Reveil difficile

SUJET PRECEDENT

EJ :

Jarel se réveilla cinq jours plus tard, le corps recouvert de pansements. Il se trouvait dans une salle d’hôpital. Un infirmier l’observa attentivement, constatant son réveil sans surprise. Il décrocha un combiné pour alerter du réveil du patient. Quelques minutes plus tard, deux hommes firent irruption dans la pièce. L’un d’entre eux semblait haut-gradé dans l’armée, l’autre affichée un visage balafré et une attitude hautaine.

- Alors vous êtes INT-124 ? demanda le premier

- Ouais c’est lui ! Je reconnais sa gueule cassée ! répondit l’autre, Jarel reconnut la voix du Fils d’Immanisius qui l’avait sauvé.

- Impressionnant. Vous étiez une unité sacrifiable dans la mission que l’on vous a confié. Votre survie montre votre endurance. On ne peut pas en dire autant de vos compagnons. Vous êtes le seul survivant. Mais FI-111 que voici m’a averti de votre Insoumission, qui n’a jamais été déclarée. Auriez vous une explication soldat ? Il ne me reste que deux choix : vous suspendre définitivement pour Insoumission ou vous promouvoir… Serez vous capable de me convaincre de faire le choix le plus profitable pour vous ?

HJ :
Ton personnage à été soigné. Il a désormais de multiples cicatrices sur le corps, et a besoin de béquilles pour se déplacer. Il ne peut faire de mouvements trop brusques a risque de briser ses points de suture.
Ton état de santé stagne à 170 pour le moment.
Tu gagnes un point de capacité pour avoir accompli ta mission

Durant son léger coma, Jarel put revivre quelques moments clef de son existence. Il revît les évènements qui ont fait de lui l'homme qu'il est aujourd'hui. Son poste n'avait rien d'enviable à Immanis, d'ailleurs aucun poste ne l'était car personne ici ne ressentait quoique ce soit.... pourtant... cet homme, celui qui le tira du carnage... cet homme semblait prendre plaisir à voir souffrir ses victimes. Il revît la scène ensanglantée sous un autre angle, en tant que spectateur et non acteur.
Il se revît tomber sous la mitraille ennemie. Il se revît allongé au sol puis arriva l'homme qui lui sauva la vie. Cet homme n'avait rien d'un Unificateur, il avait bien entendu quelques rumeurs à ce propos mais jusque là il avait toujours pensé qu'il ne s'agissait que de ragots peu importants, du moins non digne d'intérêt. À Immanis chacun vivait sa vie que l'on lui avait donné. On ne choisissait pas ce qu'on devenait, on y était prédisposé dès le plus jeune âge. Seulement Jarel était l'un de ces rares enfants à refuser le destin qu'on lui imposait. Ses parents voulaient qu'il reprennent l'entreprise familiale, Jarel, lui, voulait servir Immanis. Il comprit donc, durant son sommeil, que ces histoires de sentiments remontaient à bien plus loin en réalité. Cependant jusqu'à cette mission tout n'était que brouillard et insaisissable sensation. Si infime qu'il ne les percevait pas.

Le fait qu'il s'engagea dans l'armée afin de servir Immanis et non son leader signifiait une chose, il n'était pas un soldat loyal et prêt à mourir pour un homme... Il était prêt à mourir pour un tas innocents, mais pas pour l'avidité d'un seul être.
Toutefois, alors que l'homme le tirait hors du complexe une vive lumière blanche vînt l'aveugler. Et c'est à force d'accoutumance qu'il reconnu une chambre d'hôpital. Il regarda ses pieds qu'il ne parvenait pas à bouger librement. ses bras étaient recouverts de bandage et son torse lui faisait mal à chaque fois qu'il respirait. On lui avait également mit un tuyau dans la bouche. C'était une assistance respiratoire afin que le patient de manque pas d'apport d'oxygène.

Un homme était à son chevet, il était vêtu d'une blouse blanche et il se leva d'un bond pour saisir le téléphone sur le mur près de l'entrée. Jarel ne comprenait pas ce qu'il disait, tout était encore flou, ses sens étaient brouillés.
Toutefois, après quelques minutes durant lesquels l'homme à blouse blanche griffonnait sur un papier, deux nouveaux arrivants firent leurs apparition à l'entrée de la chambre. L'infirmier se retira pendant que les deux hommes s'approchèrent du patient.
Jarel reconnu tout de suite l'insigne, et même s'il avait voulu saluer un haut gradé il ne le pouvait pas encore. Toutefois il reconnu également le visage de l'homme qui accompagnait le gradé, c'était celui qui lui avait sauvé la vie.
Après s'être assuré qu'il s'agissait du bon homme, le haut gradé lui parla de son insoumission.
Jarel mit quelques temps avant de réalisé ce qui lui était demandé, et surtout les conséquences qu'apporteraient une mauvaise réponse. Pour lui, il avait été traité dès le plus jeune âge, toutefois c'est quelques années plus tard, quelques jours plus tôt, que les premiers sentiments furent ressentît. Pour lui, même avec la peur au ventre, rien n'entacha sa loyauté envers Immanis.

- Monsieur, je suis certain de ne pas vous apprendre que j'ai été traité au H.I.S dès mon plus jeune âge. Mes parents sont des gens respectables et de bons citoyens, j'ose espérer que je ne puisse être différents d'eux. Je suis conscient de l'importance du sérum, c'est pour le bien de la ville qu'aucun homme ne doit prétendre ressentir quelque chose. Toutefois, malgré les sentiments que j'ai put éprouver là-bas; en aucun moment je n'ai pensé à fuir. En aucun moment je n'ai cessé de servir avec hargne Immanis. Bons nombres de mes camarades sont tombés, je suis certainement le seul survivant d'une mission qui nous a été confiée. Là-bas, alors que deux alternatives semblaient possible pour notre retour à la base, nous avons choisit de ne pas nous rendre mais de nous battre car nous étions, et nous resterons des soldats d'Immanis. Si vous voulez me suspendre pour incompétence allez-y. Mais sachez que malgré l'apparition de quelques sentiments troublants rien n'a changé. Je suis un soldat d'Immanis, Monsieur! Je me suis entrainé toute ma vie pour servir et protéger notre chère ville des insoumis, qui par leurs existences souillent notre histoire.

Jarel avait parlé vite, peut être trop même, mais il avait bien parlé. Pour lui, être sincère à ce moment précis allait peut être prouver sa loyauté. Peut être disparaitrait-il comme de nombreux citoyens anonymes de la ville, toutefois il partirait en laissant une image digne d'un soldat d'Immanis...

EJ :

Le Fils d’Immanisius ricana aux propos du blessé, croisant les bras et il observa rapidement l’homme en souriant.

- C’est qu’il à des couilles le petit ! Eh eh !

Le fait qu’il se permette de lâcher de telles remarques à côté de l’un de ses supérieurs montrait à quel point il se moquait de la hiérarchie. Ces soldats d’élite obéissaient à un ordre, mais jamais à une personne. L’autre personnage, à en croire ses insignes il s’agissait d’un colonel, restait étrangement stoïque. Pourtant, Jarel était à peu près sûr qu’il n’étais pas soumis au H.I.S. Après avoir toussé légèrement, il reprit la parole.

- Bien. Votre loyauté vous honore. Sâchez que vous venez d’être porté sur les listes d’Insoumis officiels, vous n’aurez plus à vous inquiéter pour vos… déviances. Vous verrez, vous n’aurez aucun mal à maîtriser vos sentiments après un léger entraînement. Je me présente : Colonel Humphrey, j’ai été chargé de vous transmettre une bonne nouvelle. Votre travail à été très efficace dans la Frontière, le gouvernement a tenu a vous donner une prime, ainsi qu’une promotion. Notez qu’un soldat de grade 1 comme vous ne devrez pas pouvoir changer de grade, mais nous avons le bras long. Vous voilà Lieutenant ! Je devais juste vérifier que vos pensées cadraient toujours avec celles du gouvernement.

L’homme sourit largement. Jarel venait de monter de deux grades, lui qui n’aurait jamais dû quitter le sien. Il ne savait pas vraiment comment réagir. FI-111 s’approcha de lui et posa une main gantée sur son épaule, tout en lui adressant un large sourire –il lui manquait une dent. L’inquiétant soldat tendit une carte à celui qu’il avait sauvé.

- J’aime bien les gars dans ton genre, voici mon numéro si jamais tu es intéressé par un « entraînement spécial ». Maintenant si tu veux bien m’excuser, mais j’ai rendez-vous avec une pure gonzesse.

L’homme quitta la pièce sous le regard offusqué du colonel. Celui-ci observa un instant Jarel un instant avant de lui annoncer qu’il disposait d’une semaine de repos. Il pourrait quitter l’hôpital dès le lendemain. Peut-être était-ce l’occasion pour lui de réfléchir à son intéressante promotion, à moins qu’il ait mieux à faire. Jarel avait l’ordre de retrouver Humphrey au QG des Unificateurs pour recevoir de nouveaux ordres d’ici sept jours.

HJ :

Tu as reçu une prime de 250 crédits
Tu disposes d’une semaine de repos, à toi de voir si tu désires en faire quelque chose ou embrayer directement sur une nouvelle mission…
Note : La hiérarchie militaire d’Immanis sera bientôt postée dans la database.

Après le départ des deux hommes étranges, un médecin et deux infirmières entrèrent afin de changer les bandages du jeune homme. Ils libérèrent également ses jambes de ses atèles afin qu'il puisse de nouveau marcher. Une infirmière lui tendît deux béquilles, Jarel eut l'air particulièrement contrarié mais le médecin lui expliqua.

- Vous n'êtes pas totalement remit. Vos muscles en ont pris un sacré coup, si vous ne voulez pas qu'ils lâchent de nouveau je vous conseille d'utiliser ces béquilles pour les trois prochains jours. Vous devrez également changer régulièrement vos bandages pendant cinq jours. Pour cela une infirmière passera, nous avons donc pris vos coordonnés. Très bien, à présent plus rien ne vous retient ici. Hormis ces quelques petits soucis vous êtes en parfaites santé.

Le médecin referma le dossier du patient et quitta finalement la pièce en compagnie d'une des infirmières, l'autre étant restée avec le patient. Celle-ci ouvrit l'imposante armoire afin d'en sortir des vêtements civils, les vêtements de Jarel. Celui-ci à la fois surpris et contrarié s'adressa à la jeune infirmière.

- Quelqu'un est passé?
- Oui, vos parents. Votre mère nous a confiée ceci afin que vous puissiez rentrer. Nous venons de leurs téléphoner et ils ne devraient plus tarder maintenant.
- Je vois...

En réalité Jarel savait que l'homme qui viendrait le chercher ne serait pas son père mais son major-d'homme, qui au fil des années devînt son fidèle ami. Quant à sa mère, elle serait sans doute bien trop occupée au bureau pour venir chercher son fils convalescent à l'hôpital. Bien qu'accoutumé à ce genre de choses Jarel n'arrivait toujours pas à avaler la pilule. La jeune infirmière déposa le linge propre au pied du lit avant de quitter la chambre, laissant ainsi seul le jeune Unificateur.
Celui-ci parvînt à se changer malgré l'invalidité partielle de ses membres. Puis après quelques longues minutes d'attente quelqu'un frappa à la porte. Un vieil homme chauve entra.

- Pardonnez moi de vous avoir fait attendre, monsieur.

Jarel se retourna vers le nouveau venu avec un sourire au visage, chose dont le major-d'homme fût surprit bien que mis au courant de l'affaire.

- Ce n'est pas grave Stanley.
- Nous rentrons?
- Oui...

Le vieil homme aida donc Jarel à marcher jusqu'à la sortie. Le jeune homme n'avait jamais marché avec des béquilles, toutefois l'apprentissage fût plus rapide qu'il ne l'eut pensé. Devant les portes de l'hôpital était rangée une voiture noire. Stanley proposa à Jarel de l'aider, mais ce dernier tenait à s'installer seul. Ainsi le retour se fît en silence, les deux hommes étant mis mal à l'aise par cette histoire de H.I.S.
Une fois arrivé au tournant du parc au centre ville, Jarel eut comme une désagréable sensation, il interpela alors son chauffeur.

- Stanley? Conduisez-moi plutôt à mon appartement.
- Pardon monsieur?
- À l'appartement!
- Comme vous voudrez monsieur.

Ainsi le chauffeur prit l'avenue adjacente afin de rejoindre le quartier des affaires. Jarel y possédait un appartement où il n'y vivait que très peu. Toutefois il comprit qu'il avait envie de vivre une nouvelle vie. Il ne savait pas jusqu'où ces désirs allaient l'emmener mais il appréciait de si conformer, cela devait s'apparenter au plaisir, sans doute.

L'immeuble n'était pas bien grand, mais il savait l'intérieur spacieux. Il ne recevait que très peu de visite, peut être était-ce la raison qui le poussa à venir dans cet endroit. Comme d'habitude l'endroit était calme. Les pièces très bien ordonnée et étrangement vides. La major-d'homme posa les valises dans la chambre avant que Jarel ne lui fasse prendre congé.
Assit sur le rebord du lit, Jarel se voyait contraint de revivre la mission. D'abord INZ-23 qui disparait sous un tas de gravas, puis ces femmes et ces enfants massacrés de sang froid. Ces images violentes et horribles repassait en boucle dans son esprit jusqu'à ce qu'il plaque ses mains contre son visage. Après cela il sombra une nouvelle fois dans un sommeil profond pour ne se réveiller que quelques heures plus tard.
Lorsqu'il ouvrit les yeux, il observa un moment la pendule. Il était 23h30. Sentant qu'il étouffait dans cet endroit il se changea, prit sa veste et sortit en civile pour une petite promenade dans les rues de la ville.

Dans ces rues, la criminalité était sous-jacente. On ne laissait rien au hasard, tout était calculé de sorte à ce que les habitants d'Immanis n'y voient que du feu. Les gens vivaient une vie qui leur était imposée, on faisait du commerce, on mangeait, on travaillait mais jamais on ne s'amusait réellement. Et même si les gens étaient disposés à éprouver du plaisir ils ne voudraient surement pas chanter et danser avec toute la milice armées dans les ruelles. C'est avec ceci que Jarel se sentît tout d'un coup étrange. Une sensation de malêtre, il n'avait envie de rien... non ce n'était pas ça... c'était comme un grand trou au fond de lui. Il avait la gorge nouée... était-ce de la tristesse? Quoiqu'il en soit il continua d'errer dans les rues pendant un moment. Jusqu'à ce qu'il tombe sur une vieille cabine téléphonique dans une sombre ruelle isolée de tout. Il la fixa un moment avant de sortir un papier cartonné de sa poche. C'était le numéro de FI-111. Pourquoi l'appeler lui à cet instant précis? Il n'en savait rien mais il en avait envie, c'était la seule raison valable. C'est pourquoi il décrocha le combiné et composa le numéro avec une touche d'hésitation. La dernière touche restait en suspend... devait-il le faire? Il ne mit pas très longtemps à se décider et à appuyer sur cette touche. Après cela les bips se firent entendre...

EJ :

Les quelques pilules données par l'hôpital faisaient peu à peu leur effet, les soins d'Immanis étaient vraiment efficaces, et le soldat savait qu'il serait bientôt sur pied, mais sa santé physique n'était pas ce qui le préoccupait, le pire était son mental. Lui qui adolescent se sentait invincible et inébranlable, prêt à tout pour devenir soldat, commençait à perdre confiance. Chaque pensée le déstabilisait, et il sentait même des larmes lui monter parfois aux yeux, sans véritable raison. Le H.I.S n'agissait résolument plus, et Jarel se sentait comme un junkie sans sa dose, et le pire pour lui était de savoir que cette dose n'existait plus : son organisme était définitivement immunisé à l'H.I.S. Les rues de la ville étaient désertes, les citoyens dociles dormaient tous à poings fermés, pour être prêts à vivre le lendemain un nouveau jour de leur misérable existence. Le seul être auquel le soldat pouvait encore se raccrocher était 111, celui qui avait déjà sentit ce qu'il ressentait. Jarel composa le numéro sans même réfléchir et fut presque rassuré d'entendre la voix du soldat Insoumis.

- Tiens tiens, ne serait-ce pas notre brebis égarée ?

A cette heure de la nuit, l'homme devait se douter que personne d'autre ne pouvait l'appeler.

- Laisse-moi deviner ? Tu te sens seul, tu as l'impression que quelque chose de va pas mais tu ignores ce que c'est. Solitude et mélancolie, voilà ce que tu ressens, et crois-moi : c'est très prometteur. J'ai justement quelque chose pour toi chez moi. J'habite dans la dix-septième rue, bâtiment 15, appartement 101, si tu n'as rien d'autre à faire... Viens ce soir !

Il y avait quelque chose d'inquiétant dans la voix de l'Insoumis, mais qui était captivant à la fois. La dix septième rue était plutôt loin de l'endroit mais quelques taxis passaient encore malgré l'heure tardive...

HJ :
Tu gagnes un point da capacité en apprenant à gérer tes sentiments.
Tu récupères 10 points de vitalité, ton torse te fait un peu moins mal.

Visiblement attendu, Jarel ne put refuser une telle invitation, pas de la part d'un fils d'Immanis. Refuser serait un manque de tact et un surtout un manque de discernement. Se retrouver sur la liste blanche d'un fils d'Immanis était sans doute ce qui pouvait arriver de mieux après avoir rencontré Immanisius III en personne. Jarel, ayant raccroché, sortit de la cabine. L'air frai qui envahissait ses poumons lui soulageait un peu le torse. À cette heure-ci, plus personne ne tranait dans les rues, mais Jarel ne se sentait pas pour autant rassuré. Toutefois, alors qu'il déboucha de nouveau sur l'avenue principale il vît un taxi passer non loin. Le taxi arrivait vers lui avec les fars allumés. Jarel fît un signe de la main afin que le taxi s'arrête sur le bas côté. L'homme au volant était âgé d'environ 50 ans, son visage exprimait clairement le temps vécus avec ces rides profondes. Les yeux petits et fatigués se tournèrent vers le jeune Unificateur qui s'était installé à l'arrière.

- Où allons nous, monsieur?
- Dix-septième rue, bâtiment 15.
- Compris.

L'homme se retourna, il n'était pas blasé ni plein d'entrain. Il faisait juste ce pour quoi il avait été embauché. Pas un sourire, pas un clin d'oeil. À côté de FI-111 ces hommes paraissaient bien mornes, ils étaient comme des zombies. Un tel décalage faisait frissonner Jarel qui était impatient de ce faire à ces changements. Le fils d'Immanis semblait vivre en accord avec ses sentiments. Peut-être était-ce un habitude à prendre, voir des gens zombifiés dans les rues et trouver cela normal.
La voiture filait à vive allure à travers la ville. Jarel n'avait pas le temps de dicerner les contours des formes, il ne voyait qu'une trainée lumineuse, les lumières des lampadères de la ville était ce qui lui rappelait qu'il restait vivant.
Après quelques instants de silence, la voiture s'arrêta et le vieil homme, s'en se retourner, s'adressa à Jarel.

- Terminus monsieur. Le bâtiment se trouve juste en face.
- Merci bien.

Jarel glissa un billet afin de s'acquitter du prix à payer pour le transport puis il descendît de la voiture. Celle-ci démarra aussitôt et disparut dans le dédales de rues. Jarel monta alors au premier étage pour trouver l'appartement 101. Derrière cette porte l'attendait un homme des plus étranges, toutefois il était sans doute le seul à pouvoir l'aider.

*Être un insoumis ce n'est pas si facile finalement...*

Jarel frappa alors à la porte en attendant une réponse de FI-111. Une réponse qu'il redoutait soit disant en passant...

EJ :

La porte s’ouvrit immédiatement sur un 111 tout sourire.

- Jarel ! Entre, je t’attendais…

Le soldat fut surpris d’être appelé par son prénom et non par son matricule comme il était d’usage dans l’armée. Cet homme n’était résolument pas comme les autres. Le jeune homme fut accueilli par le Fils d’Immanisius comme un ami. L’appartement était tout ce qu’il y avait de plus luxueux. Comme souvent dans ce genre d’immeuble, il disposait de tout l’étage. Jarel fut invité à s’asseoir dans le salon, sur un fauteuil tout à fait confortable. Là, les deux hommes commencèrent à parler de banalités, Jarel ignorait encore tout de la « surprise » qui l’attendait et dont 111 avait parlé au téléphone.

- Tu as trouvé facilement ? Tiens, avales donc ce verre de délicieux whisky ! Et ne m’appelle pas par mon matricule je t’en supplies ! Mon nom est Arcas, Arcas Smitrof.

Plus la conversation allait, et plus Jarel s’amusait, pris d’un nouveau sentiment, bien plus agréable que les précédents. Arcas devait être âgé d’une dizaine d’années de plus que le lieutenant, mais semblait être un véritable savant pour lui. Le soldat d’élite était né et avait vécu toute sa vie avec ces étranges sentiments. Il savait les maîtriser parfaitement, et c’est pour cela qu’il était bien plus efficace qu’un minable grade 1 tel que Jarel l’était. Au bout de quelques temps, alors que le lieutenant était quelque peu apaisé par l’alcool, la conversation tourna sur les évènements récents.

- Tu dois ignorer tout ça toi qui a roupillé une petite semaine, mais les Unificateurs ont fait pas mal de descentes dans la ville il y a deux jours. La plus grande opération jamais effectué dans Immanis même, les crânes explosaient de partout tu peux me croire ! Bref, c’est un peu pour ça que je suis dans la ville, j’avais pour mission de m’occuper personnellement d’un chef d’un groupe criminel profondément implanté à Immanis : les faiseurs de rêves.

Jarel acquiesçait sans vraiment comprendre, lui qui avait toujours cru qu’il n’y avait presque pas d’Insoumis dans Immanis apprenait qu’il en existait en réalité tout un réseau.

- Le mec que j’ai dû abattre était une vrai brute méca-modifiée, c’était le boss de la section « crimes » d'e l’organisation, pas un marrant crois-moi ! Bref, si je te racontes tout ça c’est juste pour que tu comprennes un peu mieux ce que je vais te montrer. Allez ! Lève toi sale paresseux !

Arcas se leva, posant son verre et aida Jarel à se lever. Le lieutenant récupéra ses béquilles. Il boitillait un peu alors autant ne pas forcer. Il crut voir son compagnon sourire en le voyant se lever si pitoyablement.

- Viens, viens, c’est par ici.

Arcas venait d’entrouvrir une porte après avoir passé un couloir, la salle semblait très obscure. Arcas désigna la porte pour montrer à Jarel qu’il devait entrer. Celui-ci passa devant son ami en lui souriant. Il entra dans cette nouvelle pièce, plongée dans le noir. « Clac ! » Arcas venait de claquer la porte derrière le lieutenant et un cliquetis indiqua qu’il tournait la serrure. Jarel était enfermé, seul… Ou non. La lumière s’activa, éblouissant le soldat. Quand ses yeux s’habituèrent à l’éclairage, il observa la pièce. En face de lui, un homme était assis sur une sorte de trône, des entraves lui tenaient les bras… ou plutôt les prothèses mécaniques qui lui servaient de bras. Deux iris violettes fixaient Jarel, il s’agissaient d’yeux mécaniques. Le lieutenant comprit qu’il se trouvait devant le boss des faiseurs de rêves dont Arcas lui avait parlé.
Il remarqua soudain la vitre blindée sur le côté de la pièce, Arcas était là, à observer ses deux « prisonniers ». Il adressa un sourire amical à Jarel avant d’appuyer sur un interrupteur. Les entraves du captif se libérèrent et l’homme se leva, adressant un sourire mortel à l’homme en béquilles. Le criminel devait mesurait deux mètres et ses prothèses aux bras semblaient plutôt puissantes. Il se dirigea vers Jarel l’air déterminé. Inutile d’être naïf, le combat qui allait avoir lieu ne serait en rien un combat amical, mais bien un combat à mort, et Arcas serait le seul arbitre.


HJ :

Les crédits sont des cartes plastifiées et non des billets
Le titre du sujet commence à prendre plus de sens !

Lorsque la porte claqua derrière lui, Jarel se retourna brusquement pour constater que cet Arcas l'avait enfermé. Il se tourna de nouveau vers l'homme qui était attaché au trône. C'était une véritable masse, nul doute que la force chez cet homme primait. Puis, soudain, les attaches qui retenaient captif l'homme mécanique libérèrent ce dernier. Jarel comprit alors qu'il avait été roulé. Il tenait fermement ses béquilles alors que l'homme se levait avec un regard assassin.

*Plus de doutes possible, il va falloir se battre...*

Le chef des faiseurs de rêves se jetait déjà sur lui. Jarel se servît de sa béquille droite pour tenter d'assommer le mécanoïde mais celui-ci n'eut fait qu'une bouché de la béquille de fer qui se tordît dans sa poigne. L'homme poursuivît en abattant son bras droit à l'intention de la tête de l'unificateur. Jarel esquiva en roulant sur le côté, mais lorsqu'il voulu se relever il fût stoppé par sa douleur au torse. C'est ainsi qu'il se prit un premier coup de prothèse en plein visage. Jarel glissa au sol alors que l'homme se baissait pour le prendre par le col. Toutefois Jarel plaça sa jambe sur le torse de son ennemi afin de le projeter vers l'arrière. L'unificateur se releva tant de bien que de mal et se rua vers la béquille encore en état. Lorsqu'il se retourna, le mécanoïde était sur le point de le frapper de nouveau, Jarel frappa alors au foie à l'aide de la béquille puis continua avec un coup de pied dans la tête.

Le combat n'avait rien de rythmé ou de technique. C'était un combat bestial pour la survie. Les gestes étaient exécutés en hâte et donnés à l'aveuglette. Jarel ne contrôlait presque plus ses gestes, de plus ses blessures antérieurs à cette rencontre lui donnait un réel désavantage, cependant, le mécanoïde semblait lui aussi avoir souffert. Le chef des faiseurs de rêves, à cet instant, ressemblait plus à un monstre sanguinaire ressemblant à un humain qu'à un humain à proprement parlé.
Quant à lui, Jarel ressemblait à une proie cherchant par tout les moyens à se protéger de son prédateur.
Le spectacle était sanglant, l'ambiance... machiavélique. L'ampoule au plafond se balançait dans tous les sens, rendant ainsi l'ambiance lumineuse trouble. Le râle des deux hommes et les gémissements de douleur rendaient le combat tribal... ce n'étaient plus des hommes, c'étaient devenus des bêtes sauvages. Le claquement des os sur la chair se faisait très nettement entendre.

Jarel était repassé derrière le trône afin de respirer un peu. Le mécanoïde semblait vouloir attraper l'unificateur mais celui-ci tournait autour du trône. Toutefois Jarel ne pût se cacher très longtemps car soudain l'homme se jeta sur le trône et agrippa Jarel par la chemise. Jarel, affolé, tomba au sol, puis rampa sur une courte distance avant de se rappeler de quelque chose.
Qu'est-ce qui faisait de lui un Unificateur? L'absence de sentiments? Certes, sans sentiments il n'y avait pas de peur possible, mais l'insoumission au H.I.S revenait à abandonner cette vision des choses. Tuer ou mourir. C'était l'unique choix à faire à cet instant précis. Quelle question! Le choix fût très vite fait et Jarel se releva afin de faire face à l'adversaire qui se jetait déjà sur lui.

Jarel attendît le dernier moment avant d'avancer tout en se penchant. Le mécanoïde passa alors par dessus lui avant d'être éjecté par Jarel qui se redressa brusquement. Le mécanoïde était à terre et Jarel se retourna pour lui donner un gros coup de pied dans la tête. Il aurait voulu continuer mais il savait que son adversaire lui attraperait la jambe. Il recula alors et prit de nouveau l'une des béquilles et se prépara au prochain assaut de son ennemi qui se relevait un peu sonné. Celui-ci ne tarda pas à foncer de nouveau sur Jarel qui se précipita derrière le trône. L'homme, fou de rage, grimpa sur le siège et sauta sur Jarel qui ne fît rien pour l'en empêcher hormis placer la béquille à la verticale. Cela n'avait pas suffit à empaler le mécanoïde mais cela avait suffit à lui couper le souffle. Jarel en profita alors pour se dégager de l'emprise de son adversaire et roula sur le côté pour se relever.
La béquille avait été fragilisée ce qui lui permit de la casser en deux. Cette fois les deux extrémités étaient devenues tranchantes. Jarel se remît alors en position défensive en attendant l'assaut de son adversaire qui se rua encore une fois sur lui. Cette fois le mécanoïde parvînt à attraper Jarel par la taille. Il commença alors par lui faire une compression rénale dont Jarel eut bien du mal à surmonter la douleur. Les deux hommes restèrent ainsi pendant deux petites secondes avant que Jarel ne se donne les forces nécessaire afin de planter l'une des béquilles à l'oblique dans l'épaule droite du mécanoïde. Ce dernier lâcha alors prise et Jarel en profita pour planter le second pieu improvisé dans le ventre de son adversaire.

C'est ainsi, à bout de force, que Jarel tomba au sol. Épuisé et souffrant il reprenait son souffle affalé sur le sol. Il pensait avoir gagné jusqu'à ce qu'il n'aperçoive la silhouette de l'enragé. Puis, après un balancement de lumière il put voir le visage déroutant de son ennemi. Il tenait à la main le pieu qui lui avait été planté dans le ventre. L'autre gisait au sol un peu plus loin derrière. Jarel, dans un sursaut de volonté de survie, roula de nouveau sur le côté. Mais le mécanoïde avait comprit les manœuvres de Jarel et avait prit soin de prévenir cette esquive en frappant en conséquence. Jarel sentît donc le morceau de ferraille se planter dans son épaule. Et sur un hurlement de douleur, il se servît de son pied pour frapper l'ennemi à la tête. Ce dernier s'écroula sur le côté pendant que Jarel se relevait. Il arracha en hâte le pieu de son épaule puis prit l'autre en main. Et avec les deux armes en mains il hurla à s'arracher la gorge.

- Tu vas finir par crever, enflure!!!!!

Jarel se jeta alors sur son adversaire en lui plantant les deux pieux dans chaque globe rétinien. Même l'informatique n'avait pas put le sauver cette fois. Les pieux finirent leurs courses au beau milieu de la cervelle du mécanoïde. Jarel retomba alors au sol, gisant aux côtés du mort qui baignait dans son propre sang... De multiples entailles étaient visibles sur le visage de l'unificateur. Sa chemise blanche pleine de sang était déchiquetée, et son pantalon noir troué au genoux. Ses mains étaient imprégnées de sang d'un mélange du sang de son adversaire et du siens provenant des écorchures de ses poings.

HJ: Ah oui, j'avais oublié pour les cartes. Désolé, cela ne se reproduira plus!^^

EJ :

Jarel était à bout de forces, et il sentait une affreuse douleur à l’épaule. Il essaya pitoyablement de se relever mais tomba de nouveau sur le cadavre du faiseur de rêve. Un liquide jaunâtre –organique ou mécanique ?- s’écoulait de ses orbites défoncées. A l’intérieur, les yeux artificiels crépitèrent un instant avant de s’éteindre. Le lieutenant de l’armée d’Immanisius, épuisé, allait tomber dans les vapes quand il surprit un mouvement dans la pièce. La porte venait de s’ouvrir et Arcas était apparu dans l’embrasure, un sourire aux lèvres. Soudain, une force insoupçonnable s’empara du blessé, et sans même y réfléchir, il se dressa sur ses jambes et plongea vers son soi-disant « ami » en hurlant.
Le bras de Jarel fusa vers la mâchoire de l’autre soldat mais en un instant à peine, celui-ci para et se retrouva en position de supériorité. Sans vraiment comprendre le pourquoi du comment, Jarel se trouvait immobilisé par Arcas qui pressait l’un de ses bras contre sa gorge. Le blessé étouffait, il sentit une douleur dans le cou. On venait de le piquer avec une seringue. Si elle avait contenu du poison, il serait mort dans la seconde, mais au contraire, il sentait une nouvelle force s’emparer de ses membres, comme une énergie divine qu’Arcas lui aurait injecté. L’homme le relâcha de son étreinte, le laissant libre.

- Bien. Très prometteur. Cela s’appelle la colère. Tu dois l’accepter dans une juste mesure pour devenir le meilleur, mais en aucun cas elle ne doit s’emparer de toi comme elle vient de le faire.

Le Fils d’Immanisius jubilait. Jarel quand à lui le regardait en haletant, la respiration forte, prêt à plonger de nouveau sur lui. Ce sentiment le dévorait de l’intérieur, le poussait à frapper.

- Calme-toi et allons te soigner dans le salon, nous serons mieux pour discuter. Tu as fais un très bon boulot tu sais, c’était pas un clown ce gus !

Jarel serra le poing…

HJ :
Tu gagnes deux points de capacités pour ce magnifique combat !
Tu perds 40 points de vitalité. Même si la seringue d'Arcas t'as donné un peu de force, tu es épuisé, tes points de suture au ventre ce sont ouverts pendant le combat et tu as une blessure relativement importante à l'épaule. Tu as un oeil au beurre noir ainsi que de multiples griffes sur le visage et les bras.

Jarel se sentait humilié dans un certain sens. Bien entendu ce sentiment était nouveau pour lui... quoique... à y réfléchir ce n'était peut être pas la première fois. À l'époque, même s'il ne le ressentait pas, on le menait ainsi au travers de multiples entraînements. Le fait de se prendre une raclée et de recevoir une correction de la part de son supérieur n'était pas nouveau. Et c'est en y repensant qu'il sentait de nouveau ce sentiment. Il comprit alors que le H.I.S ne supprimait pas les sentiments, il ne faisait que les endormir. Ils étaient toujours là, quelque part, au fond du cerveau. Ils s'exprimaient, mais le cerveau était conditionné pour ne pas les traiter. Étrange produit que ce H.I.S, et bien plus encore ce produit qui venait de lui être injecté. Il se sentait assez revitalisé pour ne pas sombrer dans les vapes mais pas assez pour tenir sa vengeance.

Une vengeance, pourquoi faire? Jarel venait de se battre contre un insoumis infiltré, c'était finalement un honneur d'avoir put mettre un terme à sa vie. Il ne devait pas s'en sentir humilié, mais gratifié. C'était comme ça, il était né pour obéir mais même s'il savait qu'il devait rester à sa place, au fond de lui, il sentait qu'il voulait autre chose. Un jour il cesserait de jouer au chien d'Immanis et il deviendrait un homme et il serait considéré comme tel. C'était bien plus qu'une simple volonté, c'était devenu une promesse...

Arcas aida son "protégé" à rejoindre le salon pour l'installer sur le divan. Lorsqu'il se retrouva en position assise Jarel ressentit un déchirement au bas du ventre. Il y jeta un bref coup d'œil pour constater que ses points de sutures avaient lâchés. L'unificateur laissa sa tête retombé en arrière avec un regard désappointé.

*Je vais devoir me faire recoudre ça et attendre de nouveau une semaine... c'est pas la joie.*

Pendant que son hôte préparait le nécessaire pour prodiguer les premiers soin au Lieutenant, celui-ci revivait encore le combat qu'il venait de livrer. Jamais il ne s'était mit dans un état pareille, drôle de sensations. Et c'est lorsque Arcas revînt dans la pièce que Jarel se redressa un peu. Le fils d'Immanisius il ne le connaissait que depuis très peu de temps, mais déjà il savait qu'il était imprévisible. Le fait qu'il lui ait sauvé la vie une fois et qu'il le soignait à cet instant, n'assurait pas l'avenir. Qui sait ce qu'il lui passerait par la tête. Un jour peut être il lui prendrait l'envie de faire participer Jarel à un jeu sanguinaire où finalement il y trouverait la mort.

Arcas était-il de ces hommes qui porte si peu d'attention à la vie? Ne respectait-il donc rien hormis sa personne? Ces pensés furent très vite balayées lorsque Arcas posa la compresse imbibées de désinfectant sur la plaie de Jarel. Son épaule qui le faisait tant souffrir devenait à cet instant un foyer de flammes insupportables. Jarel serra les dents pour ne pas hurler de douleur. Il en vînt même à taper du poing sur le divan afin de surmonter la douleur jusqu'à ce que FI-111 retire la compresse.

- Mais qu'est-ce que c'est que ça?! Ça fait un mal de chien!

Jarel cracha ces paroles alors que du sang commençait à jaillir de sa plaie au ventre. Peut être qu'il n'était pas assez en état pour se promener finalement. Peut être aurait-il dut rester chez lui à se lamenter sur la perte de ses hommes? Non, il fallait qu'il soit ici. Malgré la douleur il apprenait un tas de choses. Tout commençait à s'éclaircir, bientôt, peut être, en finira-t-il avec cette histoire de sentiments nouveaux. Cependant, alors qu'il perdait du sang, il ne tombait pas dans les vapes. C'était à ne rien y comprendre.

*Le produit injecté... C'est ça qui me tient éveillé?...*

EJ :

Arcas agissait comme s’il était en territoire ennemi : vite et bien. En quelques minutes à peine, il avait recousu le ventre de Jarel, après lui avoir injecté une nouvelle piqure –un anesthésiant local cette fois-ci- et serré une compresse autour de son épaule. Les Fils d’Immanisius semblaient posséder un grand nombre de produits plus ou moins « médicinaux ». Après une nouvelle injection, d’anthalgiques cette fois-ci, Jarel se sentait parfaitement détendu, un peu trop peut-être. Arcas posa une pile de cartes plastifiées sur la table.

- Voilà pour ton argent de poche ! Tu m’as bien plu soldat ! Tu n’as pas hésité une seconde, je n’en attendais pas moins de toi. Crois-moi, l’une de ces larves sous H.I.S n’aurait pas fait le poids face à ce type.

Le soldat d’élite se leva et alla chercher la bouteille de Whisky, il versa de nouveau un verre à son invité avant d’en prendre un lui-même. Jarel sentait tout ses membres s’engourdir dans une agréable léthargie, il parvint quand même à saisir le verre. L’alcool brûla sa gorge.

- C’est ça, bois, ça te requinquera !

Les deux hommes avalèrent tranquillement leur verre, laissant s’installer un profond silence dans l’appartement. Le cadavre du criminel gisait encore à quelques pièces de là, le sang s’écoulant de ses orbites vides. Pourtant, Jarel se sentait ailleurs. 111 était une machine à tuer avant tout, mais il y avait autre chose… Après quelques minutes, il reprit la parole, très sérieusement cette fois-ci.

- Tu sais Jarel, j’ai mis pas mal d’espoir en toi, je te prédis une grande carrière. Ce ne sont pas les Soumis qui évoluent dans cette armée, et crois-moi, les coincés genre Humphrey n’iront pas plus loin non plus. Au contraire, il me fallait un gars comme toi ! En tant qu’agent spécial, je suis pas souvent au contact avec la hiérarchie, toujours en vadrouille ça et là tu comprends… Cette ville est grande, et profonde ! Très profonde… Bref, je me suis toujours dis qu’il serait intéressant d’avoir un allié dans l’armée.

111 regardait son verre vide comme s’il réflechissait, un sourire déchira son visage, mais un sourire torturé.

- Ce genre de régime ne tiendra pas éternellement, le tyran commence à se faire vieux, et il n’a jamais pu pondre un rejeton. Les chiens qui lui servent de généraux –O’Connor ou Dumb- sont de bons soldats, mais ils ne sont pas invincibles. Il faudra à cette ville des dirigeants forts. Des gens efficaces et utiles, des gens comme nous si tu vois ce que je veux dire…

Arcas étudiait l’autre homme, il était clairement en train de blasphémer contre Immanisius III, si cela avait été il y a une dizaine d’années, Jarel l’aurait immédiatement dénoncé aux autorités, mais actuellement, il était en pleine possession de ses sentiments, et, l’antalgique aidant, il n’eut pas une réaction si excessive.

HJ :
Tu gagnes 200 crédits
Les soins te font récupérer 10 points de vitalité, tu es dans le gaz, à moitié endormi par les soins.

Alors que Arcas exposait son point de vue vis à vis du gouvernement actuel, Jarel, lui, rêvassait un peu. C'est son enfance qui le préoccupait le plus. Il se demandait comment des gens pouvaient encore enfanter alors qu'ils ne ressentaient plus rien. Plus de sentiments revient à ne plus aimer. C'était étrange, comment était-il venu au monde si ses parents ne ressentaient pas le besoin de se rapprocher.
À l'école c'était vide. Les gens étaient bien présent, Jarel également, mais il ne semblait pas y avoir de vie. Les personnes étudiaient ou travaillaient mais jamais ils n'affichaient un sourire ni ne plaisantaient. On parlait tout le temps boulot ou leçon, jamais personne n'avait put se démarquer des autres. C'était comme vivre dans une usine occupée exclusivement par des robots. Oui, des robots. Alors que les dirigeants rêvaient d'un monde meilleurs ils avaient engendrés des monstres incapables d'éprouver quoique ce soit. Mais qui étaient réellement les monstres, les robots ou leurs créateurs?

Jarel ne savait pas vraiment ce que pensait Arcas. Était-il pour ce système despotique et honteux, ou bien y avait-il autre chose? FI-111 n'accordait plus aucune confiance en leur dirigeant, c'était certain sinon il ne se serait jamais permis de blasphémer de la sorte. Cependant on ne savait pas s'il gardait encore foie au H.I.S. Bien des mystères entouraient Arcas. Jarel ne le connaissait pas depuis suffisamment longtemps pour parier à 100% sur cet homme. Il lui fallait d'avantage que de simples paroles pour accorder sa confiance.
Arcas continuait toujours de fixer Jarel, c'était le moment de donner une réponse désormais. Jarel inspira profondément avant de se sentir tout drôle. Sa tête commençait à tourner de plus en plus. Il avait du mal à se concentrer, sa vision se brouillait. Et d'un coup il se sentît planer. Sa vision redevenait un peu plus net sans pour autant distinguer chaque contour du visage de son interlocuteur. Il laissa sa tête retomber sur le canapé avant de souffler un peu.

- Je ne sais pas vraiment que penser pour le moment. Je... je... je me sens bizarre...

Jarel commença à avoir des bouffés de chaleurs. Il avait du mal à tenir en place, sa tête se balançait de droite à gauche sans vraiment savoir ce qu'il cherchait à observer. Arcas était là, mais il semblait aussi absent. Tout semblait s'éloigner pour Jarel. Il se retrouva très vite plongé dans sa classe de collège. Il était en plein délire mais il ne le savait pas.

- Immanisius III est né pour nous guider. Le bienfaiteur doit pouvoir avoir confiance en ses sujets. Nous, citoyens d'Immanis devons servir avec honneur notre bienfaiteur, car c'est un juste retour des choses.

Drôle de délire, c'est le gamin qui parlait à cet instant. Jarel se savait en dehors de ses moyens. Il n'arrivait pas à se défaire de l'image de son ancienne prof qui débitait son cours comme elle le ferait d'une poésie s'il y en avait encore. Jarel avait de temps à autre des flash, il entrevoyait FI-111 dans la pénombre. C'est ce qui le fît revenir à lui, petit à petit.
Lorsqu'il eut retrouvé ses esprits il ne savait dire combien de temps s'était écoulé, et ni ce qu'il avait put raconter durant ce laps de temps.
Il posa de nouveau son regard sur Arcas.

- Le gouvernement en place... je ne sais pas qui il est en réalité. On ne nous apprend pas à le connaître mais à le servir. Vous me demandez de trahir Immanisisus III, comment pouvez vous être certain que je n'irai pas vous dénoncer?

Jarel était désormais entre un état de conscience et un léger sommeil. C'est à cet instant que tout se jouait car Arcas pouvait lui faire dire tout ce qu'il voulait. Jarel n'était pas suffisamment conscient pour se rendre compte que l'antalgique combiné à l'alcool le rendait plus malléable.

EJ :

Arcas semblait amusé par l'état étrange de Jarel, l'agent n'avait sans doute pas fait attention à la mauvaise idée qu'était de combiner alcool et médicaments.

- Tu n'es pas très solide mon ami ! Il faudra t'entraîner ! lâcha-t-il en tapant amicalement la tête de Jarel.

Plus sérieux, le Fils d'Immanisius posa son verre. Son visage, déformé par la drogue, apparaissait comme plus complexe que jamais pour Jarel. L'homme paraissait si simple, et pourtant c'était l'une des unités de combat les plus dangereuses du système. En tant que tel, il devrait croire plus que jamais en Immanisius III, et pourtant... L'homme fut toujours aussi mystérieux dans sa réponse.

- Et toi petite tête... Comment peux-tu être certain que je ne suis pas en train de te tester ? Tu sais le problème de ce monde ? C'est qu'il n'y a ni gentils, ni méchants ! les crétins d'Âme Libre se croient bons avec leurs idéaux, mais s'ils étaient à la place du despote, ce ne serait pas mieux pour nous. Si un jour tu vas à Liberia, tu comprendras que ce ne sont que des barbares.... Tu as l'air bien mal en point. Je vais te préparer un lit. Tu dormiras ici.

Arcas se leva, laissant Jarel seul.

*Semaine de merde*

Ces pensées effleurèrent les lèves de Jarel qui se laissa glisser dans le fauteuil. Et effectivement il y avait de quoi se plaindre. Tout commença par cette fameuse mission dans la frontière, là-bas tous y restèrent, il était l'un des rares survivants, voir le seul. Un tel fiasco, Jarel ne se l'expliquait pas. L'état-major avait accepté de perdre toute une unité pour s'assurer le contrôle de la situation là bas. Tout ceci prenait une étrange tournure et Jarel voulait en avoir le cœur net.

Arcas avait laissé sa veste trainer sur table du salon. Jarel jeta un œil par dessus son épaule afin de s'assurer que le soit disant Fils d'Immanisius avait quitter la pièce puis il déposa une nouvelle fois son regard sur la veste. C'était risqué, s'il se faisait prendre il perdrait toute crédibilité auprès de cet homme. Devait-il vraiment le faire? Le jeu en valait-il la chandelle? Et si cet homme n'était qu'un insoumis à la solde d'âme libre? Impossible de distinguer le vrai du faux.
Jarel commençait à regretter le H.I.S, à l'époque il n'aurait pas hésité une seconde, il se serait levé et aurait jeter un œil sur les papiers du dit Fils d'Immanisius.

*Pas le temps d'hésiter, c'est maintenant ou jamais!*

Sur ces pensées Jarel se leva. La blessure au ventre et l'antalgique rendait la manœuvre assez ardue. La table n'était pas très loin mais marcher lui demandait de gros efforts.
Lorsqu'il arriva à proximité de la veste il regarda une nouvelle fois la porte par où était passé Arcas. La voie semblait libre, c'est pourquoi Jarel commença à faire les poches de la veste.

[HJ: Petit weekend de cinq jours . Ça me permettra de poursuivre un peu le RP jusqu'à dimanche soir . Je te laisse terminer l'action de Jarel comme tu le souhaites, le résultat m'importe peu sur ce coup. À la prochaine!]

EJ :

Arcas semblait occupé ailleurs, et Jarel eut tout le temps de fouiller sa veste. Il n'y trouva pourtant pas ce qu'il cherchait. Rien de compromettant en tout cas, à part sa carte d'Unificateur, une centaine de crédits et quelques autres cartes, mais aucune d'Âme Libre bien entendu.
Tout cela ne changeait rien. Jarel n'avait pas plus confiance en Arcas, mais continuait à douter d'Immanisius III lui-même. Plus rien n'allait dans ce monde... Soudain épuisé, Jarel retourna s'écrouler dans le fauteuil et ferma les yeux.
Quand il les rouvrit, la lumière du jour éclairait l'appartement. Il avait dormi plus de huit heures. Un mug empli de café l'attendait, posé sur la table basse devant lui, ainsi que quelques croissants. Le soldat fut même surpris de se sentir si bien, sans doute l'Unificateur lui avait-il fourni d'autres soins durant la nuit. Même la jambe du soldat semblait lui faire moins mal. S'asseyant pour engloutir son petit-déj', Jarel fut surpris de n'entendre aucun bruit dans l'appartement. Visiblement il était parti... Sans doute pour se débarrasser du cadavre. La vie des Fils d'Immanisius donnait froid dans le dos.

HJ :
Tu récupères 30 points de vitalité. Seules blessures subsistante : tu boîtes toujours. Tu as quelques bosses indolores sur le crâne.

Jarel se réveilla en sursaut, le visage dégoulinant de sueur il se redressa sur le canapé. L'appartement était chaud et beaucoup plus calme que la veille. Jarel remarqua que sa plaie au bas du ventre ne le faisait plus souffrir. Pour s'en assurer, il posa délicatement sa main droite dessus et fît pression avec son index. Une douleur aigüe le força à retirer son doigt; il en avait encore pour deux ou trois jours de guérison. Pour un soldat, il était important de bien connaitre son corps, sans quoi, il finirait tôt ou tard par choper un tas d'infections dues aux éraflures de missions. Pour un Unificateur c'était quelque chose de primordiale. On avait apprit à Jarel à écouter son corps et à anticiper toute infections bactériennes car un bon Unificateur mourrait au combat et non sur un lit d'hôpital.

Le silence de l'appartement piqua cependant la curiosité du jeune homme. C'en était presque pesant; pesant et rassurant à la fois. FI-111 avait sans doute quitté l'appartement dans la nuit. En pensant à cela c'est toute la soirée de la veille qui refît surface.
Le combat contre ce chef des "Faiseurs de Rêves" avait été sanglant. Jarel ne comprenait toujours pas comment il avait pu remporter un tel combat. En temps normal tout aurait joué en faveur de ce leader; Jarel aurait sans doute fini au sol, baignant dans son sang.
Toutefois, se savoir en vie rendait Jarel heureux. C'était un sentiment qu'il découvrait sur l'instant mais celui, plus que les autres, il prenait le temps de le savourer. C'est en essayant de préserver ce sentiment qu'il engloutît les quelques croissants, puis il se releva en s'appuyant sur l'accoudoir du canapé.
Tout en boitillant il arracha sa veste d'une des chaises du salon puis se dirigea vers la sortie. Quitte à partir, valait mieux le faire rapidement pour ne pas croiser Arcas qui aurait, peut être, de nouveau des envies malsaines.

*Ce type est bien sympa mais il ne ménage pas ses invités. Vaut mieux que je m'en aille. S'il a envie de me revoir, avec un peu de chance il mettra un certain temps à trouver mon appartement.*

Jarel posa tira fermement la porte et laissa celle-ci entrouverte. Ici, dans un tel quartier, personne ne penserait faire un casse chez un fils d'Immanisius.
Lorsqu'il déboucha sur la rue il remarqua que le soleil était levé depuis un petit moment. Satisfait d'avoir évité Arcas jusque là il prit à gauche et remonta la rue en quête d'un taxi.

EJ :

En marchant, Jarel remarque que sa jambe lui faisait déjà moins mal. Les soins du Fils d'Immanisius avaient été plus efficaces que ceux de l'hôpital. Arcas était décidément un homme étrange, et mieux valait l'éviter pour le moment. Le soldat n'eut aucun mal à trouver un taxi.
Il lui restait six jours de repos, à lui de voir ce qu'il en ferait...


HJ :
Ton petit déj et ton repos te rapportent 15 points de vitalité.
Le taxi te coute 10 crédits (destination de ton choix)

A toi de voir si tu veux faire l'ellipse des jours de congé et recommencer direct ou profiter de tes "vacances" !


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