un oeil sur l'arsenal de son interlocuteur.

- Un arc ? Rassure moi, t'es pas là pour chasser ? Sinon, c'est à l'avant-poste que tu devrais te pointer, pas ici ! Bref. Tu sais cogner ?

Le chef des "Skulls" -Franck n'avait jamais entendu parler d'eux, ce qui n'était pas vraiment étonnant, les groupes de mercenaires ne faisant souvent pas long feu- jeta un regard hostile vers le reste du bar. Ceux qui le toisaient tout à l'heure baissèrent immédiatement les yeux.

- Comme tu l'as vu avec l'incident de tout à l'heure, je n'ai pas que des amis par ici... J'aurai besoin qu'on bastonne quelques gars par-ci par là, juste histoire de leur faire passer un message ! C'est dans tes cordes... archer ?

Crunk s'amusa de sa propre blague avant de commander de nouveaux verres pour lui et Franck

- Si tu règles ce problème, je pourrais t'embaucher dans mon gang qu'est ce que t'en dis ?

Le patron s'approcha avec deux "Arraches-Gueules" et les posa devant les mercenaires.


HJ :
J'aime ta mise en page claire pour tes discours avec ton double maléfique !

Fatigué par son voyage de retour, Franck n'était plus trop en état de réfléchir, et encore moins de se battre.
Malgré tout, c'était peut-être la seule occasion qu'il allait avoir avant longtemps.
Il saisit le verre que le patron venait d'apporter, but une gorgée. Le liquide rouge vif coula dans sa gorge, qui s'enflamma aussitôt.
Franck devint rouge comme la boisson, il se prit la gorge et toussa violemment, à la limite de l'étouffement.
Crunk explosa de rire, attirant encore plus de regards sur leur table :

- C'est ton premier arrache-gueule à ce que je vois ! Haha ! Tu t'y habitueras avec le temps.

La boisson sembla avoir remis Franck d'aplomb. Il répondit, sûr de lui :

- Je veux bien m'occuper de ton problème, Crunk, mais rien n'est gratuit, et en ce moment je suis plutôt à la dèche, quelques livres ne me feraient pas de mal.

Crunk commença à s'énerver :

- Quand tu auras finis le boulot que je t'ai demandé, tu intégrera les Skulls, et seulement à partir de là tu seras payé, compris ?

Il était plutôt susceptible, Franck allait devoir attendre pour recevoir son premier salaire.

- D'accord, le marché me semble honnête. Je pars tout de suite, ils sont où tes gars ?
- Suis-moi.

Crunk but son arrache-gueule cul-sec, se leva, et quitta le bar le plus discrètement possible, suivit de Franck.
Les deux mercenaires empruntèrent plusieurs rues "coupes-gorges", se faufilèrent dans le labyrinthe de Liberia, traversèrent des bâtiments occupés par des drogués et autres erreurs de la nature, et arrivèrent enfin à destination.

- C'est là, planque toi. souffla Crunk. Les deux mercenaires se mirent à couvert derrière une carcasse de voiture.

EJ :

Ce quartier de la ville était vraiment misérable, et Franck doutait vraiment que certains de ces bâtiments aient été retapés avec la mise en place de Liberia. Les gens d'ici vivaient dans de véritables taudis, ce qui expliquait en partie la présence d'une carcasse de voiture (elle n'était d'ailleurs pas la seule dans cette rue). Dans toute autre partie de la ville, ces carcasses métalliques auraient été déblayées depuis longtemps.

Crunk indiqua un espèce de squatt, en face de leur localisation. La porte déglinguée et les fenêtres ouvertes du bâtiment laissaient entrevoir un petit groupe d'hommes jouant au poker.

- Tu vois ces trou d'uc gamin ? Ce sont les "Dingos", un nom aussi pourri que leur gang de merde ! Le gars que j'ai fracassé tout à l'heure était l'un des leurs. Cet enfoiré laissait croire que les Skulls n'étaient que des amateurs. On revient des Egouts et ces abrutis disent qu'on est des amateurs ?! Aujourd'hui, je vais faire passer un message, le premier qui ose dire quoi que ce soit sur mon gang aura à faire à moi. Toujours de la partie petit gars ? Je te laisse commencer les hostilités...


Crunk enfila deux poings américains, un sourire carnassier aux lèvres. A l'intérieur du squatt, Franck voyait quatre hommes, ce qui ne semblait pas décourager son boss potentiel. Le bon côté des choses, c'est que les miliciens n'interviendront pas dans cette partie de la ville.

EJ :

Après quelques secondes d'hésitation, Franck se mit en marche vers le squat.
Il fit grincer la porte, les quatre hommes arrêtèrent immédiatement de jouer et se tournèrent vers lui.

- Hé, tu fais quoi là, merdeux ? L'immeuble est à nous, on ne t'a pas invité.

Un immeuble, ça ?

- Je peux jouer ? j'ai de l'argent.

La remarque était risquée, Franck espéra que les quatre hommes avaient le démon du jeu, et n'allaient pas lui sauter dessus.
L'homme d'environ trente-cinq ans, qui semblait être leur chef, échangea quelques mots avec ses compagnons, puis il se retourna vers Franck.

- Ok, mais si jamais tu fais le con, je t'égorgerais moi-même. Dit-il en brandissant une lame d'environ trente centimètres.
- Je n'ai pas l'intention de tricher.

L'un des trois autres Dingos, beaucoup plus jeune que son chef, sembla soudain intrigué.

- C'est un arc que tu portes derrière ton dos ? T'es un chasseur ?
- Oui, en quelque sorte.

Franck s'approcha de la table de jeu, il retira une chaise de sous la table et fit feinte de s'asseoir, mais d'un geste maladroit mais efficace, il souleva la chaise et l'abattit sur la tête du leader, qui chancela et tomba, assommé.
La surprise fut de taille pour les trois autres adversaires, il se levèrent comme un seul homme.
Au même moment, Crunk apparut à l'encadrement d'une fenêtre, et bondit à l'intérieur, armé de ses poings américains.
Il entama un duel avec un autre Dingos en lui envoyant un direct dans la colonne vertébrale. Un craquement se fit entendre, mais le Dingos n'avait pas l'intention de perdre aussi facilement.

Pour Franck, la situation s'annonçait mal : les deux autres homme -l'un était frêle, à la peau très pâle, l'autre était plus robuste- avançaient vers lui, essayant de le bloquer contre un mur. Le plus robuste des deux ramassa le couteau de son chef, Franck ne lui laissa pas le temps de s'en servir, il sortit son arc et décocha une flèche dans le bras de l'adversaire, qui lâcha immédiatement son arme pour tenir son bras sanguinolent. L'autre en profita pour sauter sur Franck, l'arc lui lâcha des mains. Franck encaissa deux coups en pleine figure, sa bouche commençait à avoir le goût du sang. Il s'aida alors de ses jambes pour propulser le jeune homme derrière lui, puis se releva prestement, tout en ramassant son arc pour le placer sur son dos.
Déjà, le chef s'était réveillé, et revenait à la charge.
Franck esquiva trop tard, le poing de l'homme enragé s'enfonça dans son ventre, Franck eut le souffle coupé et se plia en deux.

- Tu vas crever saloperie !

(- On m'appelle ?
- Non Jack...pas...toi...)

Franck se releva rapidement, comme changé. Ses pupilles étaient d'un noir profond.
D'un violent coup du tranchant de la main, aussi rapide que précis, il frappa son adversaire à la gorge.

HJ :

Je me suis enlevé 25 points de vie, pour les coups encaissés.

EJ :

L'adversaire de Franck eut le souffle coupé, et fut assommée par l’un des poings de Crunk qui en avait fini avec les autres. Une giclée de sang qui n’était pas le sien recouvrait son visage, il l’essuya d’un revers de la main avec un sourire amusé. Apparemment, Jack allait bien s'entendre avec cet homme. La suite des évènements allait confirmer cela.

Sans même prévenir, Crunk dégaina un Scorpio planqué derrière son dos et le colla sur la tempe de l'homme qu'il venait d'assommer.

- J'oubliais de te préciser une partie de la mission mon ami ! Un bon avertissement passe par un message fort...

La détonation retentit à travers tout l'immeuble, suivi par un silence de mort. Crunk rengaina son arme sans broncher sous le regard horrifié de l'un des Dingos qu'il venait de tabasser.

- On décolle, j'crois qu'ils ont compris le message !

Le chef des Skulls s'en alla comme si de rien n'était, essayant d'essuyer le sang sur ses vêtements. Les deux hommes empruntèrent plusieurs ruelles avant de se sentir vraiment tranquilles. L'endroit était plutôt mal famé, mais personne n'osait les aborder, Crunk n'ayant pas vraiment une gueule d'enfant de chœur.

- Désolé de t'avoir mené dans la combine, mais j'avais besoin de savoir si t'avais des tripes ! Toujours intéressé par les Skulls ? Si oui, je me ferais un plaisir de te conduire à mon QG, dans la zone industrielle...



HJ :
Rien à redire, pas de complications pour le moment...
Mais mon sadisme reviendra !

Franck avait retrouvé ses esprits à la fin du combat. C'était la deuxième fois que Jack s'imposait de cette manière.
Il réalisa alors que Jack pourrait lui être d'une aide précieuse, si seulement il arrivait à le maîtriser...

Après avoir emprunté plusieurs ruelles, les deux mercenaires s'autorisèrent quelques minutes de repos.

- Désolé de t'avoir mené dans la combine, mais j'avais besoin de savoir si t'avais des tripes ! Toujours intéressé par les Skulls ? Si oui, je me ferais un plaisir de te conduire à mon QG, dans la zone industrielle...

Il commençait à se faire tard, et Franck n'étais pas prêt pour retourner voir sa mère. De toute façon il avait oublié son adresse.
Peut-être que le "QG" des Skulls pourrait l'héberger ?

- Dans ce cas allons-y.

La zone industrielle était située dans les bas-fonds, prêt du terrain de chasse. Retourner là-bas ne plut pas beaucoup à Franck, qui avait vécut -ou plutôt survécut- cinq ans dans cet endroit. Si à Liberia, les rues étaient plutôt mal fréquentées, celles de la zone industrielle étaient de vrais nids à vermine. Les usines désaffectées qui faisaient le paysage de cette zone étaient occupées par de nombreux assassins, ces bâtiments faisaient parfois offices de champs de bataille entre les nombreux gangs présents sur les lieux, qui se formaient aussi rapidement qu'ils disparaissaient. Les "Skulls" et les "Dingos" en faisaient partie. Mais d'après ce que lui racontait Crunk, son groupe de mercenaires était l'un des plus anciens encore vivant. Il aurait fait plusieurs missions dans les égouts, mais Franck n'en croyait pas un mot : déjà que le terrain de chasse, c'était un vrai parcours du combattant pour survivre, alors les égouts...

La sortie de la ville ne posa pas trop problème : il est beaucoup plus facile de sortir de Liberia que d'y entrer.
Au fur et à mesure de leur descente vers les bas-fonds, l'air se faisait de plus en plus humide, et de plus en plus glacial.
Un courant d'air souterrain rendait l'ambiance horriblement glauque.
Enfin ils arrivèrent dans la zone industrielle. Deux "amis" attendaient Crunk au lieu de rendez-vous, leur gang semblait plutôt organisé.
Ils ne posèrent pas trop de questions à propos de Franck, faisant aveuglement confiance à leur chef. Ils se mirent en marche vers leur QG.
Après une demi-heure de marche, il s'arrêtèrent enfin devant un bâtiment.

- Voici notre repaire, l'archer.

EJ :

Crunk avait été rejoint par un homme Noir tout aussi baraqué que lui, et qui portait également une cicatrice au visage. Igor -c'était le nom de l'homme- ne semblait pas vraiment amical, mais la mitraillette WR-74 qu'il portait en bandoulière avait tout pour rassurer.

A en croire Crunk, les Skulls avaient trop mauvaises réputations pour s'installer à Liberia. Les miliciens qui gardaient les portes de la ville observèrent d'ailleurs le chef du gang avec mépris. Au moins, cela indiquait qu'il était connu, et donc que son gang ne devait pas être si mauvais que cela.

Les trois hommes s'engagèrent sur la passerelle menant aux Bas-Fonds. Une sorte de retour à la maison pour Franck.

SUJET SUIVANT