Victoire [Kellran]

SUJET PRECEDENT

HJ :

Les gardiens de la ville ne purent en croire leur yeux en voyant Kellran revenir en morceaux pour la seconde fois en quelques jours. L'imposant crâne du tigre suffit à les décourager de lui parler. Boitant pitoyablement, le chasseur se dirigea jusqu'au QG de Zlort, laissant derrière lui une trainée de sang -le sien et celui de la bête. Le retour s'était déroulée sans peine, et le chasseur ne s'en souvenait déjà plus, lui qui avait plus été guidé par l'instinct que par la conscience. S'il avait croisé ne serait-ce qu'un groupe de loup, sans doute ne serait-il plus là pour en parler, mais la chance avait été avec lui. Des mercenaires méfiants portèrent leurs mains à leurs armes en passant près du chasseur blessé, tout les passants le regardaient étrangement. Kellran se posa enfin devant la porte de Zlort, il toqua trois fois avant de s'écrouler, inconscient. Quand il se réveilla, il n'était pas à l'endroit attendu. Il reconnut avec peine la lumière tamisée de la cabane d'Erinnia. Allongé sur un lit de feuillage, à même le sol, le blessé était recouvert d'un baume noir malodorant qui s'incrustait à meme ses blessures, il était presque nu.
Zlort se tenait là, il adressa un sourire à son ami, déformant son visage plein de cicatrices.

- Enfin réveillé ! J'ai eu peur que tu ne nous file entre les doigts ! Tu t'es littéralement écroulé sur moi quand je t'ai ouvert la porte tout à l'heure...

Ecoutant le récit du mercenaire, encore un peu dans le vague, Kellran saisit plus ou moins qu'il était inconscient depuis plus de trois heures. Zlort et Donovan l'avaient amené là, puis Donovan était reparti "bichonner" le crâne du tigre avant de le délivrer au collectionneur. Bien entendu, toute la somme serait délivrée à Kellran... à moins qu'il ne veuille donner un coup de main à ses amis.

- Ne bouge pas surtout. Les remèdes d'Erinnia requièrent le calme du patient. Tu verras, d'ici un quart d'heure tu sera presque comme neuf... Même s'il te faudra au moins trois jours de repos ! Tu dois avoir des choses à me raconter mon ami ? Pauvre inconscient ! Partir seul contre ce monstre ! Je t'interdis de refaire ce genre de conneries !

La guérisseuse entra dans la pièce, adressant un sourire chaleureux au jeune homme. Elle lui appliqua plusieurs larges fougères autour du torse, comme des bandages. Kellran sentit la douleur dans les côtés quand elle les lui toucha. La jeune femme appliqua ensuite une crème douce sur le visage du chasseur.

- Ces blessures sont vilaines... Des griffes ? Les cicatrices resteront visibles ! informa le jeune fille. Kellran remarqua la beauté de cette dernière, noire, les cheveux tressés. Il comprit seulement alors qu'il venait de passer à côté de la mort... Il y avait encore tant de choses à vivre.
Observant le visage meurtri de Zlort, le jeune homme se dit qu'il lui ressemblerait désormais, les quatre griffes de la bête ayant marqué les deux hommes au même endroit. Zlort s'approcha alors qu'Erinnia quittait la salle, son devoir accompli.

- Mon ami... Je te remercie de t'être occupé de cette saloperie, nous avions un compte à régler tout les deux. Je me sens mieux désormais. Écoute, j'ai parlé à un ami à moi, il travaille à l'avant-poste, dans les Bas-Fonds. Je pense qu'il pourrait te trouver un job là-bas, ça t'empechera de jouer au cow-boy solitaire !

Kellran grogna, la douleur se faisant plus forte.

- Tu veux que j'aille te chercher quoi que ce soit ?

HJ :
Les soins te font récupérer 60 points de vie. Tu souffre atrocement au torse et ton visage te pique. Tes blessures ne saignent plus, il te faut simplement du repos.
Les marques sur ton visage ne partiront pas, et tout le monde t'appellera désormais "Kell la balafre" alias "le chasseur empoté"

( Kell la balafre T_____T bon j'préfère encore ça au chasseur empoté, merci et puis les filles sont folles des beaux mâles avec des blessures de guerre *.* )

Un rêve... un rêve qui sombrait peu à peu dans les ténèbres, tendant vers le flou total, tel était le retour que fit Kellran à Liberia.
Ses blessures, alliées à sa fatigue extrême, lui faisaient perdre l'usage de son cerveau, et même de ses yeux.
Il boitait, tanguait, zigzaguait comme un homme saoûl, marchant plus par instinct que par réelle envie, traversant les derniers mètres qui le séparaient d'un accès à Liberia.
La hampe de sa lance, délicieusement décorée d'une tête de tigre bien juteuse, frappait le sol avec un bruit mat. Il y avait quelques minutes encore, ce bruit provoquait une migraine atroce au Chasseur.
Maintenant, il ne ressentait plus rien.

- Mauvais signe... non ?

Kellran pouffa de rire, abandonnant l'usage de sa raison pour éviter de tomber raide mort.
Enfin, il pénétra dans les rues de Liberia, son trophée hautement exhibé sur son morceau de lance, comme un étendard sanglant et répugnant.
Le jeune homme ne pourrait pas garder un tel souvenir. Cette tête reviendrait au client qui paierait cher pour l'obtenir.
Mais Kellran s'était quand même gardé un petit quelque chose : deux des griffes du monstre, légèrement recourbées, incrustées de noir malgré ses reflets grisâtres.

- Mmmmmmmmmmmmmh...

Le bras du Chasseur se leva, oscillant entre lui et la porte qui lui faisait face. Souvenirs confus, vue confuse... était-ce le QG de Zlort ?
Kellran frappa trois coups, fermant les yeux pour éviter de voir le monde tourner autour de lui. Il avait envie de régurgiter...
Son univers s'écroula, en même temps que lui.


- Où... suis-je ?

Cela lui fit du bien d'entendre sa propre voix. Il ouvrit les yeux, regardant sans regarder le plafond du lieu, son esprit voguant sur d'autres cieux.
Puis la voix de Zlort arriva, rassurée. Le Mercenaire apparut dans le champ de vision du Chasseur, son sourire capable d'éclairer tout Liberia tant il était lumineux.
L'homme semblait sincèrement heureux de voir Kellran en vie.
Zlort lui expliqua la situation, parlant au jeune homme du temps qu'il était resté inconscient.

- Trois heures ?

Il avait l'impression d'avoir dormi trois ans au moins. Un pâle sourire s'afficha sur les lèvres du Chasseur, bien vite remplacé par une grimace lorsqu'il voulut se lever.

- Ne bouge pas surtout. Les remèdes d'Erinnia requièrent le calme du patient. Tu verras, d'ici un quart d'heure tu sera presque comme neuf... Même s'il te faudra au moins trois jours de repos ! Tu dois avoir des choses à me raconter mon ami ? Pauvre inconscient ! Partir seul contre ce monstre ! Je t'interdis de refaire ce genre de conneries !

Kellran ouvrit la bouche, s'appretant à protester vigoureusement.
Il n'en eut pas le temps, Erinnia repoussant le Mercenaire pour avoir l'espace nécessaire aux soins du patient.
Elle eut un sourire qui bouleversa le jeune homme. A sa première visite, Kellran avait remarqué la jeunesse de la guérisseuse. Il n'avait pas noté qu'elle était aussi très belle.
L'idée d'avoir failli mourir le prit d'assaut. Il aurait manqué tellement d'aventures s'il n'avait pas survécu...

- Hein ?!!

Il avait bien entendu ? Erinnia venait-elle de dire que les cicatrices laissées par le monstre resteraient visibles ? Kellran serra le poing, se retenant d'exploser.
Puis d'un coup, il se mit à rire, et jeta un regard amusé à Zlort, dont les cicatrices personnelles sautaient aux yeux.

- Frères balafrés, chuchota-t-il pour lui-même, tandis que le Mercenaire lui racontait qu'il lui avait trouvé un nouveau boulot.
Boulot qu'il ne pourrait effectuer que lorsqu'il serait rétabli, bien entendu.
L'intérêt du Chasseur fut piqué au vif. Qui a dit que passer aux portes de la Mort anéantissait toute volonté ? Le jeune homme était plus motivé que jamais, ayant réussi son premier véritable défi, et seul en plus !

- Tu veux que j'aille te chercher quoi que ce soit ?

Kellran avait grimacé, ne pouvant retenir un grognement de douleur lorsque ses côtes réveillèrent violemment son corps torturé.
Il secoua la tête, serrant les dents pour ne pas crier, attendant que la douleur se calme.
Lorsque ce fut le calme, le jeune homme soupira et leva péniblement un bras.

- Donne-moi un miroir, que je voie le nouveau beau gosse que je suis devenu...

Zlort lui tendit un petit miroir cerclé d'argent, servant surtout à espionner les coins de couloir pour ne pas tomber sur un ennemi imprévu.
Kellran analysa les balafres qui marquaient maintenant sa joue droite.
La plus haute des griffes avait laissé une trace qui s'arrêtait juste en dessous de son oeil. Quelques centimètres de plus, et il serait borgne...
Mais hormis cela, il n'était pas trop défiguré, heureusement.
Il rendit ensuite le miroir au Mercenaire, lui adressant un sourire complice.

- Fouille dans ma poche de pantalon, j'y ai laissé un petit cadeau pour toi. Attention, tu n'en prends qu'une !

Quelle serait la surprise de Zlort lorsqu'il découvrirait la griffe de tigre, un souvenir de grande valeur pour deux hommes marqués à vie par ces terribles armes naturelles.

EJ :

Zlort fouilla rapidement la poche de Kellran, manquant de se couper avec l'une des griffes encore ensanglantées. Il brandit l'objet comme un trophée, posant une main amicale sur l'épaule du chasseur.

- Cette saloperie nous a simplement marqué le visage. Toi mon ami, tu lui as arraché le sien ! Je garderais précieusement ce souvenir de ta bravoure !

Le mercenaire soupira. Voilà une bonne affaire réglée. Ce tigre de malheur lui avait arraché trop d'hommes pour rester en vie. Le mercenaire resta longuement aux côtés de son ami blessé, à rire et à discuter. Il l'aida finalement, au bout de plus d'une heure, à se relever, appliquant des bandages tout autour de son torse. Il l'aida ensuite à enfiler ses vêtements déchirés et couverts de sang par dessus le tout. Ayant récupéré toutes ses affaires, le chasseur quitta la pièce, soutenu par son compagnon.
Zlort posa deux cents livres sur le comptoir d'Erinnia, récupérant au passage deux pots d'onguents.

- Tu me rembourseras plus tard mon ami !

Les deux aventuriers quittèrent la paisible cabane, Kell lançant un dernier regard à la belle guérisseuse qui lui adressa un sourire. Donovan attendait juste en face de l'antre de la guérisseuse, fumant une cigarette roulée. Il se dirigea immédiatement vers son boss, l'aidant à soutenir Kellran.

- Putain, j'ai cru que tu y étais passé amigo ! Espèce d'abruti !


Donovan souriait, passant violemment sa main dans les cheveux du blessé. Il semblait ravi. Les trois hommes se dirigèrent jusque chez Kellran. Sur la route, Donovan expliqua comment il avait vendu la tête. Le collectionneur avait été ravi, et il avait allongé une grosse somme : trois mille livres ! Il donna une bourse imposante au chasseur, prélevant l'argent qu'il devait à Zlort. Les deux mercenaires s'arrêtèrent devant le chasseur.

- Te voilà chez toi amigo ! Mieux vaut que tu te reposes pour le moment... Je te rencarderais le moment venu pour ton nouveau job !


HJ :
Tu récupères 2800 livres et des pots d'onguent pour tes blessures.

La conversation qui suivit la découverte de la griffe était agréable, après ce terrible épisode qui avait failli coûter la vie au Chasseur.
Pendant plus d'une heure, les deux hommes racontèrent tout et n'importe quoi, riant souvent, malgré la douleur que cela réveillait dans les côtes du jeune homme.
Finalement, ils décidèrent qu'il était temps pour le blessé de rentrer chez lui, bien que Kellran ne soit pas trop pressé d'apparaître devant sa mère, avec tous ses bandages et sa balafre en guise de décorations.

- Va falloir me souhaiter bonne chance, si tu veux que je survive à la scène que ma mère va me faire...

Zlort éclata de rire. Un Chasseur, effrayé par une simple femme alors qu'il combattait chaque jour des créatures plus terribles les unes que les autres, ça avait de quoi amuser n'importe qui. Le Mercenaire aida Kellran à se lever et à enfiler ses vêtements. Le Chasseur faillit pousser un cri de désespoir en voyant l'état de sa tunique, déchirée à plusieurs endroits.

- Merde... C'est pas donné, ces vêtements là en plus !

Le bruit de pièces sonnant sur le comptoir tira Kellran de son désespoir. Deux-cent livres venaient de payer à nouveau la survie du jeune homme.
Il hocha de la tête, se disant qu'il fallait être riche pour faire ce métier à haut risque. Mais Zlort lui adressa un clin d'oeil, assurant qu'il pourrait le rembourser plus tard. Kellran répondit d'un sourire, plein de reconnaissance pour le Mercenaire.
Ils sortirent de la cabane, avec en tête le beau sourire de la guérisseuse tandis que les cheveux du Chasseur subirent une torture inattendue.

- Putain, j'ai cru que tu y étais passé amigo ! Espèce d'abruti !

- Aïe, Dono... Arrête !

Kellran riait et grimaçait à la fois, sentant les phalanges du massif Mercenaire lui shampouiner le cuir chevelu. Le combattant semblait ravi de revoir le jeune homme en état de marcher, ce qui réchauffa le coeur de Kellran. Son métier n'avait pas que des mauvais côtés, loin de là...

- Alors, cette tête ?

Donovan raconta comment s'était passée la transaction. Le client avait été ravi, et avait largement dédommagé ceux qui avaient participé à la réussite de cette Chasse. Le Mercenaire tendit ensuite une bourse à Kellran, contenant assez de Livres pour assurer le confort du Chasseur pendant quelques mois.
Deux-cent livres passèrent aux mains de Zlort, remboursant son avance chez la guérisseuse, puis Kellran lui glissa huit-cent livres supplémentaires.

- De quoi vous payer une super tournée dans n'importe quel bar du coin, lâcha Kellran avec un sourire. Zlort s'apprêta à protester, mais le Chasseur leva une main, l'empêchant de dire quoi que ce soit.

- Tu fermes ta gueule, et tu penses à moi en buvant une bière, c'est tout c'que j'demande ! Pareil pour toi Dono, pigé ?

Ils étaient maintenant arrivés devant chez le Chasseur, dont le sourire se mua en expression torturée. Il imaginait déjà la tête de sa mère lorsqu'il passerait la porte. D'un signe de tête, il salua ses deux amis et posa la poignée sur la porte, avant de se retourner à nouveau vers les Mercenaires.

- Pensez fort à moi surtout, c'est maintenant que commence le vrai combat...

Il éclata de rire, puis se décida à rentrer. Mieux vaut passer ce qu'il arriva ensuite. Sachez seulement que le pauvre Chasseur survécut à cette journée et qu'il attendit patiemment le jour où Zlort l'informerait de son nouveau job.


HJ : 2000 livres + 22 = 2022 livres.

EJ :

Quatre jours étaient passés. Kellran somnolait tranquillement dans son lit, il était plus de dix heures du matin. Un violent vacarme le réveilla soudainement : sa mère venait d'entrer. Elle posa un plateau recouvert de victuailles. L'amour maternel était jusqu'à aller à lui trouver des fruits. Moins appréciable, un bol de mélasse attendait le pauvre estomac du chasseur.

- Tu as assez dormi comme ça Kelinou ! Je t'ai fait un bon petit-déjeuner, il faut que tu prennes des forces, allez avale !

La vieille dame était survoltée comme à son habitude, elle plongea une cuillère de mélasse dans la gorge de son fiston. Celui-ci avala avec peine l'horrible substance qui n'avait d'autre qualité que celle de bien nourrir son homme.

- Oh cette horrible blessure ! La crème n'y fait rien ! Tu es vraiment inconscient mon Kell ! On a pas idée d'affronter seul des bêtes sauvages !

Kellran passa une main sur sa joue et fut surpris d'y trouver de la crème. Comme chaque nuit, sa mère s'était amusée à passer une épaisse couche de crème sur son visage, même si elle savait pertinemment que ça n'effacerait en rien sa cicatrice.

- Heureusement que le vieux Ben m'a proposé un travail pour toi ! Tu vendras ses cuirs sur le marché ! ça c'est un travail ! Et au moins, je n'angoisserais pas à chaque fois que tu sors. Quitter Liberia ! On a pas idée ! Seuls les renégats, les malotrus et les fous quittent notre belle ville. Ce n'est pas une vie mon pauvre Kelinou. Regardez moi cette cicatrice !

Le réveil était d'autant plus dur que ce discours accueillait Kellran depuis des jours. Le chasseur souffrait de moins en moins, la crème de la guérisseuse faisant des miracles. La bienveillante mère du blessé récupéra le plateau du jeune homme une fois que celui-ci ait tout englouti, et elle quitta enfin la pièce... se retournant au dernier moment.

- Au fait, ton ami t'attend, je l'ai fait entrer dans la cuisine. Il ne m'inspire vraiment pas confiance ce Zyort, c'est à ça que tu veux ressembler plus tard ? Ah mon pauvre fils !


La vieille dame quitta la pièce en maudissant le sort de son fils blessé. Décidément, on ne pouvait pas la changer ! Kellran saisit un vêtement et alla rejoindre son ami, descendant l'escalier branlant de la maison de sa mère. Zlort attendait dans le vieux fauteuil du salon, les pieds posés sur la table bancale de la pièce. Il fumait un cigare, sans doute acheté avec le généreux don de son ami. Le mercenaire se leva immédiatement à l'arrivée de Kellran.

- Kell ! Mon ami ! J't'attends depuis une plombe ! J'ai d'bonnes nouvelles pour toi ! Pas commode ta mère ! Tu veux un cigare ?

L'homme à la cicatrice tendit un cigare à son ami avant de retourner à sa place, incitant le blessé à s'asseoir. Il semblait véritablement heureux de retrouver son camarade après lui avoir laissé plusieurs jours de repos.

- J'ai rencardé Iban, mon pote chasseur ! Il t'a trouvé une place à l'avant-poste ! ça te dit toujours camarade ? Par contre, il faudra te préparer crois-moi ! T'as du matos à racheter après ta dernière descente ! Si ça te dit, Iban passe en ville cet aprèm, tu pourrais toujours lui poser des questions !

La mère de Kellran passa dans le salon, tenant de la vaisselle salle qu'elle amenait jusqu'à la salle d'eau. Elle ne se priva pas d'envoyer un regard noir vers le mercenaire. Une fois la femme parti, Zlort reprit son récit.

- Hmmm... Par contre, il faudra dire au revoir à ta vieille si t'emménages à l'avant-poste !


HJ :
Tu souffre encore légèrement. Tu récupères 25 points de vitalité.

La lumière du soleil entrait par la fenêtre, inondant de son éclat le plancher de la chambre en faisant briller les draps.
Kellran, les mains passées derrière la tête, savourait ce moment de quiétude, affalé sur son lit, quasiment nu sous l'édredon moëlleux qui le recouvrait doucement.
Bon, hormis la lumière du " soleil " qui n'était pas naturelle, tout le reste permettait de plonger le Chasseur dans une sorte de rêve éveillé.
Jusqu'à ce qu'un bruit devant sa porte ne le tire de son paradis.

- Tu as assez dormi comme ça Kelinou ! Je t'ai fait un bon petit-déjeuner, il faut que tu prennes des forces, allez avale !

Kellran grimaça. Il s'apprêtait à se laisser tomber de son lit, se mettant à couvert sous le meuble de bois peint qui contenait quelques-uns de ses vêtements, mais sa mère était trop rapide pour qu'il puisse tenter la fuite.
Voyant le plateau qu'elle tenait en main, l'estomac du Chasseur ne fit qu'un tour. A part les quelques fruits plutôt apétissants ornant ce petit déjeuner, le bol de mélasse réveillait chez le jeune homme une nausée enfuie. Il se passa une main sur le visage, se retenant à grand peine de s'infliger une violente claque pour vérifier qu'il n'était pas en plein cauchemar, mais une substance grasse et chaude le fit froncer les sourcils.

- J't'ai d'ja dit que j'pouvais m'occuper de mes blessures tout seul m'man !

La vieille femme le fit taire d'un geste, profitant du fait qu'il ait la bouche ouverte pour lui enfourner une grosse cuillère de sa préparation maison.
Kellran faillit pleurer en sentant cette nourriture peu ragoutante prendre possession de sa gorge, puis descendre jusqu'à son estomac torturé.
Bon, au moins elle avait le mérite d'être revigorante et pleine de vitamines...

- Zyort ? Tu veux dire Zlort ?

Sa mère venait de prononcer le nom de son ami, avec une légère faute que Kellran corrigea tout de suite. La femme haussa les épaules, l'air de dire " peu importe ". Elle n'appréciait pas du tout le Mercenaire, et bien entendu, elle préfèrerait de loin que son fils ne fréquente pas ce genre de personnage. Malheureusement pour elle, Kellran avait besoin d'action, et ce n'était pas la vente des cuirs synthétiques de ce vieux ronchon de Ben qui allait lui combler ce besoin.
Le Chasseur bondit en dehors de son lit, laissant sa mère sortir seule de la chambre, et ouvrit d'un geste vif sa " garde-robe ", laissant ses yeux s'attarder sur les masses de vêtements qui y étaient entassés.
Quelques minutes plus tard, il apparaissait dans le petit salon, évitant avec adresse les trois fauteuils sur son passage pour rejoindre celui où se tenait Zlort. Il ne put retenir un sourire en voyant ce dernier confortablement installé, un cigare en bouche, les pieds en éventail sur la table basse de bois plastique recyclé.

- Désolé pour le retard, tu sais, j'suis terriblement coquet niveau habillement...

Il éclata de rire, laissant le Mercenaire admirer sa tenue pour le moins... disons... pas vraiment coquette. Un vieux jean délavé, troué au niveau des genoux, lui servait de pantalon, soutenu par une ceinture de vieux cuir brun d'où pendait la fourreau servant à contenir un poignard.
Un t-shirt noir orné d'un grand K stylisé sur l'arrière cachait aux curieux son torse enduit de crème et de bandages. Il avait recouvert le tout d'une veste légère d'un blanc immaculé, traversé par des lignes noires qui en recouvraient la majeure partie.
Haussant les épaules, le Chasseur s'assit en face de Zlort et reprit son sérieux. Ils n'étaient pas ici pour parler vêtements.

- Oublie le cigare ! Parle-moi donc de ce Chasseur. Il est doué ?

Une étincelle de curiosité mêlée d'exhaltation clignota dans le regard bleu du jeune homme. Après quatre jours de convalescence, son corps tout entier n'attendait plus qu'une nouvelle Chasse. Quant à son esprit, il bouillonnait littéralement d'impatience. Il acquiesça lorsque Zlort lui conseilla de racheter de l'équipement, et sourit lorsqu'il proposa de venir en parler au Chasseur.

- Parfait, ça m'évitera d'acheter n'importe quoi.

La phrase suivante lui laissa une expression à la fois étonnée, légèrement effrayée, mais aussi et surtout au bord du rire total.
Quitter sa mère ? La laisser seule dans cette maison, sans personne pour la protéger ? Bon, quand il partait en Chasse, elle restait de toute manière seule et sans protection. Sans oublier le vieux fusil à pompe qu'elle dissimulait sous une des marches de l'escalier, au cas où...
Une pâle lueur d'amusement étincela dans ses yeux saphir. Quitter la maison pour s'installer à l'avant-poste ?

- Pourquoi pas ! J'vais prendre mes dispositions, et j'm'installerai ce soir si ça vous dérange pas !

Zlort ne put retenir une expression étonnée en entendant avec quelle rapidité le jeune homme avait accepté. Peut-être s'était-il imaginé que, en dépit de son métier à haut risque, il était resté un fils à sa maman ?
Encore une fois, il ne fallait pas se fier aux apparences.
Se levant du fauteuil, il adressa au Mercenaire un clin d'oeil narquois, et le raccompagna jusqu'à la porte.

- OK, j'irai parler à Iban et j'ferai le nécessaire. Toi, t'a juste à me préparer une place à l'avant-poste.

Zlort acquiesça en souriant, puis disparut au coin de la rue, laissant le Chasseur seul avec sa nouvelle perspective de l'avenir.
Il avait beaucoup à faire, s'il voulait être prêt pour ce soir !
Avant toute chose, il jeta sur ses épaules une veste de cuir synthétique, cadeau du vieux Ben, et rejoignit ce dernier sur la place de Liberia.
Le marché battait son plein, les Liberiens criaient, hurlaient leurs prix à tout va, marchands et clients négociaient à grand bruit au point d'en perdre la voix. Kellran rejoignit le stand de Ben et le salua brièvement.
Le marché durait jusque treize heures, heure de Liberia, ce qui laissait deux heures trente de travail au jeune homme.
Lorsque ce fut terminé, il engagea une conversation avec le vieux Ben. Sa mère l'appréciait, et il lui faisait confiance. Il lui demanda de surveiller la vieille femme en son absence.
Ben accepta, heureux de pouvoir rendre service.
Satisfait, Kellran quitta la place et plongea dans les rues de la ville même, rejoignant le lieu de rendez-vous fixé par Zlort avec Iban.
Il s'agissait d'un bar (eh oui, encore un), où se regroupaient nombre de Chasseurs à la retraite, discutant du passé et de leurs tableaux de chasse.
Il était difficile de séparer fiction de la réalité en cet endroit, tant les aventures extraordinaires allaient bon train.
Kellran poussa la porte et s'arrêta devant le bar, où le patron nettoyait avec force un verre à bière de la taille d'un avant-bras.

- Salut, est-ce qu'Iban est ici ?

Le barman le fixa sans un mot. Soit il ne connaissait pas le nom du Chasseur, soit Iban n'était pas encore arrivé, soit cet homme était muet.
Quelle serait la réponse ?

EJ :

Le visage du barman se fendit d'un sourire mystérieux sans cesser de nettoyer son verre. Sans même adresser un regard à l'inconnu, il montra un homme d'un signe de la tête.

-Il est là-bas. Vous feriez mieux de lui amener un verre si vous comptez vous asseoir à sa table.

Kellran observa l'homme désigné par le barman. Il se situait dans un coin assez obscur du bar, totalement isolé des autres chasseurs qui discutaient bruyamment. A voir l'air d'Iban, on comprenait facilement pourquoi personne n'était assis aux alentours. L'homme était étendu sur son siège, surveillant d'un œil mauvais son impressionnant fusil XM200 posé sur sa table, juste à côté d'un long verre empli d'un cocktail noir. D'une quarantaine d'années, le chasseur arborait fièrement une barbe noire finement taillée. Ses longs cheveux bruns étaient coiffés en un chignon mal ordonné derrière sa tête, il portait un épais gilet fourmillant de poches. Les bras musclés du chasseur trahissaient sa force. Il suffisait de croiser le regard d'Iban pour comprendre qu'il n'était pas un marrant.
Kellran hésita avant d'avancer vers la table. Dès qu'il fut assez proche, Iban lui lança un regard mauvais en posant une main sur son fusil, accompagnant ce geste d'une remarque de sa voix caverneuse :

-Tu veux quoi gamin ?

HJ :
Ben t'as donné 110 livres pour ton travail en te promettant de prendre soin de ta mère.

Dès que le regard de Kellran se posa sur le Chasseur, il sut tout de suite qu'il n'avait pas affaire à quelqu'un de commode.
Tout en lui trahissait sa force, et le danger qui émanait de sa personne faisait fuir tous les autres, inconsciemment ou non.
Un frisson parcourut l'échine du jeune Chasseur. A côté d'Iban, il faisait figure de gamin, de novice tout au plus.
Se tournant à nouveau vers le barman, il le regarda et répondit d'un air narquois

- Merci bien !

Puis il s'approcha de la table d'Iban. Dès que ce dernier remarqua sa présence, il leva ses yeux vers le jeune homme et posa une main sur son arme, un fusil XM200 à l'apparence peu engageante.
Kellran fronça les sourcils. Oserait-il faire usage de son arme ici ?

- Tu veux quoi gamin ?

Il faillit laisser échapper un soupir. Engager la discussion était déjà un bon point. Peut-être l'homme n'était-il pas aussi hostile qu'il le paraissait.
Faisant face au Chasseur, Kellran lui adressa un bref salut de la tête, puis en vint directement au vif du sujet.

- Je suis là à la demande de Zlort. J'peux te payer un verre ?

Il était toujours risqué de proposer un verre à ce genre d'homme, en sachant qu'il peut très bien dépenser tout ton salaire en à peine quelques heures. Mais cela permettrait de détendre l'atmosphère.
Kellran tira une chaise vers lui et s'assit, le dos de la chaise vers l'avant, pour qu'il puisse poser ses bras sur le dossier.

- Joli fusil. Ca fait longtemps que t'es Chasseur ?

Il tutoyait Iban, sans penser que ce dernier pourrait prendre ça pour une offense. Il n'avait pas vraiment l'habitude de vouvoyer les gens, ce qui risquait de lui poser problème face à un homme particulièrement teigneux.
Tout au fond de lui, il espérait que le Chasseur n'était pas ce genre d'homme, sans quoi ça se terminerait en bataille de fonds de bars.

EJ :

Comme l'avait annoncé le barman, le chasseur se laissait facilement amadouer par l'idée d'une consommation gratuite. Un sinistre sourire se posa sur ses lèvres à l'entente de l'invitation de Kellran.

- Un verre ? Mouais, assieds-toi ! Frank ! Deux "Infarctus" s'il te plaît !

Le barman répliqua très vite, un sourire au coin, apportant deux verres pleins du même cocktail noirâtre posé sur la table d'Iban. Le chasseur finit le sien avant d'accueillir celui gracieusement offert par Kellran. Frank récupéra l'argent de ce dernier avant de partir rapidement comme s'il quittait une zone de combat. Le jeune homme tenta alors une approche, évoquant le fusil d'Iban. Le guerrier jeta un regard plein de mépris au jeune homme.

- Alors c'est toi qui as abattu le tigre ? Je m'attendais à un homme, un vrai, pas à un abruti pré-pubère ! Tu penses pouvoir te pointer ici avec ta gueule balafrée et tutoyer Iban Ourtemire ?

Iban haussait le ton au fur et à mesure, sans même que son interlocuteur eut le temps de broncher, le chasseur saisit son fusil et le pointa sur le jeune homme. En moins d'une seconde, Kellran se trouvait face à face avec le canon du XM. Autour, les chasseurs s'étaient tus. Iban reprit la parole, plus calmement.

- Assieds toi correctement gamin !

Kellran n'eut pas vraiment le choix, il se leva, retourna sa chaise et se posa de nouveau, le tout sous l'oeil menaçant du fusil. Une fois qu'il fut en place, Iban reposa l'arme à l'endroit initial. Sa voix était aussi calme qu'au début, comme si rien ne s'était passé.

- Un vrai chasseur n'a pas de cicatrices. Fais-toi attraper par ta proie et c'est la fin.

Iban passa sa main gantée sur la joue meurtrie du jeune homme, l'œil captivé.

- Mais j'avoue que tu m'impressionnes... Avoir survécu à une confrontation directe avec ce monstre. Il a tué plusieurs des amis.

Il parlait sans émotion réelle, comme les guerriers des profondeurs suffisamment réalistes pour ne pas accorder d'importance aux vies humaines. Le chasseur saisit son nouveau verre et invita Kellran a faire de même. Les deux hommes burent en même temps, et le plus jeune des deux sentit alors sa gorge s'enflammer et son estomac se contracter comme jamais, comme s'il venait d'avaler des centaines d'épingles. Iban s'amusa de la grimace de son compagnon de table.

- Il faut du cran pour boire un "Infarctus" ! Que me veux tu gamin ?


HJ :
Les consommations te coutent 30 livres
Le cocktail t'a secoué, ta tête tourne légèrement. Tu récupères toute ta vitalité.

Le Chasseur se laissa tenter par l'idée d'un verre gratuit, et appela le barman pour passer commande. Iban semblait un habitué de l'endroit, et le barman, Franck, paraissait connaître le caractère de ce client fidèle.
Kellran, lui, ne connaissait pas encore cet homme, aussi fut-il surpris de son brusque changement d'humeur.
Il paya le barman, sortant trente livres de sa bourse, puis fixa de nouveau son attention sur Iban
D'une expression presque amicale, le Chasseur vétéran passa à l'hostilité la plus noire, braquant sur Kellran le canon de son XM-200 en attirant sur eux tous les regards. Kellran avait fait l'erreur de tutoyer ce Chasseur, il n'aurait sans doute pas l'occasion de recommencer.

- Assieds toi correctement gamin !

Le jeune Chasseur baissa les yeux sur sa chaise. Il se leva, fit tourner le dossier et se rassit, dos contre la planche de bois.
Il ne ferait pas dans la dentelle avec un homme aussi strict, c'était certain.
Iban introduisit immédiatement la conversation par un conseil chargé d'ironie, voire de reproche. Un vrai Chasseur ne garde pas de cicatrices.
En un sens, Iban avait totalement raison. Un véritable Chasseur ne laisse pas les créatures le vaincre, c'est lui qui les chasse.

* Mais face au tigre, j'aurais bien voulu t'y voir * pensa Kellran, les yeux brillant d'une colère habilement dissimulée.
D'un seul coup, Iban tendit le bras, main en avant, vers le visage du jeune homme. Par réflexe, Kellran recula, son sang ne faisant qu'un tour dans ses veines. Que faisait donc cet homme ?
Puis il comprit que ce dernier admirait simplement sa cicatrice, en avouant être impressionné par la réussite du jeune Chasseur.
Kellran se détendit. Finalement, Iban avait peut-être les yeux en face des trous. Le jeune homme n'était pas du genre à se jeter des fleurs sans raison, mais avoir survécu au combat face au tigre qui avait décimé auparavant une demi-bande de Mercenaires, sans compter les autres victimes dont Kellran n'avait pas entendu parler, c'était un exploit !

* Bientôt, je serai capable de vaincre n'importe quelle créature, sans laisser la moindre trace... Bientôt !! *

Il repensa à la voix d'Iban, dans laquelle ne perçait aucun sentiment. Son ton, dénué de toute émotion, était pourtant fort et grave, bourré de charisme. Iban était un homme étrange, sombre, mais il pourrait sans doute apprendre beaucoup au jeune Chasseur qu'était Kellran.
Pour l'instant en tout cas, Iban l'invita à boire son verre.
Kellran vida d'un seul trait " l'Infarctus ", et grimaça lorsqu'il sentit sa gorge, puis son cerveau tout entier brûler d'un feu qui n'avait rien de naturel. Iban afficha un léger sourire amusé, trouvant sans doute comique l'expression que prit Kellran lorsqu'il réussit à faire passer ce verre incendiaire.

- Il faut du cran pour boire un "Infarctus" ! Que me veux tu gamin ?

Le jeune Chasseur secoua la tête, essayant vainement de remettre ses idées en place. Déjà, il sentait l'alcool faire son effet et embrumer son esprit. Heureusement, il en fallait plus pour le démonter.

- Zlort m'a dit que tu... vous... pourriez me conseiller sur l'équipement que je dois acheter, et aussi me parler de l'avant-poste, avant que je ne m'y installe.

Kellran ne savait pas exactement ce qu'était l'avant-poste, bien qu'il puisse déjà l'imaginer. Il s'agissait sans doute d'un bâtiment situé aux frontières d'un lieu dangereux, peut-être au Niveau -2.
Il était impatient d'en savoir plus, et de connaître les autres personnes qui y avaient élu domicile. Même s'il espérait que tous ne ressemblaient pas à Iban, bien entendu...



HJ : 2022 + 110 - 30 = 2102 livres

EJ :

Le regard d'Iban s'alluma d'une étincelle de folie meurtrière en entendant le nouveau "tu" insultant du jeune homme, mais le chasseur expérimenté se calma en voyant le gamin se corriger. L'homme s'amusa ensuite de l'ignorance de son camarade de table.

- Tu ne connais pas l'avant-poste et tu veux t'y installer ? Du genre a foncer dans le tas sans réfléchir c'est ça ? Je comprends mieux cette cicatrice... T'auras intérêt à changer si tu chasses avec moi ! Je ne veux pas d'un suicidaire comme partenaire.

Le ton d'Iban changeait selon ses phrases, tantôt amical, tantôt colérique et menaçant. Kellran allait devoir apprendre à cerner cet étrange personnage.

- L'avant-poste est la plus solide forteresse des souterrains ! Là-bas, tu es plus en sécurité que dans Liberia... Le seul hic, c'est que nous autres chasseurs ne restons pas souvent dans cette forteresse. L'avant-poste se dresse dans les Bas-Fonds, c'est l'endroit idéal pour explorer les zones de chasses et les Egouts, l'endroit parfait pour un chasseur ! Mais n'imagines pas que ça sera une promenade de santé. La vie là-bas est très difficile, et il arrive souvent que l'un des notres ne revienne pas d'une expédition.

Le chasseur évoquait ces morts sans émotion aucune, comme s'il parlait de la pluie et du beau temps. Il caressait son fusil de temps en temps, une inquiétante lueur dans le regard.

- Pour le matériel, tu n'auras pas besoin de grand chose. Des fringues correctes et des armes ! Rien de superflu. Les chambres sont petites là-bas !


Iban avala une nouvelle gorgée de sa mixture sans broncher.

- D'autres questions ?

Kellran acquiesça lentement, assimilant les informations que lui divulgait le Chasseur comme une éponge sèche absorbe l'eau.
Il ne broncha pas lorsqu'Iban le traita de suicidaire, préférant se concentrer sur la description de l'avant-poste.
Une forteresse sécurisée s'élevant dans les Bas-Fonds, un lieu de passage obligé pour tous les Chasseurs en quête d'aventures.
Un sourire joyeux étira les lèvres du jeune homme.

* Au moins, je vais pas m'ennuier ! *

Iban continua, parlant des nombreux morts sans que la tristesse, ou tout du moins la peine, ne perce dans sa voix.
Kellran était impressionné par le contrôle total qu'Iban exercait sur lui-même. Malgré les apparences d'un homme impulsif et colérique, le jeune Chasseur comprit bien vite que son aîné était quelqu'un de calme, constamment plongé dans un sang-froid imperturbable.
Déjà, le coeur du jeune homme battit à l'idée de devenir un jour aussi posé que lui.

- Je demanderais bien comment est la bouffe par là mais vaut mieux éviter je suppose ?

Kellran essaya de faire un peu d'humour, pour voir comment réagirait son interlocuteur. Il attendit plusieurs minutes, puis enchaîna avec une question sérieuse, en revenant aux armes pour savoir quel type lui conviendrait le mieux.

- J'ai un fusil sniper et une lance, que je dois faire réparer. Il me faudra aussi sans doute un couteau de chasse. Vous connaissez un endroit où je pourrais rafistoler ma lance ?

Cette fois, il ne s'était pas trompé. Le " tu " était resté au fond de sa gorge, remplacé par un " vous " respectueux. Si Kellran ne gaffait pas, il ne décevrait pas le Chasseur vétéran, et serait alors apte à recevoir son enseignement. Il l'espérait...
Pour l'instant, il n'était rien d'autre qu'un novice, avec beaucoup de chance, et une volonté d'acier. Il ne devait plus compter sur la chance, mais la forcer ! Et pour ça, il allait devoir devenir fort !

* J'me demande combien de Chasseurs habitent dans l'avant-poste... J'poserai la question plus tard ! *

EJ :

Le chasseur venait de terminer sa boisson en écoutant patiemment les questions du novice. L'alcool ne semblait avoir aucun effet sur lui. Iban afficha un sourire en coin à la première question de son interlocuteur, mais ne sembla pas pour autant plus sympathique, se contentant de répondre comme si la question était sérieuse, avec un air macabre.

- Quand la chasse est bonne, on mange de la viande... Sinon, on donne une utilité à nos camarade morts dans l'exercice de leur fonction.

Kellran ne parvint pas à déterminer si l'homme était sérieux, et préféra continuer ses questions.

- Mieux vaut acheter un couteau de chasse en effet, voire un sabre : la jungle est parfois trop fertile en végétations. Procures toi également une lampe torche, c'est plus qu'utile pour certaines chasses. Tu utilises une lance ? Si tu tiens vraiment à rester dans l'ère ancienne, je te conseille de t'adresser à Riwan, dans la rue des dépeceurs. Il pourrait réparer ton antiquité. En matière d'armes primitives, je te conseilles de lui faire confiance. Il te vendra des articles chers, mais d'une grande qualité. Pour le reste, je te conseillerais également de trouver tapis de sol et sac de couchage, de quoi dormir à l'extérieur durant nos trop longues expéditions.

Iban venait de se lever, comme s'il se souvenait subitement d'un rendez-vous urgent, il avait rapidement rangé son fusil dans un étui placé sur son dos, il jeta un oeil amusé vers Kellran.

- Maintenant tu m'excuseras gamin, mais j'ai à faire !

Ne serrant même pas la main du jeune homme, Iban s'en alla sans demander son reste, se retournant cependant à quelques mètres de la table.

- Ah ! Et je te conseilles aussi d'acheter une cartouche de cigarettes ! Les bons chasseurs ne fument pas, mais certains des gardes de l'avant-poste apprécient ce genre d'attention !

Le chasseur quitta alors la pièce d'un pas rapide, sous l'oeil amusé de Franck. Kellran était seul avec un verre à moitié rempli d'Infarctus.

HJ :
Deux nouveaux contacts :
Iban Ourtemire (chasseur) : Avant-poste
Riwan Acha (vendeur d'armes traditionnelles) : Liberia (rue des dépeceurs)

Kellran regarda Iban partir, sa main encore à demi levée. Il n'allait vraiment pas s'ennuyer avec un compagnon de chasse pareil...
Au moins avait-il réussi à obtenir une adresse pour faire réparer sa lance.
Secouant la tête, le jeune Chasseur se rassit et vit devant lui le verre à moitié vide d'Iban. Il leva un sourcil, puis empoigna le verre et le vida d'un coup sec.
Une nouvelle fois, une grimace vint tordre son visage balafré, mais son esprit déjà embrumé ne pouvait l'être encore plus.

- J'comprends pourquoi ça s'appelle l'Infarctus...

Derrière le bar, Franck se mit à pouffer, ce qui eut pour réaction un regard noir de la part du jeune homme.
Il étendit ses jambes, laissant un soupir s'échapper de sa bouche, en repensant aux conseils du Chasseur.

- Un couteau de chasse, voire un sabre... Une lampe-torche... Un tapis de sol et un sac de couchage... Des cigarettes...

Il soupira de nouveau. Ce déménagement allait lui coûter plus cher que prévu. Quelques secondes plus tard, Kellran quittait le bar, direction l'adresse de l'armurier.
Il ne portait pas les restes de son arme sur lui, les ayant laissés chez sa mère, où il était sûr qu'ils seraient en sécurité.
Le jeune Chasseur calcula rapidement ce qu'il possédait comme argent.
L'argent de la tête de tigre, plus la paye de Ben...

- J'dois avoir de quoi faire !

Il arriva dans la rue des dépeceurs, et passa devant la boutique de Riwan, un logement sale aux vitres couvertes de poussière, plutôt désagréable à regarder, et dont l'apparence ne donnait aucune confiance sur la qualité du travail.
Pourtant, Iban devait connaître son affaire, à moins qu'il n'ait envoyé le jeune Chasseur dans un traquenard.

* C'est bien son genre d'humour... *

Haussant les épaules, il passa son chemin et traversa plusieurs rues, zigzaguant entre les badauds, les travailleurs et les voyageurs jusqu'à la principale rue commerçante, où il avait acheté son fusil sniper.
Finalement, il ne réparerait pas sa lance... Il se dit que c'était peut-être un signe du destin. Peut-être devait-il forger ses propres armes, trouver sa propre voie, son propre style.
Il regarda autour de lui. Les différentes boutiques lui ouvraient les bras, il n'avait plus qu'à...

* Faire mes emplettes... *

Il éclata de rire, et pénétra dans la boutique d'équipements de chasse.
Il jeta un œil aux étagères, admirant les différents types de sacs de couchages existants. Certains, équipés de chaufferettes intégrées, étaient d'un noir mat. D'autres, créés pour la discrétion, étaient recouverts de motifs camouflage verts, bruns, gris.
Pareil pour les tapis de sol, étanches et compacts.
Kellran prit un sac de couchage simple, décoré de quelques motifs gris et noirs, ainsi qu'un tapis brun parmi les plus résistants.
Il allait apporter le tout sur le comptoir, lorsque son regard fut accroché par un habit pendant à un crochet sur le mur.

- Vous êtes intéressés par la tunique de chasseur ? demanda le gérant, un vieil homme couturé de cicatrices, laissant à penser qu'il fut lui aussi Chasseur dans sa jeunesse.
Kellran acquiesça, posant ses sélections sur la table avant de s'approcher de son " coup de coeur ".
L'habit, de couleur kaki, semblait se fondre même avec le mur, en devenant presque invisible malgré l'absence de végétaux.
Un holster cousu au niveau de la hanche gauche permettait d'accueillir un pistolet.
Sa matière, semblable au cuir, paraissait constamment humide au toucher.

- Elle empêche les odeurs de son porteur de trahir sa présence, expliqua le vieux gérant.
Kellran eut un sourire. Il tâta quelques secondes la tenue, puis hocha de la tête et la décrocha de son cintre.

- Je la prends !

Il déposa son nouvel achat avec le reste, et tendit le tas au vieil homme qui en calcula le prix.

- Ce sera tout ?

- Non, il me faudrait aussi une lampe-torche. Vous avez des katanas ?

Il repensa au conseil d'Iban. Un sabre serait préférable à un couteau, et Kellran avait déjà entendu parler des célèbres katanas, ces sabres légers mais extrêmement solides, à la lame parfaitement aiguisés, que maniaient les Chasseurs expérimentés.
Ces armes pouvaient servir à la chasse, mais aussi pour combattre d'autres bretteurs si besoin, ce qui donnerait une relative sécurité au jeune Chasseur.

EJ:

Le vieux vendeur passa sa main dans sa barbe blanche pour calculer le montant total des achats de son client. Il observait tour à tour chacun des articles.

- Nous disions donc un sac de couchage à 100 livres, un tapis à 80. La fameuse tunique de chasseur à 130 livres...

Le vieil homme fouilla dans son comptoir et en sortit une solide lampe torche en plastique kaki, idéale pour un chasseur. Un mousqueton au bout de l'objet permettait de l'accrocher un peu partout.

- Plus une lampe torche à 50 livres. Pour l'instant, le total s'élève à 360 livres, c'est dans vos moyens jeune homme ? Pour les katanas j'en ai pas ! Je vends des articles de chasses moi, pas des objets d'luxe ! Si vous voulez j'ai quelques sabres là-bas, très utiles pour débrousailler !

Il désigna une vitrine où attendaient différents modèles de sabres à la lame recourbée ainsi que plusieurs couteaux de chasse.

- C'est 200 livres le sabre !

Kellran haussa les épaules et s'approcha de la vitrine. Il entendit dans son dos le vieil homme rétorquer le prix des sabres, puis laissa son client admirer sa collection.
Il y en avait pour tous les goûts, des vieux, des moins vieux, des beaux et des moins beaux. La plupart des sabres avaient la lame recourbée, parfois de manière prononcée, parfois d'une forme gracieusement courbe sans ressembler à un cimeterre.
A côté trônaient les couteaux de chasse, moins impressionnants que leurs grands frères, mais dont les lames soignées brillaient de mille feux.
Le Chasseur analysa chacun des sabres d'un oeil qu'il voulait expert.
Il s'arrêta sur un magnifique sabre à pommeau ciselé d'argent, dont la poignée couverte d'un noir mat formait avec la lame une légère contrecourbe, magnifique au regard, et sans doute performante au niveau du maintien.

- Mais...

Il détailla la lame du sabre, longue d'environ un mètre, et forgée dans un acier brillant comme l'argent.
Son regard tomba sur deux lettres, taillées avec soin à la base de la lame, presque invisible : K.D.
Kellran se tourna vers le gérant, une expression d'étonnement sur le visage.
Le vieil homme s'approcha et contempla l'arme de longues secondes, avant qu'un sourire nostalgique n'apparaisse sur son visage ridé.

- C'était mon vieux sabre de chasse, forgé il y a cinquante ans par un ami à moi, un forgeron mort il y a peu. Il avait même gravé mes initiales, K.D.

Kellran fronça les sourcils, et le gérant s'expliqua rapidement, l'air abasourdi par une réaction aussi complexe pour une simple histoire du passé.

- Je m'appelle Kolm Davis, ex-chasseur à la retraite, marchand de fournitures de chasse à mes heures.

Il se permit un léger rire, commun aux vieillards, et tapota l'épaule du jeune Chasseur, une étincelle de curiosité dans son regard pâle.
Kellran secoua la tête, laissant peu à peu naître sur son visage un sourire semblable à celui du marchand.

- Je m'appelle Kellran ap Daffith... K.D.... vous voyez ?

Ce fut au tour du vieil homme d'afficher un air étonné. Une telle coincidence, était-ce possible ?
N'arrivant pas à y croire, il retourna derrière son comptoir et s'assit sur une chaise, son coeur battant la chamade. Puis, l'idée pénétrant peu à peu son esprit, il reprit un rire faible mais plein d'entrain, et fit signe au Chasseur de continuer sa recherche.
Kellran n'eut pas à continuer. Il revint se placer devant le vieil homme, et lui adressa un regard complice avant de désigner la vitrine.

- Si ça ne vous dérange pas... j'aimerais acheter votre sabre. Je pense qu'il est temps de le sortir de sa retraite.



HJ : Ou comment créer une histoire à partir de rien lol
2102 - 560 = 1542 livres

EJ :

Le vieux vendeur se mit à rire à gorge déployée en sortant le vieux sabre de la vitrine. Il passa un coup de chiffon sur l'arme avant de l'enfoncer dans son fourreau qu'il tendit au client.

- Il y a des hasards comme ça ! Faîtes en bonne usage ! Ce vieux morceau de ferraille m'a aidé à bien des reprises ! Comme vous m'êtes sympathique, je vous offre ce sac de randonné. Il est solide ! Et au moins, ça vous permettra de porter tout ce bardas !

Kellran mit son tapis de sol, son sac de couchage, la tunique et la lampe torche dans le sac avant de prendre ce dernier. Il enfila le fourreau du sabre autour de sa taille, prêt à rejoindre son prochain objectif. Les rues de Liberia étaient bondés, comme à leur habitude. Kellran bousculait les gens sans vraiment faire attention quand il sentit une puissante poigne à son bras. Avant qu'il ait put comprendre quoi que ce soit, un violent poing de métal s'abattit sur son visage. Sonné, Kellran bascula en arrière, déséquilibré par le poids de son sac. Les gens s'écartèrent autour de lui, refusant de faire partie de cette bagarre de rue... A Liberia, nul savait ce qui pouvait arriver quand deux guerriers se frittaient.
Encore au sol, Kellran reconnut son adversaire. Il s'agissait d'Huxley, le mercenaire qui avait perdu son bras à cause de lui. La dernière fois qu'il l'avait vu, l'homme gisait dans son sang, un moignon à la place du bras. Désormais, il semblait en pleine forme, et arborait fièrement une prothèse mécanique flambant neuve.

- Alors le chasseur ! On oublie ses vieux amis ? J'ai failli crever à cause de toi enflure !

Kellran chercha à se débarrasser de son sac encombrant mais Huxley fut plus rapide, il saisit son adversaire par le col de son bras valide et lui asséna un autre coup sur le visage avec sa prothèse. Kell bascula sur le côté, le visage en sang. Au moins, il avait réussi à quitter les lanières de son sac. Il se releva promptement. Huxley ne semblait pas calmé.

- Je vais t'élargir ta cicatrice Balafré !



HJ :

Tu as le nez en sang et un bleu sur le crâne, la poing métallique t'as pas mal sonné ! Tu perds 10 points de vitalité.

Tu obtiens :
-Sac de randonnée
-Lampe-torche
-Sac de couchage
-Tapis de sol
-Tenue de chasseur
-Sabre aux initiales K.D

Kellran souriait toujours en sortant de la boutique. Ce petit signe du destin était annonciateur de bonnes choses pour la suite, c'était tout du moins ce qu'espérait le Chasseur, toute sa motivation revenue par un simple hasard de la vie.
Il cala plus solidement son nouveau sac de randonnée dans son dos, resserra les lanières et traversa d'un bon pas la rue, sans vraiment faire attention aux gens qui l'entouraient. Mentalement, il faisait ses comptes.
Il lui restait encore assez d'argent pour faire quelques achats, ce qui ne serait pas de trop, Kellran le devinait bien.
La simple réflexion lui dictait d'aller visiter les boutiques d'armes de poing. Il pourrait ainsi faire bon usage du holster intégré à sa tenue de Chasseur flambant neuve, et ne resterait pas démuni si un animal réussissait à le séparer de son fusil, comme le tigre l'avait fait il y a peu.

* Ouais mais j'y connais pas grand chose en armes de poing moi ! *

Alors que cette remarque lui venait à l'esprit, Kellran se sentit tenu par l'épaule et retourné sans ménagement. Un poing dur comme l'acier le percuta de plein fouet, brisant presque son nez dans un violent uppercut qui le fit s'effondrer au sol.
Il ne put reprendre son équilibre, attiré à terre par le poids de son sac bien chargé. Huxley apparut alors dans son champ de vision, son visage déformé par un mauvais sourire.
L'homme, arborant son nouveau bras mécanique, jeta un regard haineux au jeune Chasseur et l'obligea à se relever d'un geste du bras.

- Alors le chasseur ! On oublie ses vieux amis ? J'ai failli crever à cause de toi enflure !

Kellran vit arriver le nouveau coup, mais ne put l'esquiver, gêné par les lanières de son sac qui ne voulaient pas se défaire. Il reçut donc un nouvel uppercut, tout en réussissant à retirer son nez déjà meurtri de la trajectoire. Ce fut son front qui prit tout, assommant pour deux secondes le pauvre garçon, deux secondes durant lesquelles il glissa de côté, son sac tombant près de lui sur le sol de la rue, maintenant déserte.
Kellran n'avait jamais été doué pour le combat de rue. Il n'avait jamais combattu personne, et n'était pas d'un naturel violent envers ses semblables.
Mais il ne se laissait pas faire non plus, et il comptait bien le prouver !

- Qu'est c'que tu racontes pauvre idiot ? On s'rait tous morts si j'avais pas réagi !!

Le Chasseur se releva, faisant glisser son sac derrière lui pour éviter qu'Huxley n'abime ses achats fraichement payés.
Le jeune homme adopta une posture de défense plutôt maladroite, les bras en avant, repliés vers le visage, les poings fermés, ses jambes écartées pour lui apporter un équilibre correct.
Il fixait Huxley dans les yeux, surveillant chez lui le moindre signe d'une attaque imminente.
Lorsque le Mercenaire agit, Kellran était prêt. Il se pencha de côté, esquivant de justesse un nouveau coup de poing, et riposta d'un coup du tranchant de la main dans les côtes du massif guerrier.
Il ne savait pas si son attaque ferait quoi que ce soit à un adversaire d'une telle carrure, malheureusement, il n'avait pas le choix, et il ne pouvait pas employer ses armes, pas face à une personne avec qui il avait combattu côte à côte...

- Calme-toi et réfléchis un peu ! Si t'avais lancé cette grenade, on y serait tous passés !! Je devais t'en empêcher...

EJ :

Huxley semblait monté à bloc, et ce n'était pas le minable coup du chasseur qui allait l'affaiblir. Si seulement Zlort était là pour le raisonner... Car les paroles de Kellran n'y firent rien. Le mercenaire bondit de nouveau sur son adversaire, lui assénant un violent coup dans le ventre. Kell se sentit essoufflé, il recula de quelques pas, esquivant un nouveau coup de l'homme à la prothèse.

- C'était une raison pour me couper le bras pauvre abruti ? Tu n'aurais pas pu me prévenir ? Des frères d'armes ne se blessent pas entre eux ! C'est une honte que Zlort t'ai pris sous son aile ! Je vais réparer son erreur.

Une lame effilée émana alors de la prothèse d'Huxley. visiblement, il n'avait pas choisi un modèle classique. La lame faisait plus de trente centimètres, et elle avait l'air solide.

- Tu es un homme mort.

Autour de la scène, seuls les plus téméraires étaient restés pour assister au combat, certains encourageaient même l'un ou l'autre des combattants. Huxley s'apprêta à bondir contre son adversaire.

Le Mercenaire ne semblait pas prêt à entendre raison. Sa colère l'aveuglait, à tel point qu'il n'hésiterait pas à tuer le jeune homme pour assouvir sa vengeance.
Kellran soupira. Il s'en était voulu, il ne s'était pas pardonné d'avoir blessé ainsi un équipier, mais il avait fini par se convaincre que c'était la seule solution.

- Je...

Il s'apprêta à parler, à s'expliquer, mais un puissant coup lui écrasa le ventre, passant sous sa garde. Kellran grimaça, et recula en respirant douloureusement. Encore un peu, et cet imbécile lui aurait écrasé les poumons ! Il perdit son souffle, et se tint les côtes à deux mains.
Pourquoi tout le monde s'en prenait-il à ses pauvres côtes ?
Le poing d'Huxley entra de nouveau dans son champ de vision. Kellran se jeta à terre pour l'éviter, sentant le fourreau de son nouveau sabre battre contre sa cuisse. L'idée lui vint d'employer cette arme pour faire tourner la balance. Mais il ne pouvait se résoudre à cette perspective...
Lorsqu'il entendit un crissement de métal, il crut que son arme avait glissé, mais un bref coup d'oeil au Mercenaire le fit trembler.

- Tu es un homme mort.

La prothèse s'était transformée en instrument de mort, dotée d'une lame de trente centimètres au moins, son tranchant étincelant d'un éclat froid.
Huxley afficha un sourire impitoyable. Kellran ne pourrait pas en venir à bout par des paroles...
Finalement, son idée précédente était peut-être le seul choix possible...
Il posa la main sur la poignée de son sabre, hésitant encore à le dégainer.
Les yeux du Mercenaire étaient noirs de haine. Fallait-il vraiment en arriver là ? Le Chasseur avait espéré que sa victime lui avait pardonné, qu'elle avait compris l'intérêt supérieur qui avait poussé Kellran à le sacrifier pour éviter leur fin à tous.

- Je suis désolé...

Le sabre sortit de son fourreau, brillant dans la lumière du faux jour souterrain. Les quelques personnes courageuses à regarder le spectacle l'acclamèrent, heureux de voir que l'action allait prendre un tournant de vie ou de mort. Le Chasseur empoigna son arme à deux mains, la lame tournée vers le bas.
Il serra les dents, ne pouvant pas croire la situation dans laquelle il s'était fourré, puis fixa le Mercenaire. Son regard était devenu froid comme la pierre. Il ne se laisserait pas tuer sans se défendre, même par un ancien équipier.

- T'aurais du comprendre...

Et dans cette dernière tentative de résonner le massif guerrier, Kellran chargea, pointe de la lame en avant.
Il aurait aimé que Zlort soit là, pour tout arranger. Il aurait préféré réparer son erreur d'une autre manière...

EJ :

Le sabre de Kellran s'écrasa violemment sur la lame de Huxley qui venait de réagir au quart de tour, la prothèse brandie. Des cris d'admiration résonnèrent parmi le public. Les habitants de Liberia étaient vraiment des loups ! En se battant, Kell comprit la difficulté qu'il aurait à assurer le combat. Son sabre était lourd et il serait difficile à manier, de plus, Kell n'avait pas l'habitude d'une telle arme.
Hux' poussa Kell en avant et lui blessa légèrement le bras avec sa lame. Visiblement, le mercenaire avait réussi à maîtriser sa nouvelle arme, contrairement au chasseur. Kell essuya le sang sur son bras avant de repartir au combat.

HJ :
Tu saignes au bras. Tu perds 5 points de vitalité.
Tu gagnes un point de capacité pour avoir osé commencer ce combat.

Ce que le jeune homme comprit bien vite, c'est qu'un sabre n'avait rien de comparable avec une lance.
Le poids, l'équilibre, la longueur, tout différenciait entre ces deux armes, et le Chasseur, manieur d'une arme d'Hast, ne maîtrisait absolument pas sa nouvelle acquisition.
Il leva le sabre au dessus de sa tête et l'abattit violemment vers Huxley. Le Mercenaire esquiva facilement, se déportant sur la droite avec un sourire narquois.

- Eh ben t'es toujours aussi nul !

Kellran montra les dents, prenant l'expression du fauve acculé près à défendre chèrement sa peau. Il ramena son arme vers lui, puis la fit siffler horizontalement, espérant surprendre l'homme par la taille.
Huxley para grâce à son bras bionique, le métal de sa prothèse émettant des étincelles lorsque le tranchant du sabre vint crisser sur sa surface.

- Aïe !

Le Mercenaire poussa alors Kellran du plat de la main, le frappant juste en dessous du cou. Dans le même temps, il profita de son avantage et percuta le bras du Chasseur avec sa lame, sans réussir à l'enfoncer.
Kellran recula, sentant malgré tout le sang couler d'une légère coupure entaillant son bras au niveau de l'épaule.

- Merde...

Il voulut tenter un nouvel assaut, essayant de s'habituer au poids de sa nouvelle arme, mais Huxley maniait bien mieux son poignard intégré que le Chasseur son sabre. Le guerrier repoussa l'attaque d'un geste vif de son bras bionique, et renvoya Kellran là où il se trouvait d'un coup de pied dans le ventre.
Le jeune homme pestait, en se relevant, comprenant clairement son manque total de force et de maîtrise par rapport au Mercenaire. Il jeta un bref regard autour de lui, voyant sans les voir les spectateurs qui assistaient au combat. Puis ses yeux tombèrent sur son sac de randonnée tout neuf.

* Non, pas ça... *

Il fit la moue, priant pour trouver une autre solution que celle là, mais aucune autre ne lui vint.
Désespéré, il attrapa le sac par une lanière, puis le lança dans les pieds d'Huxley, à la manière d'un joueur de bowling balançant la boule vers les quilles.

- Strike ! lâcha un spectateur derrière Kellran, et ce dernier ne put s'empêcher de rire, bien que la situation ne soit pas favorable à l'humour.
Il chargea, profitant de son court avantage, et pointa sa lame vers Huxley.

EJ :

Huxley venait de basculer, surpris par une attaque si inattendue. Kellran courut vers sa cible, interrompu dans sa course par un coup de feu. Un homme avait tiré en l'air pour stopper les deux combattants.

- Lâche ton arme bâtard !

Kell se retourna, deux miliciens d'Âme Libre pointaient leur Scorpio sur lui. Dans l'agitation, le chasseur avait oublié que Liberia disposait d'un service d'ordre. Un autre milicien accourut l'arme à la main. Apparemment, un badaud avait prévenu la cavalerie. L'un des soldats s'approcha d'Huxley, lui donnant un coup de pied en l'obligeant à rétracter la lame de sa prothèse. Kell se tourna vers le canon pointé sur lui, recevant un nouvel ordre.

- Tu vas lâcher ça crétin !

De son côté, Huxley s'était relevé, la lame rangée, jetant un regard qu'il voulait paniqué vers l'un des miliciens.

- Il m'a attaqué ! C'est de la légitime défense !

Kellran allait abattre son arme, profitant de son coup fourré. Il ne comptait pas tuer le Mercenaire, il n'aurait pu s'y résoudre.
Le destin fut d'accord avec lui. Un coup de feu résonna, suivi des cris de panique des spectateurs qui s'écartèrent rapidement, laissant passer deux hommes équipés de pistolets ; des Scorpio jugea Kellran en fronçant les sourcils.
L'un des deux fonça vers lui, à tel point que Kellran recula et faillit trébucher sur Huxley, toujours à terre.
Mais le soldat s'intéressa à ce dernier, et lui envoya son pied dans les cuisses pour l'obliger à rétracter sa lame.

* Eh ben *

Tellement occupé par la scène qui se déroulait, il en oublia le deuxième soldat, dont le canon du revolver vint cogner contre sa tempe.
D'un geste vif, il se retourna, plus par réflexe que par réelle agressivité. De toute manière, l'arme le dissuada de tenter quoi que ce soit.
Il lâcha son sabre, laissant ce dernier cogner contre le sol avec un bruit désagréable.
Puis il leva les bras, montrant qu'il ne possédait aucune autre arme sur lui.

- P'tin, c'est quoi cette nouvelle lubie du destin ?

Le soldat s'approcha, le visage impassible. Il tendait son Scorpio à bout de bras, menaçant le Chasseur de lui exploser la tête au moindre geste.

- Qu'est ce que t'a dit, le crétin ?

- Rien, rien...

Il sentit Huxley se relever derrière lui, sous la surveillance avisée de l'autre soldat. Kellran tourna la tête et le vit, une fausse expression de panique plaquée sur son visage dur. A quoi jouait-il donc ?

- Il m'a attaqué ! C'est de la légitime défense !

Un rire involontaire s'échappa de la bouche du jeune homme, chargé de l'ironisme de ce mensonge. Comment osait-il proférer un tel mensonge ?
Kellran retint une remarque acerbe, préférant éviter de laver son " linge sale " devant deux hommes armés et inconscients de la situation.
Il secoua la tête, reportant son attention sur le soldat qui le menaçait. Il ne répondrait pas à ce mensonge.
Levant les yeux, il les plongea dans ceux de l'homme en face de lui. Qui étaient-ils donc ? Et que savaient-ils ?
Plus personne ne traînait dans la rue, et aucune tête ne pointait aux fenêtres. Ils étaient seuls au monde, juste par l'action de ces deux personnages inconnus. Kellran ne pouvait nier qu'il se sentait impressionné.

EJ :

Le premier milicien donna un nouveau coup à Huxley avant de lui passer des menottes. Le second garde s'approche de Kell avec la même intention. C'est ici que le jeune homme comprit qu'il n'allait pas s'en sortir avec quelques reproches. Âme Libre s'occupait de la sécurité de la ville, et ces derniers temps, les miliciens appliquaient leur pouvoir avec une main de fer. Le garde s'approcha, l'air menaçant.

- Une nuit au cachot calmera sans doute vos ardeurs !

Le chasseur allait protester quand il reçut un violent coup à la tête. Quand il se réveilla, il se trouvait dans une salle sombre, uniquement éclairée par un soupirail qui donnait sur une rue piétonne. Huxley était allongé sur le sol, inconscient, le visage en sang. Apparemment, les miliciens avaient dû le ruer de coups pour l'amener là. Un troisième homme attendait, dissimulé dans l'ombre de la miteuse cellule. L'inconnu semblait totalement dans les vapes, sous l'effet d'une quelconque drogue.
Naturellement, Kell n'avait plus ses armes. Les gardiens lui avaient enlevé sa ceinture et tout ce qui lui aurait servi d'arme éventuelle. Une épaisse grille séparait le cachot d'un couloir accueillant des cellules de la même espèce. A en croire l'éclairage public, il devait être dans les dix neufs heures. Ce n'était pas ce soir que Kell dormirait à l'avant-poste.
Huxley se mit à grogner, il se réveillait doucement. Le vieillard drogué marmela des paroles, motivé par on ne sait quel signe.

- Eh eh ! Ton ami en a pris plein la gueule... Eh eh ! Sacrés miliciens !

HJ :
Tu as une énorme bosse sur le crâne et un oeil au beurre noir.
Tu commences à avoir faim et soif.
Tu perds 15 points de vitalité.