Le village des monstres [Jarel]

SUJET PRÉCÉDENT


EJ :

Le village portait bien son nom. Entouré d'une palissade sans doute plus efficace à la délimitation du village qu'à sa défense, il était constitué d'une centaine de bâtiments, dont à peine un dixième devaient être en béton. Tout le reste n'était que cabanes en tôles ou en matériau de récupération. Pour autant, la vie allait bon train dans cet étrange village.

Un mutant, Jarel en avait vu un la veille, ce pourquoi il ne fut pas réellement étonné de croiser trois Porcins armés à son entrée dans la ville, contrairement à 42 qui se permit une étrange grimace... Mais leur surprise n'était pas à son comble, le village grouillait d'une étrange populace dans laquelle les trois hommes et leurs vieilles ripes se fondaient presque parfaitement.

La foule était réellement étonnante, presque inquiétante. Une bonne partie se constituait de mutants divers, la plupart des Félins ou des Canidés, d'autres étant des espèces de végétaux mouvants. D'autres encore se dissimulaient derrière des capes et des capuches, laissant parfois dépasser crocs ou tentacules. Un homme très maigre de plus de trois mètres frôla Jarel en lui adressant un sourire plein de dents rouges et acérées.

D'autres étaient des humains, mais pas des hommes et des femmes recommandables, cela était certain. Quelques uns faisaient la manche, l'air aussi misérable que Gill lui-même, d'autres avaient quant à eux l'air de véritables criminels, cicatrices en abondance, armes vieilles mais puissantes. Nombreux étaient ceux qui portait des habits les dissimulant partiellement, pour cacher d'affreuses cicatrices ou un visage trop connu. Le plus étrange qu'ils croisèrent fut un homme portant un exosquelette mécanique qu'il dissimulait à peine derrière une large cape. Il trainait derrière lui un voleur enchainé qu'il avait dû capturé pour on ne sait quelle prime.

Au milieu de tout ce beau monde évoluaient librement nombre de chiens -errants ou non- de rats et autres vermines, ainsi que de solides chevaux, voire des sangliers dressés. Le tout formait un ensemble étrange et unique, qu'on ne devait sans doute retrouver qu'ici même. 42 avait l'air très amusé de la situation, il se permit même de siffler d'admiration.

- Sacré bordel ! Je suis sûr que j'pourrais m'trouver un bon tatoueur dans le lot !

- Assurément ! lui répondit Gill en désignant un homme tatoué des pieds à la tête pour donner un exemple.



HJ :

S'il faut un jour de marche pour rejoindre les parois, tes hommes auront du mal à être de retour à la cabane à 9h00...

EJ:

Jarel et ses compagnons marchaient dans les rues délabrées du village si particulier. À peine arrivé que 42 se vît déjà en véritable touriste. Qu'il parle avec les habitants du cru ne le dérangeait pas, mais qu'il se fasse tatouer la peau était autre chose. Jarel aurait voulu lui rappeler qu'ils étaient toujours en service, mais 42 était probablement le mieux infiltré des deux, c'est pourquoi il garda le silence. Le petit groupe s'arrêta sur un homme complètement tatoué de haut en bas. Pendant que le vieux Gill et 42 lorgnait le bonhomme, Jarel observait un peu plus le reste du village. Un pub, une épicerie, un barbier, une pseudo clinique et bien d'autres vieilles baraques.

- Kyle, allons donc voir c'barbier. T'en profiteras pour t'refaire faire la face! Ha!

Le langage si familier cachait en fait des ordres bien précis, 42 l'avait compris. Entrer, se faire passer pour un client et en profiter pour tirer quelques informations pas trop gênantes. S'ils posaient trop de questions, on ferait bien plus attention à eux. Alors qu'ils se dirigeaient vers le barbier Jarel s'approcha de Gill.

- Eh le vieux. T'aurais pas un ou deux contacts par ici? Ça s'rait plus simple.
- C'est possible. Mais le type c'est un enfoiré d'hispanique!
- Un quoi?
- Z'êtes trop jeune pour connaitre ça vous autres. Mais y a bien longtemps y avait plein de langues. La famille de Sànchez ils perpétuent la tradition, même si c'est chiant.
- Tu veux dire qu'ils parlent une autre langue?
- Bah! Tu verras bien! C'est spécial, j'te l'dit! Mais tu peux être sûr d'une chose. Si y a quelque chose à savoir c'est c'bonhomme qui faut voir!

Les deux hommes arrêtèrent de parler un moment en entrant chez le barbier. 4é était déjà dans son rôle, il gardait son caractère, mais avait greffé sa façon de parler sur le vieux Gill. Un vrai mercenaire du coin...

HJ: J'avais pas fait attention en tapant le RP. Disons qu'ils ont rendez-vous dans deux jours à 9h00^^

EJ :

Gill avançait le premier, se dirigeant vers l'établissement du barbier. Soudain, il s'arrêta, lorgnant ses deux compagnons.

- Attendez un peu les p'tits gars ! Z'avez d'quoi payer au moins ?

Jarel se mordit la lèvre, il avait totalement oublié que les gens d'ici n'utilisaient pas de crédits. A force de vivre selon un certain mode de vie, on en oubliait que d'autres existaient. Mais alors que le lieutenant se maudissait intérieurement, Kyle sortit une bourse pleine de pièce qu'il lança dans les airs avant de rattraper.

- Je sais que vous allez pas aimer ça patron, mais j'voulais étudier la rapidité d'action d'un mutant ! Les Porcins sont pas des rapides en tout cas, celui à qui j'ai fauché ça n'a rien remarqué !

Les trois hommes entrèrent dans la cabane du barbier. Tout y était conçu dans un métal de récupération, mis à part d'immenses miroirs. Un vieil homme plutôt robuste était en train de se faire raser par un mutant de type Félin plutôt habile. Il restait un siège libre. Un homme un peu rond portant une large barbe noire s'avança vers les nouveaux venus.

- Gill el Loco ! Holà amigo ! Como estas ? Ah ah ! Qu'est ce que tu deviens compa ? Enfin décidé à raser tu guarrada de barba ?

L'homme parlait avec un accent inconnu pour Jarel et Kyle, ce dernier s'empêcha même un rire moqueur. Gill s'écarta, désignant ses nouveaux amis.

- Non, je t'ai amené des camarades Sanchez ! Voici Kyle et Jarel, je les ai choppé à vouloir chasser sur mon territoire, depuis ils veulent plus me lâcher ! Si tu pouvais les raser, je vais présenter ces deux bons à rien à un éventuel employeur, faudrait mieux qu'ils soient présentables.

Sanchez examina les deux hommes d'un regard mauvais.

- Mercenarios ? Si, si, puedo. Je vais m'occuper de tes mioches amigo ! Encantado hombres, me llamo Sanchez !

Le vieux client quitta sa chaise, vite remplacé par 42. Jarel fut quand à lui pris en charge par Sanchez. Son plan original n'avait pas prévu qu'il passe lui aussi sous le rasoir, mais Gill s'était amusé à changer le plan original.

Le sniper observait étrangement le mutant qui allait le raser.

- Alors comme ça t'es... un monstre ?

Le mutant sortit ses griffes acérées.

- Tu préfères que j'utilise le rasoir ou les griffes, mercenaire ?

- Ok ! ok ! Pas d'blem "amigo" ! On va rester traditionnel, ça m'ira comme ça !

42 avait véritablement adopté l'accent de Gill, ce qui amusait Jarel sans que celui ci n'exprime ouvertement cet amusement. Sanchez venait de placer une serviette autour du cou du lieutenant et s'apprêtait désormais à étaler la mousse à raser. C'était le moment idéal pour poser des questions...



HJ :

Aucun problème ! C'est juste une question de logique (même s'il m'arrive souvent de ne pas l'être ! XD)

Jarel était installé confortablement sur son siège. Le barbier était impressionnant, ses gestes étaient aussi précis que spectaculaires. Apparemment il aimait en mettre plein la vue pour fidéliser ses clients. Jarel se laissa faire, se maudissait d'avoir été si négligent. Si 42 n'avait pas été là, leur approche aurait été très mal perçue. Ne pas avoir penser à l'argent! Qu'est-ce qui lui était passé par la tête? Mais Jarel se calma bien vite quand la fraiche mousse lui fut étalé sur le visage par le barbier.

- Alors, on cherche el travaro? Gill es un hombre... un poco... comment vous dites...
- Opportuniste?
- Si si! Eres un hombre inteligente tu, hein?
- Dites, les grands patrons y en a beaucoup ici?
- Hum... ça dépend. Prefieres grandes contratos o pequeños?
- On se débrouille plutôt bien, disons qu'on aimerait passer à des contrats qui payent bien.

Jarel attaquait fort. Il espérait entendre un nom familier. Un nom d'un gars d'Âme Libre qui trainerait dans le coin. Seulement, à cette époque, ces gars là devaient être occupé au Grenier. Jarel faisait tout de même attention. en tant que mercenaire il devait avoir l'air de savoir où il allait, mais il fallait faire attention de ne pas trop creuser certaines questions.

- Hein Kyle? Les derniers n'ont pas été glorieux! Ha!
- Bah y en a quelques uns oui. Mais Gill vous les montrera héhé!
- Y a pas mal de mouvements en ce moment. A mon avis va y avoir tu boulot, avec tout ces gars en blindés là.

EJ :

Gill rasait avec rapidement et avec précision, bien que la barbe naissante de Jarel était loin d'être un enjeu pour lui. Comme l'avait précisé Gill, l'homme semblait connaître du monde ici, mais les gens d'Âme Libre ne semblaient pas vraiment faire partie de son répertoire. Après tout, le village des rejetés n'était pas connu pour faire ami-ami avec Liberia, même si Sailor, chef du village, avait récemment signé un traité avec Akon Jewels.

- Si quieres trabajar aqui hermano, mieux vaux s'adresser à Sailor, le grand jefe du village. En ce moment, il paraît qu'il va pactiser avec ses cabrones d'Âme Libre... Alma Libre... Por los cojones !

Heureusement pour eux, les deux soldats venaient avec Gill, ce qui rendait leurs questions moins suspectes. Et après tout, des mercenaires auraient très bien pu voir, eux aussi, les blindés.

- Los carros de combate ? Las mierdas de blindé ! Des blindés d'Âme Libre, ils se sont ravitaillés ici ayer... Representantes de Alma Libre... Con Eva Helena. Esta puta dirige los carros de combate. Elle fait une expédition selon elle. Elle a emmené algunos mutantes con ella. Sailor lui a donné ses meilleurs éléments... Ils vont nous faire ramener ces saloperies d'Unificadores s'ils continuent à dar guerra a Immanis !

Jarel ne comprenait pas l'ensemble des paroles du barbier, mais l'essentiel était là. Le nom d'Eva Helena était plus qu'interessant... La numéro trois d'Âme Libre... Le barbier essuya le visage de Jarel et ota la serviette.

- Ça vous fera 100 livres chacun amigos !

Jarel se relevait de sa chaise tout en examinant le travail effectué. C'était nickel, impeccable, ça valait largement le rasage matinal. Seulement, il était troublé, c'est pour cela qu'il se regardait dans la glace, travailler son regard pour ne rien laisser paraitre. Le nom qui avait ressurgi de cette conversation ne le laissait pas indifférent. Eva Helena, Jarel se sentait si proche d'Âme Libre qu'il ne l'avait jamais été. D'après ce qu'il avait compris, elle était dans le coin et elle menait les opérations. L'État-Major serait surement ravi d'apprendre à qui ils avaient à faire. Mieux pouvoir appréhender les mouvements de l'ennemi était une arme dont il ne pouvait se passer. 42 donna l'argent à l'assistant de Sànchez. Celui-là même s'il ne le savait pas allait figurer très bientôt dans les dossiers classés d'Immanis.

- Gracias amigo, on se reverra bientôt.
- J'espère bien!

Jarel sortit le premier, suivit de Gill puis de 42. La journée ne faisait que commencer et déjà les informations affluaient. Seulement, il était temps de prendre contact avec 41. Leur situation allait devenir très vite compliquée si Eva Helena trainait dans le coin. La vie en ville battait son plein désormais. Jarel faisait attention plus que jamais. Il avançait suivi de Gill et de 42, jusqu'à une petite ruelle menant à une impasse. Coup de chance, il n'y avait pas de fenêtre. 42 resta à l'embouchure, faisant le guet. Gill quant à lui fut tiré de force par Jarel. Le vieux ne comprit pas trop ce qui lui arrivait, c'est pourquoi il porta sa main à sa ceinture, prêt à sortir une quelconque arme.

- Pas de panique. Si on pose des questions, je te détrousse de ton argent. Alors, reste calme.

Jarel porta le communicateur de 42 à son oreille, tout en se dissimulant dans la pénombre. Il écouta un moment ce qu'il se passait autour de lui, il n'y avait rien. Enfin, du moins il en avait l'impression. Il activa alors le communicateur et commença à chuchoter.

- Mike, ici John. Mike ici John, tu me reçois vieux?

Le vieux afficha un léger sourire. Il n'était pas de l'armée, mais il n'était pas dupe. Quoique ce stratagème fût bien pensé. Pas de matricule, pas d'identification, rien. Si quelqu'un écoutait cette purée, il ne pourrait jamais trouver les personnes en questions. Elles étaient dans l'anonymat complet.

- John, ici Mike, y a de la purée, mais je te reçois.
- Comment ça se passe de ton côté ? Pas trop de rats dans la baraque?

Un message qui ne faisait pas dans la finesse. Mais même si le code n'avait pas été prévu à l'avance 41 se doutait bien de quoi parlait Jarel. Des mouvements hostiles durant leur approche des parois il y en avait surement eu, mais Jarel voulait savoir à quoi s'attendre exactement.

EJ :

La réponse de 41 était très lointaine et basse, comme si les émetteurs étaient à une portée limite l'un de l'autre. La réponse n'arriva qu'au bout d'une trentaine de secondes, un décalage certainement normal. Après tout, les communicateurs n'étaient pas conçus pour être extraits de leur casque, ce qui expliquait une faiblesse de celui-ci.

- Si, j'crois bien avoir vu deux GROS rats, comme les deux qu'on a vu hier, peut-être un peu plus vieux. A part ça rien d'anormal, quelques broutilles, mais la maison semble sûre. Je serai arrivé au salon comme tu me l'as demandé dans quelques temps, j'dirais que je suis à la moitié du trajet. Et toi ta petite virée ? Rien d'anormal ?

Les parasites revinrent, signalant à Jarel que 41 en avait terminé. De son côté, 42 ne disait rien, signe que la rue était plutôt calme.

Jarel restait dans la pénombre pendant que Gill grillait une cigarette. Il n'avait pas apprécié la prise d'initiative du lieutenant, mais Jarel comptait bien lui montrer qu'il avait encore le contrôle. Seulement, pour le moment il était bien plus préoccupé par le rapport de 41. Des gros rats ne pouvait signifier qu'une chose. Eva avait déployé quelques blindés, mais que comptait-elle faire ici? Ça il allait sûrement pouvoir l'apprendre en creusant un peu plus par ici. Il se concentra enfin afin de répondre à 41.

- La cave à l'air dégagée. On a quelques chats qui ont l'air de vouloir nous indiquer où se trouve l'un des chefs de meute. Si c'est bien le cas oncle bob va vouloir s'en débarrasser très vite. Je te contacte plus tard. Mike, ici John, terminé.

Tout se passait comme prévu pour le moment. Mais tout pouvait arriver, ici comme chez 41. Seulement 41 n'était pas un novice, il avait de grandes capacités, il ne faisait aucun doute qu'il pourrait s'en tirer. Sachant cela, Jarel se sentait plus libre de ces mouvements ici.

- Bon, on va pouvoir chercher ces employeurs. Après ça on te laissera tranquille, tu nous aura bien aidé.

Le vieil homme bougonna puis cracha au sol le restant de tabac collé entre ses dents. Apparemment il n'avait pas l'air d'avoir oublier le traitement sans ménagement qu'on venait de lui faire subir. Jarel se dirigea alors vers le croisement où attendait 42. Ce dernier qui était adossé au mur se redressa à l'approche de son supérieur.

- Ça y est?
- Ça devrait le faire. Allons chercher ce contrat et tirons nous d'ici.

EJ :

42 poussa Gill en avant, l'incitant à rejoindre la ruelle. Le vieillard semblait en rogne. Il lissa sa vieille veste avant de reprendre la route, l'air haineux.

- Z'êtes pas cool les gars ! J'vous ai accueilli comme des amis, et vous me faîtes ça ! Bon, j'sais pas pourquoi vous tenez tant à être employés ici, mais j'vous assure qu'une fois que j'vous ai amené à un gars, j'disparais ! C'est clair ? Et pas d'embrouilles ?

Le vieil homme les mena à travers le village, vers des rues plus fréquentées. Sans doute s'assurait-il ainsi de ne plus être victime des coups des Unificateurs. Après un moment de marche, l'homme s'avança vers une cabane métallique tout en longueur, reliée aux restes d'un bâtiment de béton.

- Bon, si j'pouvais j'vous rencarderais tout de suite sur Sailor, mais disons que je ne suis pas l'un des grosses pontes du village comme vous pouvez le constater. J'vais vous conduire à Tyl Vaine, une vieille connaissance, et crapule occasionnelle. Si un mec peut vous trouver quelque chose, ce sera lui !

le vieux Gill toqua à la porte de la cabane, criant qu'il voulait voir Tyl. Un canidé à la gueule pleine de cicatrices lui ouvrit, et les trois hommes purent entrer. L'endroit était enfumé, une paire de mutants y jouait au poker, d'autres buvaient. Il devait s'agir d'une sorte de club privé. Gill s'avança vers le fond de la cabane, là où elle était reliée au bâtiment d'antan, les deux parties séparées par une solide porte. Gill toqua de nouveau, expliquant au judas de la porte ce pourquoi il était venu. La porte s'ouvrit immédiatement sur un homme barbu l'ai très énervé.

- Gill... Je m'attendais pas à t'voir par ici... Le patron est au fond, comme d'hab !

Les trois hommes entrèrent dans une pièce plutôt large et haute de plafond. Des tables hautes étaient placées ça et là, certaines occupées par des hommes aux airs peu fréquentables. Au fond, un homme était allongé, torse nu, sur une pile de coussins. Il fumait un large cigare. Derrière lui se tenaient divers gardes en armes. Devant, un homme était agenouillé, le visage en sang.

Tout cela ne sentait pas bon. 42 désigna discrètement l'un des hommes debout près de Tyl.

- Ce gars là ! Je l'ai vu tout à l'heure... Un exosquelette dans un trou pareil, ça s'oublie pas !

En effet, l'homme qui se tenait le plus près de la victime portait un exosquelette mécanique de modèle Silver Knight, qu'il dissimulait derrière une large tunique à capuche qui devait cacher de nombreuses armes. Il s'agissait sans doute d'un chasseur de primes, ce qui au fond n'avait rien d'étonnant. Alors que les trois hommes étaient à mi-chemin, Tyl se leva, avançant lentement vers l'homme blessé en face de lui.

Maintenant qu'il était debout, Jarel comprenait que quelque chose n'allait pas chez Tyl : il mesurait presque deux mètres, et arborait une série de muscles humainement improbable. Gill vit l'air médusé des deux hommes, souriant largement.

- C'est un mutant ! Un surhomme ! Laissons le faire ce qu'il a à faire !

Tyl saisit sa victime d'un seul bras, le soulevant au sol sans un problème. De là où ils étaient, les Unificateurs ne purent que voir une giclée de sang s'échapper des oreilles de l'homme avant que son assassin ne le jette à terre, quelques mètres plus loin. Un Porcin fit disparaître le corps, le trainant dans une autre pièce. Gill s'avança alors que Tyl reprenait place, écarquillant soudain les yeux à la vue du vieil homme. Sa puissante voix traversa alors la pièce.

- Gill le Sanguinaire ! Approche vieux loup ! Je ne m'attendrais vraiment pas à te voir ici... Gardes !

Gill avança les bras en avant alors que l'exosquelette pointait un pistolet Mygale sur lui. Les deux Unificateurs étaient restés en retrait.

- Attends ! Je viens pour affaire ! Je t'ai amené des amis.../color]

- [color=brown]Des amis ? La dernière fois que tu avais des amis, tu les as laissé moisir dans les Égouts ! Tu ne te souviens pas vieillard ? Tu nous as laissé avec ces saloperies de Dégénérés ! Ton sort sera moins enviable que celui du mec que je viens d'allonger !

Tyl menaça de se lever.

- Attends ! Ce sont des Unificateurs ! Je te les donne !

Jarel se sentit soudainement piégé. 42 leva instinctivement le vieux fusil que Gill lui avait donné, rencontrant les armes de tout les hommes de Tyl. L'exosquelette levait également son Mygale, l'air déterminé. Il avança d'un pas. Gill se sentait déjà plus sûr de lui, les soldats avaient sans doute trop joué de sa gentillesse. S'il avait été rejeté de Liberia, c'est que cela avait une raison.

- Les mecs, vous m'avait vraiment poussé à bout ! Pas d'inquiétudes, leurs armes sont inutilisables ! Ces abrutis ont même pas pensé à vérifier !

Tyl éclata de rire avant de s'adresser à l'exosquelette.

- 777, occupe toi de ça ! Des vieux amis à toi, ça ne va pas être trop difficile !

42 jeta rapidement son fusil, saisissant au plus vite le Cobra qu'il avait emmené avec lui. En une seconde, "777" fut à ses côtés, faisant sauter le pistolet d'un coup de pied et neutralisant le sniper d'un violent coup sur la carotide d'un revers de la main. Alors que 42 tombait inconscient et que Jarel allait intervenir, le chasseur de prime dégaina un lance filet, capturant le lieutenant d'un seul coup. L'affaire était joué en moins de trente secondes. Étourdi, Jarel se retrouvait capturé dans un filet plus que solide, au sol. Il entendit la voix sournoise de Gill.

- Toujours aussi rapide ton 777...

- Le meilleur chasseur de prime qui soit. Un ancien Fils d'Immanisius, comment veux-tu qu'il en soit autrement ? Embarquez ces deux là !

Jarel reçut un violent coup à la tête, se réveillant dans une cellule, n'ayant sur lui plus que les vieilles ripes offertes par le traître. 42 était à ses côtés, toujours inconscient. La pièce était obscure, séparée en deux par une série de barreau. La seule sortie envisageable était la porte, de l'autre côté des barreaux. 42 se réveillant doucement, l'air dans le gaz...

- Bordel... Que... Que s'est-il passé ? On est où ?


HJ :

Tu as une énorme bosse sur le crâne. Tu perds 10 points de vitalité.

Jarel était assis, adossé à un mur de la cellule miteuse. Si on ne le connaissait pas on dirait qu'il somnolait, mais en réalité il repensait à ce qu'il s'était passer. Comment avait-il pu faire confiance à un inconnu, ça ne se serait jamais produit auparavant. Il avait l'impression de faire son apprentissage à chaque mission qui passait, risquant toujours plus la vie de ses hommes. "foutu guerre" se disait-il. Et qu'est-ce que foutait un ancien fils d'Immanisius dans un coin pareil? Qu'est-ce que ça lui apportait? des rations pourries? Des appartements miteux? Non, il devait forcément y avoir autre chose. Mais pour le moment il devait se concentrer sur une éventuelle évasion avant l'arrivée d'Eva, car il en était sur, le gus de Tyl Vaine allait les vendre. Crapule occasionnelle égale crapule toujours! Mais alors qu'il commençait à peine à réfléchir, 42 se réveillait déjà.

- Bordel... Que... Que s'est-il passé ? On est où ?
- En cellule dans les sous-sols de leur complexe, probablement.
- Qu'est-ce qu'on fait Boss?
- Ne m'appelle plus comme ça tant que nous seront ici. Tu t'appelles Evan et moi John, compris?
- La transmission de tout à l'heure?
- Pour le moment ils n'ont aucune preuve que l'on est des Unificateurs, inutile de leur en donner. Lorsque Andy nous verra en retard il dégagera vite fait des lieux avec l'équipement. Pas de preuves, pas de ventes.
- Cool... mais ça va pas nous sauver vraiment ça.
- Pas une seconde de plus. Il faut qu'on trouve un moyen de se tirer d'ici. J'ai jeté un coup d'œil un peu partout. Pas de caméras, c'est déjà ça. Les gardes n'ont pas l'air de trop s'occuper de nous, ils doivent penser qu'on va se laisser abattre comme des soumis.
- T'as un plan?
- Pas vraiment, en fait je vois pas du tout comment nous sortir de ce merdier. Ce que je sais, c'est qu'il faut se tirer avant l'arrivée d'Eva.
- Tu pense qu'elle viendra?
- Des soit disant unificateurs en vie et hors combat ça court pas le Grenier. Elle voudra des informations qu'elle pense pouvoir obtenir avec nous. Seulement on sait que dalle, alors si on reste on va morfler plusieurs jours avant qu'ils ne nous abattent par dépit.
- Pas vraiment réjouissant, hein?
- T'as cerné le problème. T'aurais pas quelques compétences en crochetage de serrure? Toute aide pour sortir d'ici serait la bienvenue.

Pour le moment Jarel ne pouvait faire qu'attendre, en fait il comptait plus sur l'erreur d'un garde qui s'approcherait trop par haine des unificateurs. Et là Jarel lui tomberait dessus comme une nuée hardant de coups. le resta encore assis, adossé contre le mur du fond à attendre la moindre ouverture qui se profilerait.

EJ :

L'emprisonnement n'avait rien de réjouissant... Contre un ennemi ou une créature, Jarel avait toujours l'espoir d'en sortir... Mais contre des barreaux, aucune échappatoire. 42 essaya vainement de crocheter la serrure, mais sans le matériel adéquat, c'était impossible. A en croire les murs de pierres et l'obscurité, ils devaient se trouver au sous-sol de l'antre de Tyl. En haut, ses hommes devaient grouiller, mais ils n'étaient sans doute pas aussi efficace que des Unificateurs. De plus, les complexes ne disposaient d'aucun système de surveillance.

- Je connais Andy, il ne se rendra pas au rendez-vous s'il ne reçoit pas de nouvelles... Mais dans tout les cas, il n'aura pas le temps de cacher notre équipement. Notre couverture sera cuite d'ici peu Jarel. J'ignore depuis combien de temps nous sommes là, mais les hommes de Tyl reviendront avant la soirée avec de belles armures de combat...


Dans tout bon film d'action, la solution aurait été immédiate et spectaculaire, mais les deux soldats n'étaient pas dans un film. Le temps passa, lentement, chaque minute réduisant l'espoir du lieutenant. Il n'aurait su dire combien de temps avait passé quand la seule porte de la pièce s'ouvrit. Un bref coup d'œil fit remarquer à Jarel qu'elle donnait sur un escalier. Ils étaient bien au sous-sol.

L'homme qui apparut était puant et barbu, il portait de vieilles ripes en peau d'on ne sait quel animal, et un Scorpio pendait à sa ceinture. Un homme de Tyl, assurément. Il n'avait pas l'air d'avoir les clefs de la cellule, et ne s'approcha d'ailleurs pas assez pour se faire attraper par l'un ou l'autre des gars. L'homme se contenta de poser le plateau repas qu'il tenait, et le fit glisser vers les barreaux.

- Alors les Unificateurs ? On s'amuse ? J'crois la confiance stupide que vous avez accordé à Gill achèvera votre carrière !

42 tapa contre l'un des barreaux de la prison.

- Bordel ! Où est cet enfoiré ? Il ment ! Il nous doit de l'argent et...

- Ta gueule ! Pas la peine de nous faire ton petit numéro ! On a retrouvé votre équipement ! Tyl m'a dit de vous nourrir, vous allez avoir besoin de force pour les combats...

- Les combats ? Quels combats ?

L'homme eut un rire méchant.

- Vous connaissez rien d'ici hein ? Vaine aime organiser des combats par ici, ça ramène du monde, et tous paient l'entrée... Et croyez moi, le match de ce soir va amener beaucoup de monde ! Deux Unificateurs contre notre champion, ça arrive pas tout les jours ! Le temps qu'Âme Libre apprenne votre présence ici, vous serez morts ! Maintenant bouffez les petits gars !

Il quitta la pièce, laissant le plateau repas sur lequel attendaient une bouteille d'eau et des morceaux de viande crus. Les soldats finirent par manger, n'ayant pas vraiment d'autre choix. Puis, ils attendirent encore. Le bruit de la porte réveilla Jarel, deux canidés venaient d'ouvrir sa cellule, chacun saisissant violemment les prisonniers. L'homme de tout à l'heure étaient également là, pointant un fusil vers les prisonniers. Les mutants mirent des menottes aux prisonnier, les trainant le long des escaliers, puis suivant un couloir pour atterrir dans la pièce de la veille, dans laquelle un ring avait été aménagé.

La foule ne cessait de crier quand les prisonniers furent menés jusqu'au ring. Jarel et Andy reçurent plusieurs crachats et autres insultes. On finit par les jeter sur le ring après leur avoir ôté les menottes. La foule encerclait le ring : toute fuite était impossible. Les bruits fusaient de partout, une sorte de présentateur criaient des paroles que Jarel ne cherchait pas à comprendre.

42 lança un regard plein de haine à son lieutenant.

- On va jusqu'au bout Boss ! S'il faut crever ce soir je veux que...

Leur adversaire monta soudainement sur le ring, torse nu. La pire crainte de Jarel se révéla exacte : il était atteint de la même mutation que Tyl : il s'agissait d'un surhomme. Mais dans ce cas : la mutation était bien plus avancée. L'homme devait bien mesurer deux mètres dix. Il semblait presque gros tellement ses muscles étaient imposants. Son corps était harcelé de cicatrices plus ou moins profondes, souvenirs de coups de couteaux, voire d'armes à feu. Aucune de ces blessures ne l'avaient tués...

L'homme s'avança vers les deux soldats, un sourire carnassier sur le visage. Il semblait prêt à les tuer.

C'était donc un combat au corps à corps. Le CAC, Jarel n'avait jamais vraiment apprécié cette discipline où tous les coups étaient permis pendant que Hulak, son précédent formateur, en profitait à cœur joie. Sauf que cette fois l'adversaire était beaucoup plus impressionnant qu'un simple unificateur. De plus, il semblait avoir vu passer plus de combats que Jarel et Kyle réunis. L'achèvement du combat était donné d'avance. Les unificateurs n'avaient aucune chance, seulement Jarel n'abandonnait jamais. Il préférait donner le meilleur de soi même et mourir en sachant avoir fait son possible pour vaincre. Cet état d'esprit pouvait paraitre vain pour beaucoup, mais pour des unificateurs insoumis, c'était indispensable. Le lieutenant se tourna vers Kyle.

- On reste éloigné, toujours trois mètres d'écart entre nous, mais pas plus. Le type devra faire un choix pour attaquer, dans ce cas sa cible devra faire son possible comme s'il se battait seul. Le second devra attaquer en faisant...

L'énorme mutant attaquait déjà en coupant la parole à Jarel qui roulait sur le côté gauche pendant que Kyle sautait sur les cordes pour prendre son appui et passer de l'autre côté du ring. Le mutant se concentrait sur Jarel en s'approchant avec une démarche funeste. Mais Kyle se faisait déjà entendre.

- No problemo, boss!

Le mutant levait son bras droit pour l'abattre à une vitesse fulgurante sur l'unificateur qui ne chercha même pas à le parer. Il se contenta plutôt d'esquiver le coup en se sachant trop peu robuste pour y résister. Mais il ne fut pas assez rapide et déjà le mutant agrippait Jarel par le torse pour le jeter négligemment au sol. Sonné, Jarel mit quelques secondes de trop pour se retourner, le mutant se tenait prêt à l'écraser avec son pied. Mais apparemment quelque chose le gêna, car il se retourna en grognant. Jarel compris que Kyle avait dû frapper, mais le sniper n'était sans doute pas assez puissant pour faire mal. Sans couteau, Kyle était presque inutile.

Le mutant avait déjà attrapé Kyle par la gorge, se concentrant à lui briser la carotide. Jarel se releva rapidement pour frapper sur l'arrière du genou, puis il tapa du poing sur la parti lombaire. Le mutant hurla, mais il parvient tout de même à se rattraper. Encore à genoux il cherchait à se relever, mais le coup dans les lombaires l'avait paralysé. Jarel passa son avant-bras sur sa gorge et la compressa. Pendant quelques secondes le mutant suffoquait avant de projeter Jarel par-dessus sa tête. L'unificateur s'écrasa violemment au sol, mais Kyle frappait déjà dans la tête du mutant avec un coup de pied fulgurant. L'homme de main de Tyl s'écrasa en arrière. Le sniper se précipita pour lui asséner un autre coup de pied dans les cotes, puis un deuxième qui fût intercepté par la poigne du champion. Kyle vacilla puis s'échoua violemment au sol au côté du mutant qui frappa avec son coude dans l'estomac de l'unificateur. Le mutant monta ensuite sur Kyle pour se préparer à lui infliger un déluge de coups, seulement Jarel sautait les deux pieds en avant sur la nuque du mutant qui s'écrasa sur Kyle qui restait sonné.

Le mutant roula sur le côté pour laisser respirer le sniper et s'occuper du lieutenant. Mais Jarel était déjà sur lui, il lui donna un coup dans les cotes avant de reculer de deux pas. Le champion se releva sans montrer un seul signe de faiblesse. Jarel devait pouvoir gagner du temps pour réfléchir à une stratégie. Cependant, avec un tel combat une stratégie semblait inappropriée et impossible à appliquer.

Une droite directe, un coup dans le foie et un uppercut dans le menton. Jarel s'écroula au sol, presque définitivement sonné. La dernière image réelle que son cerveau traita fût celle de kyle exécuter un enchainement de coups tout aussi précis que spectaculaire. Jarel sombra ensuite dans une inconscience profonde soumise à des rêves violents. Il se voyait à bord d'une infrastructure sombre et métallique. Les parois étaient peintes en noir et elles étaient inclinées en direction du plafond. Les coursives étaient étroites et quelques caisses métalliques jonchaient le sol de temps à autre. Plus tard, après un flash blanc, il se retrouva aux prises avec deux inconnus vêtus de combinaison verte. Ils portaient également des casques intégral à visière teintée. L'un des deux l'attrapa et le neutralisa en lui bloquant l'usage de ses bras. Le second plongea sa main dans son torse pour lui arracher le cœur. Puis quelques autres flashs pour enfin se réveiller dans une chambre d'hôpital, en vie.

Seulement, il sut que ce n'était qu'un rêve lorsqu'il se réveilla. Le mutant chevauchait Kyle et le frappait au visage. Jarel, avec une vision encore un peu trouble se releva tant bien que de mal. Encore sous le choc des images violentes il restait confus. Perdu au milieu du ring à regarder autour de lui. Des tas de gens aux visages défigurés, des animaux, des bêtes sauvages. Tous... ils ne méritaient pas de vivre. La peur innommable se transforma alors en haine intarissable, ce qui était surement plus utile pour survivre. Jarel se jetait se le mutant en cherchant à atteindre la carotide.

EJ :

Les cris de la foule avaient réveillé Jarel. Ce dernier n'était pas beau à voir : visage en sang, lèvres gonflées, côtes en miettes. Le champion l'avait laissé pour mort, s'occupant de neutraliser 42 avant d'en terminer définitivement avec les Unificateurs. Pour le moment, le sniper était dans une situation critique. Son adversaire venait de le relever, le laissant totalement avachi sur les cordes du ring, les yeux injectés de sang : il avait perdu plusieurs dents dans la bagarre, et semblait proche du coma. le champion était décidé à l'éliminer.

Seule l'attaque de Jarel lui sauva la vie. Le lieutenant s'était jeté sur le mutant, l'aggipant à la gorge tout en lui donnant des coups de genoux là où il le pouvait. La foule hurla de plus belle. Le champion émit un sourire, saisissant brutalement Jarel pour l'envoyer au tapis, quelques mètres plus tard.

- Vous êtes finis les mecs ! lâcha-t-il d'un ton menaçant en saisissant Kyle, inanimé, par le cou. Il le leva sans mal, le soulevant au dessus de sa tête avant de le jeter violemment dans la foule, où il s'écrasa dans un craquement inquiétant.

Jarel se relevait à peine, mais ne put faire qu'encaisser un violent coup de poing au visage, voyant s'envoler l'une de ses dents au passage. Un autre coup s'écrasa dans ses côtes, ses connaissances en self-défense l'aidant à intercepter un dernier coup. Jarel tenta vainement de contre-attaquer, mais ses coups ne semblaient pas même toucher le combattant, qui ne faisait que sourire. Une balayette fit tomber Jarel, une fois de plus. Le monstre se jeta alors sur lui, l'empêchant de se relever. Il commença à frapper.

La foule venait de rejeter Kyle sur le ring, celui-ci s'écroulant pitoyablement au sol, immobile. Jarel voyait rouge, les membres immobilisés. Il allait mourir, il le savait, il le sentait. Pour autant, il n'avait pas abandonné la lutte, faisant tout pour rester conscient. Kyle venait de bouger. Il se trainait pitoyablement vers les combattants, sous les moqueries du public qui huait les Unificateurs.

Jarel allait s'évanouir quand Kyle atteignait les pieds du colosse. Le lieutenant vit son adversaire hurler soudainement. 42 venait de planter un couteau en plein dans son talon d'achille, seul point faible qu'il pouvait atteindre depuis sa situation. Lui non plus n'avait pas l'intention d'abandonner, et ce malgré son état.

L'air haineux, le colosse se retourna promptement, saisissant Kyle par le torse. Les jambes du sniper pendaient pitoyablement, mais il n'abandonna pas, plantant le couteau en plein milieu du torse du colosse avant de se faire mettre violemment KO par une droite. Le mutant hurlait de douleur, le couteau toujours planté dans son torse. Il s'avança vers Kyle, prêt à l'achever.

42 s'était démené pour voler l'arme à l'un des spectateurs. Ce couteau, ce simple couteau, était la seule chose qui pourrait encore les sauver.

HJ :

Tu gagnes un point de capacité pour ce combat acharné, mais rien n'est encore fini !

Tu perds 75 points de vitalité : visages en sang, côtes en miettes, tu boîtes et parvient mal à te déplacer. Chaque mouvement te fait souffrir. Tu es épuisé.

Jarel était à bout. Ses poumons le faisaient souffrir à chaque soulèvement de la cage thoracique. Ses côtes brisées rendaient sa respiration et ses mouvements difficiles, voire même insignifiants. Ses jambes ne le portaient presque plus, ne cherchant qu'à fléchir pour enfin s'écrouler au sol. Ses bras il ne les sentait plus, seule une vive brulure lui rappelait l'existence de ces muscles à cet endroit. Sa bouche était pleine de sang, il lui fallait cracher plusieurs fois pour vider le liquide gluant au gout cuivré. Sa vision était trouble, le sang coulait depuis son crâne jusqu'à ses yeux, sans compter les divers traumatismes qui avaient dû germer dans sa boite crânienne, compressant ainsi le cerveau et le rendant moins lucide. Tout cela combiné à une ambiance sauvage et frénétique rendait difficile la perception de la véritable réalité. Jarel oscillait entre inconscience et lucidité. Brouillant les visages des spectateurs affublés et immondes avec ceux des deux inconnus casqués qui le hantait toujours. Sans cesse revenait la même image où on lui arrachait violemment le cœur, signe de vie. On allait lui arracher la vie, ce n'était plus qu'une question de secondes.

Mais alors qu'il chutait, se rattrapant in extrémiste avec son genou droit pour tenter de ne pas s'allonger et plonger définitivement dans le coma ; il vit le géant hurler de douleur. Sans vraiment le commander, Jarel abaissa son regard pour apercevoir difficilement Kyle qui avait planté une lame dans le talon du mutant. C'était un point marqué pour eux, seulement ils n'avaient plus l'air suffisamment en état pour en marquer d'autres. Néanmoins, l'idée d'abandon n'effleura toujours pas l'esprit de Jarel. Même s'il voguait entre deux mondes il essaya de se relever. Ce n'était pas facile, il dut s'y prendre à plusieurs reprises pour y parvenir. Et quand bien même il y parviendrait, Kyle était de nouveau en mauvaise posture. Ne pouvant discerner les détails, il lui sembla que son sniper avait épuisé son dernier souffle. Il ne bougeait plus et le géant était occupé à retirer la lame de son torse. Apparemment, celle-ci s'était figée entre deux côtes et il serait difficile, et surtout très douloureux de l'extirper. Cela laissa le temps à Jarel de sombrer dans ses délires. Croyant Kyle mort, il tendait une main fébrile vers son sniper et lui ordonnait de se relever, mais il ne répondait pas. Il conclut alors que Kyle était mort et il se tourna vers le mutant avec un regard hargneux. Les traits du géant se tordaient,s'arquaient pour s'enfoncer et revenir à la normale. Entre deux de ces hallucinations, il crut voir un casque intégral apparaitre, puis le visage du mutant réapparaissait pour offrir le même spectacle troublant. Jarel sombra définitivement dans son délire et prit le géant pour l'un des deux types qui voulait lui arracher le cœur.

Désormais poussé par une frayeur ayant atteint son paroxysme, il se rua sur le géant pour l'étaler au sol. Il hurlait et griffait au hasard. De la bave ensanglantée s'échappait de sa bouche pour tomber dans les yeux du mutant qui dut détourner son regard de l'horrible spectacle. Jarel qui n'était plus lui même hurla à pleins poumons avant de saisir le manche de couteau et de le retirer si violemment que deux côtes jaillirent du torse en arrachant la chair du géant. Mais les réflexes instinctifs du mutant lui permirent de propulser Jarel à plusieurs mètres en arrière. Seulement l'unificateur, qui ne l'était plus vraiment et à ce stade avancé, n'avait qu'une chose en tête, éliminer l'individu casqué qui voulait lui arracher la vie. Jarel fit tournoyer le couteau dans sa poigne, signe qu'il était encore suffisamment lucide et qu'il n'avait pas définitivement plongé dans un comportement bestial. Néanmoins, à le regarder, il avait tout d'une bête sanguinaire. Ses cheveux courts étaient clairement souillés par son propre sang. Les arcades ouvertes laissaient s'échapper le sang qui recouvrait le visage du lieutenant. Sa mâchoire ensanglantée qui était constamment ouverte laissait échapper de la bave rougeâtre à profusion qui s'étalait sur son torse et qui dégoulinait sur tout le reste de son corps jusque sur le tapis du ring. Ses yeux injectés de sang n'exprimaient plus que de la frayeur redirigée vers le Champion. Le fou ne tenait plus que par crainte de perdre la vie et le mutant était désormais touché à vif au torse, perdant son sang à flot. Cela suffirait-il à le vaincre?

EJ :

Délire et réalité se mêlaient soudainement. Jarel se sentit courir, l'arme à la main, mais le colosse sembla s'éloigner, tout en s'agrandissant. Il était désormais devenu titanesque, Jarel n'était plus qu'une fourmi minuscule à ses côtés. Mais la rage le tenait toujours, il planta son couteau au hasard, une fois puis deux, sentant un épais liquide le recouvrir.

Le mutant était redevenu à taille humaine, mais avait pris de nouveaux traits : ceux du chef des Faiseurs de rêves, que Jarel avait déjà tué dans l'appartement d'Arcas. Le lieutenant le tuait à nouveau, bien plus violemment. Son couteau traçait de profondes lacérations partout sur son torse. La tête du monstre pendait désormais, à moitié décapitée. Il ne bougeait plus. Le couteau tomba soudainement des mains de Jarel, il sentit qu'on le trainait en arrière.

Ils portaient des combinaisons vertes, des casques à visière teintées qui dissimulaient toute expression. Ils étaient deux, puis quatre, puis cent. Tous entouraient Jarel, l'observant errer à travers le couloir métallique. le lieutenant se sentait flotter. Désormais, les deux hommes avaient cessé de le traîner, il avançait de lui-même vers le bout du couloir, plein d'une lumière aveuglante. Il se sentait fatalement attiré par cette lumière.

Il ouvrit finalement les yeux, la douleur se réveillant un peu partout dans son corps. Le soldat reconnut immédiatement le plafond crasseux de sa prison. Il était allongé sur la couchette de la cellule, recouverte d'un drap blanc plein de sang. Il était seul. Bougeant lentement la tête, Jarel remarqua que le sol de la pièce était couvert de sang... Sans doute celui de Kyle. jetant un regard sur son corps, il vit qu'il était torse nu, des bandages sur le torse. Une crème verdâtre recouvrait certaines de ses blessures.

Ils l'avaient soignés... Sans doute avaient-ils voulu faire de même avec 42. Il était mort, Jarel le savait, il l'avait vu mourir sur ce ring. Le lieutenant ferma les yeux, s'endormant sans même le vouloir.

Il se réveilla des heures ou des jours plus tard, il n'en savait rien. Il se sentait en meilleur forme. Quelqu'un avait nettoyé le sang par terre, et ses bandages avaient été changés. Craignant le pire, Jarel se mit en position assise. Ses côtes semblèrent lui lacérer le ventre, mais ce n'était pas le cas. La crème verdâtre qui le recouvrait avait un effet réparateur certain.

Le corps du soldat était couvert de bleus, mais il vivait. Il se rua instinctivement sur deux cuisses de poulet placées dans une assiette, les dévorant par plaisir, s'hydratant le gosier grâce à une carafe d'eau posée à côté. Levant soudainement le visage, il remarqua qu'il n'était pas seul. Le garde barbu l'observait, l'air abasourdi. Il s'approcha lentement, tout en restant prudent.

- Tu es en vie Unificateur... Tu as tué notre champion, et tu es en vie ? Les gens t'appellent "le sauvage" dans le village, l'histoire du combat s'est répandu jusque Liberia... Tu es en vie... Tyl a tout fait pour te garder vivant, Âme Libre lui a proposé un paquet de crédit pour toi. Et ce ne sont pas les seuls ! Tout le monde te veux, tu vas être la meilleur affaire jamais conclue au village ! En vie...

Il l'observait, l'air idiot.

- Tu as dormi trois jours... Tu n'auras pas à attendre, ne t'inquiète pas ! Le négociant d'Âme Libre devrait être là ce soir.



HJ :

Les soins et le repas te rapportent 50 points de vitalité, ton état est décrit plus haut.

Tu gagnes un point de capacité pour avoir éliminé le colosse.

Jarel restait assis au bord de sa couchette. Il voulait toucher son visage pour évaluer les dégâts, mais le simple contact de l'air était douloureux, ce qui le retînt. Le garde débitait une histoire insensée, Jarel était plus occupé à remettre de l'ordre dans sa tête. Il discerna enfin la réalité des délires de la veille, mais il ne cracha pas dessus, ils l'avaient sauvé. Puis il se demanda de nouveau ce qu'était advenu de 42, le garde devait savoir. Il hésita, la question était tentante, mais l'idée d'une mauvaise réponse était insupportable. Puis après quelques secondes la tentation l'emporta sur sa crainte.

- Et l'autre? Qu'est-il advenu de mon sniper?

Le garde l'observa un moment sans vraiment vouloir répondre à la question. Un autre type entra en poussant la porte d'acier qui grinça en infligeant une violente douleur au crâne de Jarel. Le nouvel arrivant était jeune, pas plus âgé de seize ans. Il portait un pantalon vert sale ainsi qu'une veste de cuir et des mitaines et un bonnet noir. Son visage était crasseux, mais imberbe.

- C'est lui?
- La ferme Fred, personne t'as permis de descendre voir le prisonnier, barre-toi !
- Ouais, mais c'est le sauvage! Les potes me croiront jamais! Aller soit cool! Laisse-moi prendre une photo!
- Casse-toi avec ton appareil si tu veux pas que je te raccompagne jusqu'à la sortie à coups de pied au cul!
- Frak! T'es qu'un connard!

Le gros bonhomme porta sa main à sa ceinture, mais déjà le gamin rebroussait chemin en gravant les marches trois par trois. Le garde ricana avant de s'installer sur un tabouret et de sortir une vieille pipe. Jarel observa l'objet en se demandant ce que ça pouvait être. Le garde se tourna vers lui avec un air teigneux.

- Savent pas c'que c'est par chez vous?
- On ne fume pas. Personne n'y pense...
- Comment ça s'fait que tu t'es énervé pendant le match. J'croyais que les gars comme toi ça ressentait que dalle.
- Je suis plus soumis au H.I.S depuis récemment. À cause de ça j'peux parfois être naïf. J'ai été con de faire confiance au vieux Gill.
- Ouais, si tu veux mon avis n'en parle pas de ça. Les gars d'Âme Libre en profiteront, c'est clair! Ha! Enfin moi je m'en branle. Je touche mon pognon, point à la ligne.
- Et pour Kyle?

Sans le vouloir Jarel avait appeler son sniper par son prénom en pleine mission. Même s'il était prisonnier la discipline devait toujours régner. C'est sans doute la seule chose qui pouvait le sortir de là maintenant...

EJ :

Le garde eut un rire mauvais, s'avançant un peu plus tout en lâchant un flot de fumée. Son visage était tout ce qu'il y avait de plus inquiétant, et Jarel ne put que s'attendre au pire.

- Ton pote ?...

La porte venait de s'ouvrir de nouveau, et l'homme se tourna instantanément.

- Putain gamin tu nous fait chi...

Le coutea venait de traverser sa gorge. De là où il était, Jarel pouvait voir dépasser sa pointe ensanglantée, juste à côté de la colonne vertébrale. Les cordes vocales coupées nettes n'auraient plus jamais l'occasion de ce plaindre de ce mauvais traitement. L'homme tomba au sol dans une giclée de sang, révélant un Kyle courbé sur lui-même, au visage ravagé et qui portait une tenue de cuir qu'il avait sans doute volé sur quelqu'un.

- Ton pote va bien... boss !

Jarel expérimenta pour la première fois le soulagement intense, non pas d'avoir une possibilité de s'enfuir, mais avant tout car Kyle se tenait devant lui, bien vivant, alors qu'il avait cru le voir mort.

- Leur médecin a dû regretter de m'avoir emmené jusqu'à chez lui croyez moi... Mais bref, ne tardons pas ! J'ai tué quatre personnes pour arriver ici, ils vont pas tarder à nous découvrir.

Le sniper sortit une fine barre de métal avec laquelle il crocheta lentement la porte de la cellule. Trois minutes plus tard, celle-ci s'ouvrit dans un cliquetis. 42 jeta un Scorpio à son lieutenant.

- Pas terrible, mais c'est tout ce que j'ai trouvé boss !

Lui-même en avait un à la ceinture.

- Mettez les fringues de ce gars là, j'ai des foulards pour planquer nos visages...

Jarel fonça vers le gardien mort, lui ôtant de ses vêtements, de sa bourse et de son arme : un Hellman 12mm. Alors qu'il enfilait le pantalon, la porte s'ouvrit soudainement. Kyle dégaina son arme, inutilement. Ce n'était que le corps du jeune photographe, qui venait de dévaler les escaliers.

- Aucun problème boss ! Je l'ai égorgé en haut des escaliers, la pesanteur aura fait le reste. bon, voilà le topo, l'escalier mène à un couloir avec une sortie vers une ruelle, j'ai tué deux gardes dans le couloir et un dans la ruelle. Autrement, la seule solution serait de passer par le bar de Tyl, mais j'ai quelques doutes... Pour le médecin, j'ai verrouillé sa porte après l'avoir tué ainsi que le garde qui me surveillait. A moins que Tyl ne veuille lui rendre une petite visite, ce n'est pas ce qui presse le plus. Et boss : je ne sais pas comment on va re-contacter les autres, ça fait presque quatre jours qu'on est coincés ici, il a dû se passer beaucoup de choses !

En hâte, Jarel vérifia l'équipement qu'ils avaient trouvé, cette fois il ne comptait pas se laisser avoir. Le Hellman semblait plus équilibré et plus puissant, il ne connaissait pas cette arme c'est pourquoi il décida de l'utiliser de la main directrice. Le Scorpio, cette arme il la connaissait. Pendant ses classes c'est la première arme qu'on lui fît utiliser. Pas très précis et peu puissant, le Scorpio allait lui servir surtout pour dissuader les moins surs.
Le déguisement était sommaire, mais avec un peu de chance ils arriveraient à surprendre leurs adversaires.

- Premièrement, il faut qu'on trouve un moyen de communication. Andy et les autres doivent apprendre qu'on est ici... Et je suis sûr qu'on va trouver notre bonheur chez Tyl.

Avant de partir, le Lieutenant ramassa l'appareil photo sur le corps du gamin. Encore une innocente victime de cette guerre qui n'allait pas finir d'ici tôt. Jarel passa devant, montant deux à deux les marches des escaliers. Le couloir semblait désert, Jarel préférait ne pas se demander où Kyle avait pu planquer le corps. Ils visitèrent une à une les pièces afin de s'assurer que personne ne les ait surpris et ne se cache afin de sonner l'alerte plus tard.
Une fois arrivé à la porte fermée, Jarel se tourna vers son sniper qui avait le visage dissimulé sous un foulard.

- Et tu sais où se trouve ce bar? Faudrait pas qu'on traine de trop dans les rues, apparemment je suis devenu célèbre dans le coin.

Jarel piqua un léger fou rire. Leur déguisement était parfaitement ridicule, même s'ils avaient l'avantage de cacher leur identité. Il savait également qu'un peu d'humour dans une situation pareille apaiserait un peu les tensions.

EJ :

On pouvait entendre un puissant raffut émanant de la porte reliée au bar. Visiblement, Tyl acceuillait de nombreux clients. Bien qu'ils aient fouillé l'ensemble des pièces de l'arrière-salle, ils ne retrouvèrent ni leur équipement, ni un moyen de communication.

Les deux soldats arrivèrent sans problème dans la ruelle. Cette fois-ci, Jarel ne manqua pas de voir les deux jambes qui dépassaient d'un tas de détritus, une tâche de sang s'écoulait juste en dessous. Les deux hommes quittèrent discrètement la ruelle, retrouvant les rues du village des rejetés.

La nuit était tombée... Évidemment, c'était impossible à voir physiquement puisque le ciel n'était qu'un plafond rocailleux au loin, mais on pouvait voir que les rues étaient moins fréquentées, et de nombreux flambeaux avaient été éteints. Le village n'avait pas l'éclairage réaliste de Liberia, qui retranscrivait le jour et la nuit à travers la lumière.

Kyle et son supérieur avançaient tranquillement, vêtus de leurs vêtements pouilleux. Quelques mutants vagabondaient ça et là, l'air perdu, certains mendiaient tout simplement.

- On a beau être des célébrités, personne ne nous reconnaitra tant que l'alarme n'aura pas été donnée. Y avait aucun moyen de communication chez Tyl... Si vous voulez mon avis, on ferait bien de dégager au plus vite.


HJ :

Petite précision : désolé de ne pas m'être fait comprendre, mais tu te trouves déjà dans le bar de Tyl, dans une partie interdite au public. Quand Kyle te disait de partir par le bar, il s'agissait de rejoindre la partie publique...

Avançant dans les ruelles du village, Jarel essayait de garder son sang froid. Néanmoins il ne pouvait pas s'empêcher de se retourner tout les dix mètres pour s'assurer qu'on ne les suivait pas. Il avait décidé de faire plusieurs détours et de ne pas prendre la sortie trop rapidement, histoire de ne pas attirer de trop l'attention.

- Arrêtez de vous retournez comme ça, boss.
- J'y peux rien, grogna Jarel. J'ai pas envie de me retrouver entre les mains d'Âme Libre, si tu vois ce que je veux dire.
42 s'esclaffa discrètement.
- Rassurez-vous. Si on arrête de tourner en rond et qu'on s'éclipse naturellement ça ira.
- Qu'est-ce qu'à fait Andy d'après toi, demanda Jarel inquiet?
- Je pense qu'il a prit les précautions qui s'imposaient. Il a dut faire son rapport à l'État-Major. Et selon les nouveau ordres il a dû s'exécuter.
Jarel s'arrêta au tournant de la ruelle qui débouchait sur la sortie du village. Deux sentinelles étaient postés près de la barricade de fortune. Elles étaient en alertes mais semblaient blasées. Autrement dit, les deux unificateurs n'avaient pas encore été repérés. Jarel se retourna vers 42 qui était adossé au mur.
- Autrement dit on a aucune idée de ce qu'il se passe, ni comment retrouver le reste de l'équipe. On a pas d'équipement efficace et on a aucun moyen de contacter l'État-Major... C'est la merde!
- Comme d'habitude, Boss.
42 s'avança en longeant le mur, ce qui lui permettait de rester plongé dans la pénombre. Il observa les alentours avant de jurer.
- On a deux tireurs sur cette façade, observa 42. Ils doivent avoir un bon angle de tir sur toute la zone extérieur.
- Autrement dit, si on sort et que Tyl s'aperçoit qu'on s'est fait la malle, il nous retrouvera très vite. On est pas sorti de l'auberge, ajouta Jarel.
- Il nous faut un véhicule. Si on a un véhicule on pourra les distancer.
- Et tu crois qu'il vont nous laisser passer?
- Les sentinelles? J'en fais mon affaire.
- Là bas...
Jarel désigna un semblant de jeep. La carrosserie était rouillée et poussiéreuse et le capot était criblé de balles.
- Cette carcasse? Aucun moyen de savoir si elle va rouler.
- On peut toujours essayer, répondit Jarel. Aller, viens.

Les deux hommes surgirent de la ruelle, marchant paisiblement mais résolument. 42 n'était pas un as de la mécanique, Jarel non plus. Si la jeep ne pouvait pas démarrer, ou que les clés n'étaient pas dessus, ils devraient trouver une autre solution pour quitter ce bourbier rapidement.
Désormais, chaque secondes étaient comptées.

EJ :

La Jeep était réellement en piteux état, mais il ne devait pas y avoir un véhicule de plus par ici. Kyle jeta un regard rapide à l'intérieur de la voiture tout terrain.

- Pas de clefs boss ! Je sais pas forcer une caisse moi !

C'est alors qu'un mutant fit son irruption d'une ruelle où -à en croire sa manière de remonter sa braguette- il venait d'uriner. L'homme était une sorte de Félin, comme les Unificateurs en avaient vu de nombreux au village. La gueule de celui-ci était transpercée par une série de profondes cicatrices. Aucun doute, il avait vécu.
Le mutant s'approcha de la voiture, l'air méfiant. C'est alors que Jarel remarqua le trousseau de clefs qui pendait à sa ceinture.

- Et les humains ! Pourquoi vous traînez autour de cette voiture ? Allez dégagez !

Jarel jaugea des pieds à la tête le mutant félin qui venait d'apparaitre depuis la ruelle adjacente. Il n'avait pas l'air d'apprécier qu'on tourne autour de son vieux tacot.

- Elle est géniale ta bagnole. On pourrait faire un petit tour avec?
- Dégage ou tu prends mon poing dans la gueule!
- Grande gueule, mais ça pisse pas loin à mon avis, railla 42.
- Ouais, j'en ai l'impression aussi. Encore un de ces gars crasseux qui empestent la bière à dix kilomètres.
- Vous les deux petits cons vous l'aurez cherchés!
Seulement, alerté par la dispute, un des gardes s'approchait déjà en quittant son poste. L'homme était plutôt grand, brun et il portait une barbe luxuriante d'où ressortaient deux petites cornes pointant vers le bas depuis le menton.
- Qu'est-ce qui se passe par ici?
- C'est deux cons cherchent les emmerdes apparemment, rétorqua le félin.
- Vrai? Les deux pouilleux, dégagez où j'vous colle au mitard.
- Qu'est-ce qu'il y a Jeck?
- Ces deux gars cherchent des noix à Berril.
Le deuxième garde s'approchait en laissant seulement les deux tireurs surveiller l'entrée. 42 qui était juste à côté de Jarel lui tapa du coude.
- Ça sent la merde. Vous comptez pas faire c'que j'crois?
- La ferme.
- Et merde...
Les deux gardes étaient désormais cote à cote. Le félin se trouvait derrière les deux unificateurs infiltrés. La position était parfaite. Jarel pourrait s'occuper des deux gardes en leur collant une balle dans la tête à chacun, grâce à ses deux flingues. Rapide et efficace. 42 aurait surement un peu plus de mal avec le félin, mais en tant que sniper il avait les réflexes nécessaires pour s'occuper du gros.
- Eh, les deux abrutis. Suivez-nous jusqu'à la guérite.

C'était maintenant où jamais. Jarel était prêt, et il comptait bien laisser dégainer 42 en premier. Ce qui surprendrait le félin qui n'aurait surement pas le temps d'agir. Ensuite Jarel suivrait en exécutant son plan prévu pour éliminer les deux gardes. Les deux tireurs postés sur la façade ne pouvaient pas les avoir d'ici, c'était une chance qu'ils se devaient de saisir. Une fois les clés en poche, Jarel prendrait le volant et filerait aussi vite qu'il le peut vers la zone franche.

EJ :

Comme toute fusillade, celle-ci fut rapide, et dangereuse... Alors que 42 n'eut aucun mal à liquider le Félin de plusieurs coups de feu, Jarel ne fit tomber que l'un des deux hommes, l'autre ayant échappé de peu à ses balles. Il mit très peu de temps à dégainer un revolver, touchant le lieutenant entre les deux côtes.

Alors que Jarel chutait, Kyle avait eu le temps de pointer son Scorpio sur le dernier survivant. La balle traça une ligne droite vers son crâne qui s'orna d'un magnifique trou dans une explosion de sang et de fragments d'os. Le garde tomba raide mort.

Déjà, on entendait des bruits d'agitation au loin, la fusillade n'était pas passée inaperçue. Ne perdant pas de temps, Kyle saisit son supérieur par le torse, lui arrachant un cri de douleur, il le jeta rapidement à l'arrière de la Jeep, où Jarel s'étala de tout son long.

- La prochaine fois, tâchez de vous rappeler que le tissu protège moins que nos armures ! Vous êtes un taré boss !

Un Porcin venait de faire son apparition non loin de là, 42 l'acheva de plusieurs tirs de Scorpio avant de récupérer un pistolet mitrailleur Syndrom qui pendait à la ceinture du premier mercenaire, ainsi que les clefs de la Jeep.

Quelques rafales du Syndrom dissuadèrent toute attaque des nouveaux venus, 42 plongea dans la Jeep, la démarrant en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Il quitta alors la ruelle en trombe, manquant d'écraser de nouveaux mutants qui se mirent à leur tirer dessus.

- Restez baissé boss !

42 lui-même se camouflait derrière le tableau de bord, tirant au hasard avec le pistolet mitrailleur. La Jeep allait plutôt vite malgré son état. En très peu de temps, ils avaient quitté le village sans plus de mal. Kyle s'installa alors plus confortablement au volant, continuant tout droit pour être certain d'échapper à tout poursuivant. Il gara la voiture plus d'une demi-heure plus tard, la faisant entrer dans le rez-de-chaussée d'un immeuble dévasté -sans doute une ancienne pharmacie à en croire une croix verte qui pendait encore par on ne sait quel miracle. Kyle se tourna vers son supérieur, un sourire aux lèvres.

- Ça fera quinze crédits M'sieu ! lâcha-t-il en riant avant de quitter sa place pour aider Jarel à quitter la banquette. Il l'aida à s'allonger à proximité de la voiture après avoir balayé le sol souillé de débris.

- Ça va aller Boss, on a survécu à pire ! Et puis je vous ai trouvé une très bonne pharmacie, ma grand mère m'en a dit beaucoup de bien. Il vendait même des produits vétérinaires pour Bibi, son caniche nain, une sacrée bestiole vous savez !

Tout en parlant, 42 fouillait désespérément les armoires vides de l'antique pharmacie. L'humour était tout ce qu'il restait aux deux hommes. Finalement, le sniper lança un cri de triomphe en tombant sur une vieille armoire cadenassée dont un tir de Scorpio eut raison. Il y trouva des pinces, des bandages, de quoi coudre et de l'alcool. Une trouvaille inespérée.

- Bonne nouvelle : j'ai de quoi vous soigner ! Mauvaises nouvelles : je suis pas médoc, et il n'y a aucun antalgique. Vous savez quoi ?

Il s'était approché avec son butin. Sans prévenir, il donna un violent coup de la crosse de son Syndrom sur le crâne de Jarel, l'assommant net.

- Il vaut mieux que vous soyez pas conscient.

Quand il se réveilla quelques minutes plus tard, Jarel avait l'impression qu'un loup lui bouffait les entrailles de l'intérieur. Son torse était maculée de sang, et un bandage entourait son ventre. La douleur était si forte qu'il ne ressentait même pas l'énorme plaie qu'il avait sur le crâne, que 42 avait eu la gentillesse de soigner elle aussi.

Jarel ne put s'empêcher de crier de douleur durant de longues minutes. Il se calma finalement un peu plus tard, épuisé et douloureux. Andy s'était placé non loin de lui, posant une sorte de bol contenant de la bouillie verdâtre devant-lui.

- J'ai trouvé de quoi manger dans la Jeep... Je sais pas ce que les mutants bouffent mais c'est pas ragoutant !

Il s'arrêta, plus grave.

- Une idée sur la suite des opérations boss ?



HJ :

Il existe une capacité "Double arme" pour utiliser un flingue à chaque arme, ce pourquoi j'ai été plutôt sadique...

Tu perds 30 points de vitalité, tu souffres atrocément aux côtes, tu es également blessé au crâne à cause de Kyle.

EJ:

Jarel s'était finalement calmé. Sa douleur était toujours aussi insupportable, mais il n'avait plus la force de se débattre. Il restait allongé sur la table, ménageant ses dernières forces dans le seul but de respirer. Kyle l'aida à avaler un peu de cette bouillie avant qu'il ne repose la tête sur la table d'opération de fortune.

- Et la jeep? Demanda Jarel d'un ton inquiet. Elle est toujours opérationnelle ?
- On va dire qu'elle pourrait nous tracter un peu plus loin si elle n'était pas enfoncée dans le mur d'entrée.
Jarel toussa, visiblement contrarié par la nouvelle.
- Vous savez Boss, poursuivit Kyle sur un ton plus bas. Si vous n'aviez pas joué au con tout à l'heure...
- La ferme 42... Je sais ce que j'ai fait et pourquoi. Maintenant faut que tu penses à te tirer d'ici.
- Quoi?!
- Tu m'as bien compris...
Une toux profonde coupa le dialogue. Durant ce laps de temps 42 vérifiait le bon fonctionnement de son arme.
- Non Boss. Pas aujourd'hui, vous n'y resterez pas aujourd'hui.
- Putain pour quoi tu désobéie tout le temps, hein? C'est pas clair? C'est un ordre.
- Pas la peine de jouer au héros. On peut encore s'en sortir, tous les deux.
Jarel agrippa le bras de 42 pour le forcer à le fixer dans les yeux.
- Et dis-moi comment? On a pas de moyen de transport, pas de quoi communiquer. On a pas de quoi se défendre et les rations manquent. C'est foutu à moins d'un miracle. Personnellement j'y crois pas à cette merde!

42 n'en supporta pas davantage, il se contenta de se lever pour chercher de quoi s'occuper. Il y parvint en nettoyant les armes qu'ils avaient volées aux mutants. De dos, il entendait respirer péniblement Jarel.

- Tu sais pourquoi j'me suis engagé?
- Non Boss...
- Parce que j'étais soumis à un putain de sérum. Pour moi, la seule façon d'aider Immanis c'était de combattre avec un flingue. Entrer dans l'armée et éliminer les rebelles. Aujourd'hui je pense différemment. Si je pouvais revenir en arrière j'agirais différemment, tu comprends?
- Ce que je comprends c'est qu'on fait ce pour quoi on est entrainé. Y a pas de regrets à avoir...
- Tu te trompes. J'en ai ma claque de voir des femmes et des gamins innocents se faire abattre sous prétexte qu'ils étaient là au mauvais endroit et au mauvais moment. Tout ça, c'est des conneries. On pourrait très bien poser les armes et discuter. Au point où on en est...
- Fermez la Boss. Pensez plutôt à vous rétablir parce que je pars pas sans vous. S'il faut tenir la position face à toute l'armée d'Âme Libre et de ses alliés alors je le ferais.

Jarel pouffa de rire avant de crouler sous une toux insoutenable. Mais par chance, il ne vit pas de sang sortir de sa bouche, ce qui devait être un bon signe. Il pourrait éventuellement s'en sortir si aucun élément hostile ne se présentait à leur porte.

HJ: T'as tout à fait raison d'être sadique! Tu vois, je m'enfonce même encore plus héhé! XD