Empêtré [Jarel]

SUJET PRECEDENT

EJ :

Les balles ricochaient au hasard un peu partout dans la pièce. L'une d'entre elle perfora une poutre de plâtre à quelques mètres à peine de Jarel. Le lieutenant examinait attentivement les lieux en l'attente d'une réponse. Le câble par lequel ils venaient tous de grimper était profondément enfoncé dans le sol bétonné de la pièce. Un trou béant à quinze mètres au moins au dessus-des hommes donnait sur la caserne détruite. Les rebelles semblaient vraiment doués pour creuser et construire à travers les niveaux des souterrains, on aurait dit des souris dans un fromage.
Mais pour l'instant, les souris avaient tout d'agressive, et les tirs ne cessaient pas, malgré les répliques des Unificateurs. 42 venait de trouver la position parfaite pour tirer sans être vu, il abattit deux ennemis à quelques secondes d'intervalles.

- T'es fini 41 ! J'ai déjà gagné !

Le mitrailleur venait d'installer les trépieds de sa mitrailleuse rapace, il s'allongea près de son arme et commença à tirer vers l'ennemi. Les balles perforèrent les murs trop fins de la pièce, faisant s'écrouler deux hommes. Un nouveau tenta une sortie mais eut la gorge déchirée par une nouvelle rafale.

- Et qu'est ce que tu dis de ça branleur ? Mon lieutenant, je peux les tenir à l'écart maintenant. Un plan ?

Les feux ennemis avaient cessé. L'escouade se trouvait dans une sorte de vieil entrepôt totalement vide, hormis plusieurs tôles et autres détritus. La seule sortie visible était une porte à une vingtaine de mètres, et c'était par là que les derniers rebelles étaient sortis. Si comme Jarel le pensait, il s'agissait d'un avant poste d'Âme Libre, les ennemis devaient encore être nombreux. La radio se mit enfin à grésiller.

- Unité 9 ici Central Un. Vous avez quitté votre zone d'action. Impossible de vous envoyer des renforts pour l'extraction. Nous envoyons une unité pour colmater le conduit, vous avez un quart d'heure pour revenir dans la Frontière. Terminé !

Assez intelligent pour comprendre, ING-129 venait d'ouvrir le torse du blessé avec un fin scalpel, conscient que s'il n'intervenait pas, personne d'autre ne le ferait. Le médecin pulvérisa les côtés du blessé de bombe désinfectante avant de commencer l'opération. Alarmé, le médecin tourna la tête vers son supérieur.

- J'ai dû l'endormir mon lieutenant. Même s'il survit, il ne sera pas en état de remonter par la corde.

Jarel allait répondre quand INR-41 ouvrit de nouveau le feu. Une nouvelle équipe de rebelles essayaient de prendre les lieux. Trois d'entre eux étaient parvenus à entrer dans l'entrepôt, et se dissimulaient désormais derrière les immenses poteaux qui faisaient tenir le bâtiment.

Là, ils étaient mal. Jarel lâcha un juron lorsque la transmission fût coupée. 41, pendant ce temps là, tentait de débusquer les trois rebelles qui étaient parvenus à passer entre l'émaille du filet. Le pilier tombait en charpie sous les balles meurtrières de l'imposant unificateur. Mais Jarel savait que la situation allait très vite leurs échapper s'il ne prenait pas très vite une solution. Mais quelle solution?

- On doit s'arracher, maintenant! S'exclama 42 qui commençait à perdre son sang froid.
- Il n'a pas tord, dit froidement 41. Nous allons tomber à court de munition si nous ne nous replions pas.
- T'as vu dans quelle merde on est? Répondît 42 dont le ton n'avait rien d'innocent. Impossible de remonter sans se faire canarder. Et le Lieutenant ne voudra pas partir sans 130.
- De combien de grenades disposez vous? Demanda Jarel à sa petite troupe.
- Il m'en reste trois, répondît 41.
- Deux pour ma part, suivît 42.
- Nous n'en avons aucune mon Lieutenant, rétorqua 123 au nom du reste de ses camarades.

Jarel n'en avait plus qu'une. Il espérait que cette puissance de feu suffirait mais il ne le saurait que lorsque l'explosion retentirait. Les portes donnant sur ce hangar pouvaient être très facilement obstruées. Il suffisait de placer quelques charges au bon endroit. Seulement, pour parvenir aux portes il fallait traverser une nef de cent mètres de long environ. Plusieurs caisses étaient entreposées dans la nef et offrait ainsi une multitude d'endroits où pouvaient se cacher les trois hommes. toutefois 41 et 42 les tenaient immobile derrière deux pilier de ferraille. Coincés, ils attendaient que les deux Unificateurs commettent l'erreur de recharger au même instant. Mais Jarel comptait agir bien avant que cela se produise. Il fît signe à ING-123 d'avancer sur la gauche. Les deux Unificateurs entreprirent discrètement leur avancée jusqu'à arriver à des endroits convenables pour abattre les trois rebelles qui n'avaient pas encore bougés. Les trois hommes furent abattus par les tires croisés des deux éclaireurs Unificateurs. Suite à cela Jarel demanda à 41 et 42 de lui lancer les grenades pour qu'il les place.

Une petite longueur de câble ne fut pas difficile à trouver dans la nef. Ce bout de câble allait lui servir de déclencheur. Il plaça les grenade sur les montant des portes pendant que 123 tirait toute les bonbonnes de gaz qu'il pouvait trouver. 42 s'était avancé pour mieux couvrir l'entrée où Jarel était exposé. Il abattait les rebelles dès qu'ils surgissaient de l'obscurité. Mais ce ne fut pas suffisant. L'un deux parvînt à passer tout en surprenant Jarel qui eut à peine le temps de saisir la crosse de son Couleuvre pour abattre le fou furieux. Les mains tremblante, Jarel réalisait qu'il venait de frôler la mort. Cependant 41 se chargea de le secouer.

- Boss, il ne nous restes plus que 11 minutes avant l'expiration du délais. Faites vite.

41 avait raison. Faire sauter ces portes n'était pas le seul contre temps. Il fallait aussi remonter 130 à la surface. Jarel s'empressa alors de mettre au point les derniers détails de son mécanisme puis aida 123 à placer la dernière bonbonne. Lorsque ce fut fait ils retournèrent se mettre à couvert. 42 et 41 cessèrent le feu. Puis, quelques instants plus tard deux silhouette apparurent pour franchir le seuil. Le premier passa sans encombre mais le second se prît les pieds dans le bout de câble qu'il entraîna avec lui et qui causa une violente explosion. Dans un vacarme énorme, Jarel priait pour que son plan ait fonctionné à merveille. Pendant que le son sourd de l'explosion s'estompait, ainsi que le nuage de poussière, le Lieutenant passa la tête par dessus la caisse de métal qui l'avait protégé du souffle de l'explosion. Les portes n'étaient plus qu'un vague souvenir. Désormais gisait un tas de gravas qui empêchait les rebelles de leur tomber dessus.

- Ça, c'est ce qu'on appelle de l'action.
- La fermes 41. Boss, vous devriez improviser une civière pour le blesser et le remonter au plus vite à la surface. Pendant ce temps 42 et moi allons patrouiller la zone pour s'assurer de ne laisser aucun survivant dernière nous. Le ton de 41 était très professionnel.
- Très bien 41, acquiesça Jarel. Faisons comme ça.

Jarel se dirigea alors vers le point de chute afin de prendre directement des nouvelles du patient qui semblait entre de bonnes mains... du moins l'espérait il. L'endroit était désormais étrangement calme. On n'entendait que le son de la baïonnette de 42 qui pénétrait la chair des rebelles gisants au sol. Mais la seule question qui planait toujours était de savoir si tout ceci n'avait pas été fait en vain. 130 pouvait très bien avoir périt lors de l'opération, et ça, Jarel n'allait pas tarder à le savoir.

EJ :

L'explosion avait fait s'écrouler une bonne partie de la porte, soulevant un immense nuage de poussière qui n'atteignit heureusement pas le groupe de soldats, ce grâce à la grandeur de la pièce. Des poussières n'auraient pas rééllement été les bienvenues dans le corps encore ouvert de 130. Le silence s'était enfin imposé, uniquement brisé par des bruits de cailloux qui roulaient le long des décombres, ainsi que par des coups d'origine inconnue.
Le lieutenant se tourna vers la "salle d'opération" improvisée". Les gants de latex que portaient 129 pour l'opération étaient couverts de sang, ainsi que ses avants-bras. Heureusement, le baume désinfectant qu'il avait appliqué formait une sorte de film protecteur qui empêchait une bonne partie des bactéries de pénétrer dans le corps du blessé. Le médecin venait de scier une côte, et le craquement qui s'en suivit n'eut rien de rassurant.

- Si vous voulez m'aider mon lieutenant, passez moi du fil et une aiguille... Je vais le recoudre. S'il rentre vite à Immanis, ils pourront le sauver. Pour l'instant, c'est tout ce que je peux faire.

Saisissant une énorme seringue d'antalgique, le doc la plongea dans l'un des organes de blessé avant de commencer à refermer ce dernier. Jarel ignorait tout de ce que 129 faisait, mais il avait l'air de connaître son boulot. Un bruit étrange se fit soudainement entendre, et le lieutenant eut un frisson dans le dos en voyant l'un des murs de l'entrepôt se fissurer. Apparemment, le bâtiment n'avait pas apprécié les grenades.
Dans un coin de la pièce, 42 s'agrippa à son fusil, observant le plafond avec un air méfiant. La fissure s'était formé très près de lui.

- Putain de merde ! J'ai eu chaud ! Je crois bien que je...

La fissure avança soudainement le long du mur, qui se disloqua, avec une bonne partie du bâtiment, parmi laquelle le sol sur lequel était posé le sniper. Jarel n'en crut pas ses yeux en voyant un quart de la pièce basculer dans le vide. En un instant, l'horizon venait de passer du mur gris à une vue parfaite sur une ville en ruine, très semblable à celles de la Frontière. Apparemment, le groupe d'Unificateur se trouvait au deuxième étage, ce qu'il n'aurait pas pu deviner si l'immeuble ne s'était pas écroulé.
41 avait agi au quart de tour, plongeant au bord du gouffre, pointant sa mitrailleuse vers le bas. Il tira cinq rafales avant de cesser le feu

- Il est encore en vie boss ! L'immeuble s'est effondré sur lui-même de ce côté... Je dirais qu'il est au rez-de chaussée ! Ca grouille de rebelles !

En effet, des silhouettes se dirigeaient vers l'entrepôt, alertées par l'éboulement. Jarel s'approcha du gouffre. De là, il avait en effet une vue sur le rez-de-chaussée de l'entrepôt. 41 avait tué cinq rebelles pour protéger son ami qui se relevait péniblement. Sa voix, légèrement étouffée par la distance, se fit alors entendre.

- Tout va bien ici ! Mais j'aurais du mal à remonter !

Il plongea soudainement vers le côté, disparaissant du champ de vision de ses alliés. Des coups de feu se firent entendre. Jarel pesta contre le sort. Si ses hommes continuaient de chuter, il finirait par atterrir dans les Egouts ! 129 toussa discrètement.

- Mon lieutenant, si 130 n'est pas remonté au plus vite : il est perdu. Il va falloir choisir.

ING-123 était en train de bricoler une civière de fortune, à partir d'un drap blanc fourni par le médecin.

Le destin semblait jouer contre tout et contre tous. Jarel jura contre le sort. 41 observait attentivement la zone qui se découvrait par le trou béant au sol. Jarel était un peu gêné. Faire sauter les portes du hangar avait été une bonne idée, mais il n'aurait jamais penser qu'une telle puissance de feu puisse ébranler l'infrastructure. Il regrettait de ne pas avoir avec lui un expert en explosif, celui-ci aurait su gérer parfaitement cette situation épineuse. Mais 41 s'impatientait, Jarel ne semblait plus à même de prendre une décision fiable.

- Mon Lieutenant, laissons 123 et 129 s'occuper de remonter le blesser, dit il d'une voix inquiète. On n'a pas besoin d'être quatre pour remonter 130, descendons plutôt aider 42 qui en a le plus besoin.
Jarel branla du chef.
- Allons y. Je descends, couvre moi pendant ce temps.

Jarel tira son câble de rappel puis coinça le grappin entre deux gros rochers stables. Après ça il se lança dans le trou les deux pieds devant. La manœuvre ne visait pas à descendre en sécurité mais plutôt à descendre le plus rapidement sans se faire canarder. Il glissa rapidement le long de son câble jusqu'à ce que ses deux pieds touchent violemment le sol où il se laissa rouler sur le côté. Déjà quelques balles ricochaient sur le sol à quelques pas de lui. Il se décida alors, après avoir remarqué un conteneur en ferraille, de se mettre à couvert derrière les deux épaisseur d'acier. Après ça il se mit en position de tire et il commença à tirer, forçant les rebelles à se mettre à couvert qui se trouvaient maintenant sous un tire croisé.

41, après avoir jaugé la hauteur avec appréhension, décida de laisser glisser d'abord son rapace par le même câble que Jarel. Alors que l'énorme mitrailleuse était suspendue au dessus de vide, elle faisait l'objet de toute les attentions des tires sniper. Puis lorsque le rapace fût suffisamment proche du sol pour être lâcher sans être abimée, 41 lâcha prise puis sauta à son tour à l'instar de Jarel. L'impacte de l'imposant unificateur se fît entendre très clairement. Ses lourdes bottes de 41 percutèrent le sol pendant que le rapace gisait au sol. Mais ce dernier avait atterrit un peu à côté de l'endroit souhaité, si bien que 41 ne put s'en saisir. Il dû se mettre à couvert aux côtés de Jarel.

- Pas de chance, mon Lieutenant, observa 41.
- Ouais, prends ça.
Jarel lança son Couleuvre à 41 pour qu'il puisse lui aussi tirer.
- Maintenant on doit bouger. Éliminons ces rebelles en veillant à en garder un en vie pour l'interroger.
- Bonne idée mon Lieutenant! Butons-les tous! Hurla 42 depuis l'intercom'
- Calmes ta joie 42, lâcha froidement 41. C'est à cause de ta gueule qu'on se retrouve ici. Personnellement j'aurais préféré remonter à la surface.
- Mais non, on est bien ici. Des rebelles, des flingues, des explosions à tout va; que demander de mieux?
42 commençait à dépasser la limite du raisonnable. Il se dispersait un peu trop au goût de Jarel, c'est pourquoi se dernier intervînt.
- La fermes vous deux. concentrez vous! Il faut éliminer les éléments hostiles le plus rapidement possible avant que d'autre n'arrivent!

Jarel changea de position en se baissant pour éviter les projectiles ennemis. Ainsi, les trois tires croisés forcèrent certains rebelles à reculer. 41 en profita pour saisir rapidement son rapace et commencer ses tires de suppression. La puissance combinée donna l'occasion à 42 de se placer en hauteur sur une passerelle longeant le mur d'un immeuble.
Jarel observa alors la configuration du terrain qui se prêtait parfaitement à une guérilla. De nombreuses ouvertures étaient possibles pour l'ennemi. Cette place était un véritable coupe gorge.

- J'en ai foutu un KO! Annonça 42. Celui là il ne bougera pas d'ici tôt, on pourra l'interroger tout à l'heure pour trouver une issu.

EJ :

Même s'ils étaient sur leur terrains, les rebelles avaient déjà perdu un certain nombre d'hommes, et la puissance du Rapace commençait à les faire fuir. 41 et 42, malgré leur manque de discipline (particulièrement pour le sniper) étaient de très bons tireurs. Cinq rebelles supplémentaires s'effondrèrent tour à tour avant que leurs amis ne décident de battre la retraite.
Un silence relatif s'imposa dans l'entrepôt. Les murs étaient tous percés par de nombreux éclats de balles. Visiblement, les rebelles avaient quitté le bâtiment. Jarel regarda la poussière retomber, signe que tout revenait au calme. 41 surveillait attentivement les alentours pendant que 42 rejoignait son escouade, quoi que le mot "escouade" était un peu mélioratif pour les trois hommes restants.
Le silence fut soudainement briser par la radio du Lieutenant, qui grésilla un instant avant de faire résonner la voix agitée d'un autre lieutenant.

- Unité 9, ici l'Unité 7. Avons reçu votre colis ! Votre homme va bien, son état s'est stabilisé. Accomplissons la deuxième partie de la mission ! Désolé les gars, mais vous allez devoir trouver une autre sortie ! Vos hommes sont tous rapatriés avec l'Attack. Fin de transmission !

Une violente explosion se fit soudainement entendre. Jetant un regard vers le plafond, Jarel comprit que la seule sortie qu'ils connaissaient venait d'être explosé, comme Central Un l'avait ordonné. 42, qui avait ôté son casque, se gratta la tête d'un air embarrassé.

- Eh ! Vous aviez pas toujours rêvé de visiter le Grenier ?... Non ? Bon, au moins, j'ai capturé celui-là !

Le sniper désigna un jeune homme d'une quinzaine d'années, qui portait une armure cabossée et sans doute trop lourde pour lui. Le gamin avait le nez en sang, plusieurs dents cassées et un oeil gonflé. Sa main droite était accrochée au sol par un couteau commando qui la transperçait. Il était inconscient. La douceur ne devait pas être l'une des qualités principales du sniper.


HJ :
Tu gagnes un point de capacité pour le début de ta mission. Aucun de tes hommes n'est mort, mais vous êtes isolé désormais.

La voix crépitante dans l'intercom' avait quelque chose de démoralisant pour les trois hommes isolés. Ils étaient désormais livrés à eux mêmes et nul doute que les rebelles essaieraient de les occire à la moindre occasion. 42 avait jugé bon d'enlever son casque pour souffler un peu. C'était le visage d'un homme d'une vingtaine d'années aux fossettes creusées par la fatigue. Ses cheveux blonds à bouclettes adoucissaient cependant ses yeux verts aux arcades renfoncées. L'expression gênée du jeune homme se changea très vite en quelque chose de beaucoup plus inquiétant. Le sniper alla secouer l'adolescent comme un prunier afin qu'il se réveille. 41 secouait la tête de dépit, il savait 42 particulièrement habile pour soutirer des informations voulues.

- Tu vas te réveiller oui?
- On devrait peut être lui jeter de l'eau au visage? Suggéra 41.
- Non! Rétorqua froidement 42. Pas question de gaspiller de la flotte pour ça.

Le sniper lâcha un revers sur le visage de l'adolescent puis le laissa s'écrouler au sol. Quelques secondes plus tard les yeux de l'innocent rebelle commencèrent à cligner. Toutefois 42 ne lui laissa pas le temps d'émerger, il le tira par le collet pour le décoller du sol.

- Toi, là. Tu vas nous indiquer une issue de secours pour le niveau supérieur.

Le gamin avait le visage ensanglanté et semblait souffrir mais 42 ne semblait pas s'en soucier. Il le secoua de nouveau alors que le gamin émettait quelques gémissements fébriles. 41, en homme plus clément et protecteur déposa sa main rustre sur l'avant bras de 42.

- Calmes toi 42. Poses-le maintenant, je vais m'en occuper.
- Pas question! S'exclama violemment 42. Si je ne m'en occupe pas il va nous mener en bateau, il n'est pas différent des autres!
- Il y a d'autres moyens de remporter une victoire. Si la lutte est vaine rien n'est perdu.

La voix de 41 était posée et délicate. Jamais Jarel n'aurait pu l'imaginer ainsi. Il observa un instant la scène mais au moment où il s'apprêtait à intervenir 42 lâcha prise. Il lâcha le gamin qui s'écroula violemment au sol puis il se tourna pour s'éloigner en bougonnant.

- Fais ce que tu veux, dit il simplement.

42 s'éloigna de la scène pendant que 41 aidait le gamin à se relever. Il lui donna même un peu d'eau pour qu'il se désaltère. Jarel resta bouche bée face à tant d'attention de la part d'un homme si austère d'apparence. Le gamin recracha un peu d'eau alors que 41 lui tapotait le dos pour l'aider à respirer. Après quelques minutes le gamin reprit ses esprits puis se tourna vers 41.

- Qu'allez vous faire de moi? Demanda l'adolescent d'une voix juvénile et teintée par la peur.
- Rien mon gars, ne t'en fais pas (La voix de 41 se voulait rassurante). Nous voulons juste savoir comment sortir d'ici sans se faire repérer... Tu pourras rentrer chez toi ensuite.

Le gamin à la solde de Liberia semblait hésiter un moment, chose compréhensible par Jarel. Qui voudrait trahir les siens en pensant aux représailles qu'il subirait par la suite. Néanmoins Jarel était loin de saisir les enjeux, tout était encore nouveau pour lui. L'adolescent bafouilla un peu mais il finît par parler d'un passage un peu plus au nord, sur 5 kilomètres. Jarel poussa un soupire de soulagement pendant que 41 se relevait et couvrait le gosse de son ombre imposante. Le gamin relevait la tête avec une expression déformée par la peur.

- Tu peux partir désormais, vas, et ne te retournes pas.

Le gamin hésita un moment puis s'en fût en prenant ses jambes à son cou. Alors qu'il s'éloignait sous le regard haineux de 42, Jarel vît 41 sortir le Couleuvre pour abattre le gosse d'une balle dans la tête. L'adolescent de quinze ans n'avait rien vu, trop occupé à fuir le dos tourné. Jarel voulait demander pourquoi mais il restait tétanisé par la surprise et l'horreur.

- Il aurait été châtié, expliqua calmement 41 en rendant le Couleuvre à son propriétaire. Et les châtiments Liberiens n'ont rien de doux. C'est un triste sort mais nous devons l'oublier.
- C'est le métier qui rentre mon Lieutenant, renchérit 42. Rien dans ce monde ne vaut la peine d'être vécu. Nous devons simplement subir.

Ces deux hommes semblaient bien plus au fait des coutumes de leurs ennemis que leur Lieutenant. Jarel réalisa alors qu'il n'était que le bleu de la petite troupe. Ces hommes avaient quelques chose d'extraordinaire, mais aussi quelque chose d'inquiétant. Suite à cela notre petit groupe reprit sa route après avoir fait un point des munitions. Celle-ci diminuaient plutôt rapidement, c'est pourquoi Jarel demanda de rester particulièrement attentif à leur cadence de tire et de ne pas les gaspiller inutilement. Ils se dirigeaient en direction du nord afin de rejoindre le passage indiqué par le gamin. Jarel avait la sensation d'avoir laissé quelque chose lui échapé, mais il n'arrivait pas à savoir quoi.

EJ :

Les trois hommes quittèrent l'entrepôt par le mur défoncé. Ils pouvaient voir évoluer des rebelles au loin, il s'agissaient sans doute de ceux qu'ils avaient fait fuir. Les hommes ne semblaient pas se diriger vers eux. Mis à part l'entrepôt, la plupart des immeubles alentours n'étaient guère que des tas de pierres et de métal, vestiges d'un passé révolu. Le groupe de "bâtiments" n'était d'ailleurs pas très étendu, et les alentours se faisaient un peu plus désertiques, plaines poussiéreuses infestées de mauvaises herbes.
L'entrepôt était situé à la limite du grenier, collé à l'immense paroi de granit qui fermait le niveau. Logiquement, il suffisait de suivre cette paroi pour y trouver le passage que l'enfant leur avait indiqué.
Les trois hommes commencèrent donc leur marche. Cinq kilomètres n'étaient rien pour des bons soldats, et même 41, pourtant alourdi par sa mitrailleuse, ne se plaignit pas.

- V'savez mon Lieutenant, ces saloperies de rebelles sont mauvais comme la galle ! J'ai bien vu votre regard tout à l'heure... C'est pas parce que celui-là était jeune qu'il ne nous aurait pas tiré une bonne bastos dans le crâne !

Sans pour autant les connaître, Jarel commençait à cerner les deux seuls personnages de son escouade à avoir un intérêt -personnellement parlant. Étrangement, le mitrailleur était le plus calme des deux, posé et raisonnable, contrairement au sniper incontrôlable et fougueux. Les stéréotypes étaient inversés !

- Les Insoumis sont leur cible privilégiée mon Lieutenant. Ils savent qu'ils sont plus vulnérables. Ils vont toujours tenter de vous raisonner, de vous apitoyer, mais leur seul but sera votre mort. Notre dernier lieutenant est tombé comme ça.

42 lâcha un rire sec, comme s'il se moquait de son ancien supérieur.

- C'était une gamine, à peine treize ans. Elle lui as chialé dans les bras, il a pas vu son Scorpio. Elle souriait comme une tarée quand il est tombé. Je l'ai abbatue cette conne ! Et c'est comme ça qu'on a atterri dans votre escouade de bleus ! Vous connaissez toute l'histoire mon lieutenant !

41 s'arrêta soudainement, se baissant légèrement.

- Présence hostile !

Les trois soldats s'accroupirent derrière un court muret, vestige d'on ne sait quel bâtiment. Au loin, à un kilomètre environ, s'élevaient deux colonnes de fumées, qui venaient se perdre sur le plafond rocailleux du Grenier. Les lunettes de vision nocturne des trois hommes grésillèrent, affrontant la lueur de plusieurs flammes. 42 observait la scène dans la lunette de son fusil.

- Un campement. Ils sont au moins sept ! Et c'est l'heure du dîner ! Cet enfoiré de gosse a oublié de nous préciser que son passage était gardé !

41 venait de sortir une paire de jumelles qu'il dissimulait jusque là dans son armure. Il observait lui aussi les environs.

- Je vois le passage, il est soutenu par des poutres en bois... Ce sont eux qui l'ont creusé ! Je pense que leur campement s'étend dans la paroi du Grenier... Il y en a peut être qui sont planqués à l'intérieur du passage...

Mis à part le muret, qui semblait avoir été semé hasardeusement sur le sol, aucun bâtiment ne s'élevait entre le campement -composé de trois tentes et de la cabane qui donnait sur le passage- et les soldats. L'approche n'allait pas être facile.

La situation n'avait rien de périlleuse. Désormais ils étaient invisibles pour les rebelles qui avaient perdus leurs traces. Le camp était relativement éloigné, et quelques patrouilles gardaient un périmètre bien défini; périmètre qui ne mettait nullement en danger les trois unificateurs. Jarel et ses deux compagnons se tapirent sous un porche d'une bâtisse en ruine. Ils avaient une vue d'ensemble sur la zone et veillaient à rester discret. L'inconvénient avec le grenier, c'est qu'il n'y avait pas de soleil, donc, pas de nuit. Jarel et ses hommes devaient donc attendre que les rebelles marquent un petit coup de fatigue pour se relâcher. suffisamment afin de laisser le champ libre aux trois fantômes. C'est 41 qui suggéra une avance discrète lorsqu'il le jugea bon.

42 se plaça sur le haut d'un toit d'un tout petit immeuble. Jarel avait un mauvais souvenir de cette posture où il avait précédemment perdu un homme de la même manière, mais c'était là les risques du job d'un sniper embusqué. 42 était conscient des enjeux, et il agissait en véritable professionnel en laissant sa lunette baissée pour ne pas alerter les gardes rebelles. Il était à couvert dans l'embrasure d'une fenêtre qui donnait droit sur l'accès au niveau supérieur. L'immeuble n'était qu'à 200 mètres du camp ennemi. Jarel entendît soudain son intercom' crépiter.

- 42 en place mon Lieutenant.

Pendant ce temps Jarel et 41 avançait dans la pénombre. Tout était calme et les rebelles ne se doutaient de rien. Comme ils pensaient la zone dégagée et les unificateurs à l'autre bout de la ville, certains se relâchaient un peu trop. Leur avance discrète les mena tout proche d'une poste de guet. Mais un homme vêtu d'une veste de cuir noire et un d'un pantalon un peu trop long pour lui sortit en branle d'une des cabanes en hurlant quelques ordres; ce qui remît certains sur leur garde.

- On ne peut pas toujours tout avoir, observa 41.
Jarel branla du chef.
- C'est vrai, allons-y! Places toi derrière cette cabanes et élimines tout ceux qui tenteront de m'arrêter. 42? 42, tu m'entends?
- Cinq sur cinq chef.
- Tes cibles prioritaires sont celles qui essayeront de gagner l'accès au niveau supérieur. (Jarel observa nerveusement autour de lui.) Bon, attendez mon ordre avant de tirer, je vais voir ce que je peux faire dans ce camp.
- C'est vraiment nécessaire boss? Demanda 41.

Jarel fît mine d'ignorer la remarque de son subordonné. Il le laissa derrière lui en profitant de l'inattention d'un des gardes qui commençait à ronfler bruyamment sur son tabouret. Jarel avança furtivement et sortit son couteau pour trancher la gorge du garde qui dormait. Jarel traina alors le rebelle dans un coin pour dissimuler le corps puis il recommença sur tout les gardes qui laissaient une ouverture. L'unificateur pu se débarrasser de cinq hommes ainsi. Mais la chance le quitta très vite lorsque une petite patrouille passa près de lui. Il eut tout juste le temps de se mettre à couvert avant que les trois hommes ne tirent. Les coups de feu alertèrent très vite les rebelles qui sortirent de leurs baraquements improvisés. Ils se rejoignirent tous leurs postes dans une débandade digne de mercenaires. Puis un tire familier retentît, c'était 42 qui commençait son travail. Certains fuyaient déjà, apparemment leur exploit de l'entrepôt avait marqué un bons nombres de rebelles. D'autres cependant restèrent, ils étaient beaucoup plus calmes et organisés.

- Vous avez vu? Quelque uns ont reçut une formation, observa 41.
- Ça ne changera rien, dans quelques instants ils seront tous mort.

42 faisait toujours autant preuve d'optimisme, ce qui n'était pas pour plaire à 41. Jarel, profitant de la cohue, en profita pour se glisser près du poste de tire ennemi le plus pressant afin de faire cesser les feu qui visaient 41.

EJ :

Comme toutes les fusillades, celle-ci se passa très rapidement. Certains des rebelles, dissimulés de Jarel et de son partenaire, ne l'étaient pas de 42, ce qui raccourcit très rapidement leur espérance de vie. La plupart tombèrent comme des mouches. D'autres avaient choisi d'affronter directement les deux soldats, se retranchant derière de misérables abris pour n'en sortir que durant de brèves rafales, tactique que le lieutenant fut lui aussi obligé d'adopter.

Plus rapide à l'attaque, 41 venait de décimer un groupe de cinq hommes retranchés derrière un muret, d'une simple rafale de fusil mitrailleur, sa position ne permettant pas aux autres ennemis de le toucher. Jarel tenta une sortie de sa cachette mais une salve calma ses ardeurs. Sa radio crépita, laissant échapper la voix énervée de 42 :

- Bordel de merde mon lieutenant, je les ai pas dans mon champ de vision !

A peine eut-il finit sa phrase que Jarel vit passer une ombre à son extrême gauche, un coup d'oeil lui permit de reconnaître le boss des rebelles et son pantalon large. Il s'apprêtait à l'empaler de la pointe de son Katana, acte qu'une rafale de Rapace empêcha au dernier moment. 41 venait de sauver son supérieur, acte qu'il redoubla en éliminant les hommes qui le canardaient depuis quelques minutes. Le soldat sauveur courut jusqu'à son lieutenant, plongeant au dessus de la barrière derrière laquelle il se planquait pour atterrir à ses côtés :

- Zone Clear mon lieutenant ! Ils sont tous au sol.

Jarel plongea ses yeux dans ceux du chef des rebelles, le crâne explosé par une balle, gisant à quelques mètres d'eux. La radio se fit de nouveau entendre.

- Quelques uns sont parvenus à atteindre le passage vers le niveau supérieur, impossible de déterminer combien ils seront en haut !... Mais ! Attendez... Bordel ! Une colonne de poussière s'élève depuis le Nord, un véhicule fait route vers vous.

41 et son supérieur regardèrent vers la direction indiquée, en effet, une large masse de poussière était soulevée au loin par un véhicule noirâtre qui s'approchait.

- J'ai un contact visuel : c'est un blindé Invasion... Mais tout porte à croire qu'il à été volé par les rebelles : ils ont peint la marque d'Âme Libre sur le blindage ! S'il est plein, vous allez avoir des ennuis !

Le blindé fonçait droit vers le campement. La seule issue envisageable -étant donnée la vitesse à laquelle il arrivait - était l'ouverture vers la Frontière, mais cela impliquait d'abandonner le sniper. D'un autre côté, ce dernier n'était pas dans une situation critique...

Lorsque 42 annonça l'arrivée du transport de troupe, Jarel sentît une nouvelle pulsion d'adrénaline monter en lui. C'était donc cela... tout ses sentiments en page n'étaient rien comparé au vécu de ceux-ci. 41 observait la colonne de fumée qui s'approchait à grande vitesse en portant sa main à ses yeux.

- Mon Lieutenant, ils arrivent très vite, vitesse maximale sans doute, 95km/h donc.
- Ok pas le temps de traîner. On annule tout, replis!
- Quoi?! 42 criait dans l'intercom'.Partez, ne m'attendez pas! C'est à cause de moi qu'on est là, arrachez vous!
- Du calme 42. (Jarel fît signe à 41 de rejoindre un immeuble de trois étages à quelques pas du bâtiment de 42.) 41, on y va, replis les gars, on reviendra plus tard.

41 avait néanmoins du mal à courir avec son rapace, de plus la série d'affrontements précédents l'avaient épuisé. Jarel regardait le blindé s'approcher à vive allure alors qu'ils n'étaient qu'à mi-chemin. 41 s'essoufflait de plus en plus et le blindé était dangereusement proche. Encore quelques petites secondes et le blindé serait sur eux.

- Mais qu'est-ce que vous foutez! Barrez vous bon sang!

Le blindé prenait le virage qui donnait droit sur le camp, ils étaient à porté de tire seulement une explosion survînt à une dizaine de mètres du tout terrain. 42 avait judicieusement tiré sur une bombonne de gaz afin de créer une diversion. Celle-ci avait permis à 41 et Jarel de se terrer dans l'immeuble à trois étage. Alors que 41 reprenait son souffle, Jarel activa son intercom'.

- Merci 42.
- Pas de quoi boss, répondît le sniper.
- Rejoins nous en bas, les rebelles se dirigent vers le lieu de l'explosion, ce qui nous laisse le temps de nous éclipser.

Effectivement le blindé s'approchait prudemment du lieu de l'explosion, et avant qu'ils n'aient eus le temps de comprendre ce qu'il se passait, Jarel et ses hommes avaient filés en direction de l'ouest. Ils regardaient l'accès vers le niveau supérieur avec regret tout en s'éloignant. Ils étaient si proche du but et ils devaient maintenant battre en retraite. Trois hommes contre un blindé était une mission suicide. Tous le savaient et pourtant ils regrettaient de ne pas s'être battu.

- Ne restons pas dans le coin, ordonna Jarel. Trouvons un endroit reclus et terrons nous y le temps que tout se tasse.
- Ça va prendre au moins cinq jours le temps qu'ils se lassent! S'exclama 42.
- Nous attendrons le temps qu'il faut, on n'a pas le choix.
- Nous devrions trouver quelque chose à manger et à boire, suggéra 41. Nos rations ne suffiront pas.

Au bout de quelques temps ils tombèrent sur une impasse qui n'offrait qu'un seul passage. Si des rebelles voudraient les déloger ils leurs faudrait plus qu'un blindé Invasion à mitrailleuse légère. Ainsi les trois hommes se tapirent dans l'immeuble aux petites fenêtres.

- C'est l'endroit idéal pour tenir un siège, observa 41. Peu d'ouvertures, les parois son solides, les fenêtres très bien orientées. C'est parfait.
- Ouais, je vais me placer sur le toit histoire d'avoir une belle vue d'ensemble. Et qui sait, peut être que je pourrais repeindre les murs d'une rue adjacente.
- Négatif 42, ordonna Jarel. Vous restez discret, pas de tire sans que je ne l'ordonne.

EJ :

Le sniper quitta la pièce vide dans laquelle le groupe s'était replié, se dirigeant vers les hauteurs. Il serait l'oeil de la mini-escouade. Au calme, Jarel prit le temps d'inspecter les fréquences radios, mais il n'y avait personne sur aucune ligne : ils étaient seuls. Il doutait fortement que l'état-major envoie quiconque pour les secourir... S'il voulait du renfort, autant attendre qu'une patrouille passe par là, ce qui était statistiquement assez peu probable.
41 venait d'ôter la partie supérieure de son armure, qui s'écrasa lourdement sur le sol. Il s'adossa au mur, glissa le long de celui-ci pour s'asseoir enfin, poussant un soupir de soulagement : il haletait. Son casque reposait à quelques mètres de lui et le lieutenant se rendit compte de la jeunesse de celui qui l'avait sauvé aujourd'hui. Le mitrailleur vérifia ses chargeurs et nettoya un peu sa mitrailleuse, pleine de poussière, puis brisa le silence ambiant.

- Sauf votre respect, vous avez chié mon lieutenant !

Jarel ne comprenait pas, 41 et 42 étaient pourtant des compagnons d'armes, le mitrailleur devait être heureux de ne pas avoir abandonné son ami. Embarrassé, le soldat se gratta la tête au niveau de sa cicatrice, au sourcil. Il était en sueur.

- Ils n'auraient jamais remarqué la présence de 42, et il aurait facilement pu nous rejoindre... Maintenant c'est fini, ils savent que nous sommes là, ils nous ont sûrement repéré sur leur écran, et ils vont nous chercher pour nous refroidir ! En temps normal, ça me ferait sourire, mais là nous ne sommes que trois, et sans blindé !

Ces paroles lâchées, l'atmosphère se fit plus hostile, mais très vite, les hommes se calmèrent. Ils devaient absolument se reposer pour le moment... Tant qu'ils profitaient d'un moment de répit. Les trois hommes s'imposèrent des tours de garde pour surveiller les alentours. Rien ne semblait bouger. Chacun dévora ses rations de survie histoire de prendre des forces. La nuit passa ainsi calmement, Jarel apprenant à découvrir ses deux soldats. Vers quatre heures du matin, la radio du lieutenant crépita.

- Unité 9, ici Central Un. Demandons rapport de situation.

Enfin des nouvelles des supérieurs ! Qui s'accompagnèrent rapidement de plus sombres nouvelles, venues de 41 cette fois-ci : c'était à son tour de monter la garde.

- Mon lieutenant, je repère plusieurs mouvements un peu partout dans les alentours. Une dizaine de rebelles, peut-être quinze. Ils fouillent la zone ! Demande l'autorisation d'ouvrir le feu.

42 s'était levé instantanément, saisissant son XM200 qu'il rechargea.

- Je monte le seconder boss ? Je vais briser des crânes !

HJ :
Tu récupères un point de capacité pour avoir survécu une journée !

Jarel n'était pas tellement d'accord avec le raisonnement limité de son subordonné. Il remarqua que 41 était un homme très expérimenté mais que les ficèles de la stratégie militaire conventionnelle lui échappaient clairement. Ils n'auraient jamais survécus s'ils s'étaient rué vers l'accès car bons nombres de rebelles étaient montés à la surface durant l'attaque précédente. En agissant comme des fuyards ils se seraient retrouvés avec des ennemis de tout côté, situation très difficilement gérable pour deux hommes et demi -42 qui aurait été dès lors isolé- et dans le meilleur des cas ils auraient été fait prisonniers. Mais Jarel ne répondît pas à 41 qui avait besoin de se défouler sur quelqu'un. Les chefs d'escouade étaient fait pour ça.

Plus tard dans la nuit les évènements prirent une tournure plus sinistre. Des rebelles étaient en approche et la hiérarchie demandait des comptes pendant que ses hommes, eux, voulaient des directives. Jarel réagit donc très vite.

- Négatif 41. Pour le moment ils ne savent pas exactement où nous nous trouvons. Nous allons profiter de ce laps de temps pour évaluer la situation auprès de la Central. (Jarel tourna son regard vers 42.) Rejoins le mais ne tirez pas, du moins pas tant que des ennemis franchissent le passage.

Le sniper branla du chef puis s'empressa de rejoindre son compagnon sur le toit. De là ils avaient une vue parfaite de la ville et pouvaient à peu près tirer sur n'importe quoi. Jarel savait qu'il n'était pas assez agressif, mais pour le moment il lui fallait prendre en compte les situations respectives des rebelles, de la centrale et celle de ces hommes. Lorsqu'il fût seul, Jarel se cala sur la fréquence de la Central.

- Central un, ici unité neuf. Nous sommes actuellement prit au piège dans une bâtisse à l'ouest de la ville. Pour le moment les rebelles nous recherchent, mais ils ne tarderont pas à nous trouver. C'est une question de minutes, à vous.

Jarel espérait que ses supérieurs jugeraient bons d'envoyer des renforts. Il lui fallait ces renforts! Mais il était conscient du fait que s'il n'offrait rien en retour la hiérarchie ne bougerait pas un petit doigt. Il utilisa alors son intercom' pour contacter 42.

- 42, y a t-il le blindé avec les rebelles? Si oui décris le moi dans les détails s'il te plait. Tout ce qui te parait suspect, le comportement des hommes autour, s'il reste en retrait, où plutôt s'il avance imprudemment. Je veux tout savoir, peut être qu'un détail pourra nous être utile.

En réalité Jarel espérait qu'une personnalité importante d'Âme Libre se trouve parmi ces rebelles. Et ce n'était pas un espoir si vain. En apprenant que trois unificateurs isolés se promenaient dans le coin, un homme important de la rébellion aurait pu avoir l'envie de les chasser par lui même. Ce qui expliquerait la rapidité avec laquelle ils furent retrouvés.

EJ :

Jarel patienta un moment, en l'attente des informations de ses hommes. Les quelques secondes lui semblaient interminables. Sa radio crépita enfin, et ce son familier le rassura. La voix du mitrailleur résonna dans la pièce.

- Le blindé est arrêté aux marges de la ville : les rues sont trop étroites pour lui. De là où nous sommes on ne peut pas voir s'il est gardé. Appare...

Un coup de feu retentit à l'extérieur, glaçant le sang du lieutenant.

- Bordel ! On est découverts ! Je répète, on est découvert !


Le bruit de la mitrailleuse Rapace se fit alors entendre, ainsi que d'autres détonations. L'escarmouche commençait, et les trois soldats n'allaient pas tenir longtemps. A en croire le silence radio, 41 n'avait plus le temps de répondre à son supérieur. Bien que l'entrée de leur immeuble était mince, les rebelles étaient nombreux. De plus, même si les deux Unificateurs parvenaient à abattre quiconque chercherait à passer, ils risquaient à tout moment de tomber sous les tirs des rebelles. Central Un répondit à l'appel de Jarel, qui n'avait pas d'infos plus croustillantes...

- Unité 9, ici Central Un. Une escouade blindée est située non loin de votre localisation, nous vous l'envoyons en soutien. Terminé.

Une escouade blindée ? Autrement dit plusieurs hommes et un blindé, ce qui pourrait grandement les aider, mais à entendre les coups de feu redoublés, il se demanda aussi s'ils survivraient suffisamment pour rencontrer ces gars !

HJ :
Ne mentionne pas l'unité qui vient te secourir, c'est moi qui déciderais si oui ou non elle arrivera un jour...

Jarel jura lorsqu'il entendît le premier coup de feu qui annonçait l'arrivée des rebelles. Instinctivement il alla rejoindre le toit pour prendre connaissance de la situation. Les deux autres unificateurs faisaient déjà feu derrière le petit muret qui délimitait le toit du vide; Jarel se plaça à côté de ses deux hommes pour observer l'ennemi.

- Ils sont beaucoup trop mon Lieutenant! On aurait pas dû se terrer ici!
42 haussait la voix pour se faire entendre sous les coups de feu et les impactes des balles sur la façade de l'immeuble. Jarel branla du chef.
- On ne pouvait pas savoir, et puis t'aurais préféré qu'on te laisse là bas peut être?
La voix acide de Jarel fît comprendre à 42 qu'il ne plaisantait pas. 41 le comprenait en mesurant la gravité de la situation dans laquelle ils s'étaient embarqué de plein gré. 41 cessa un court instant de faire feu.
- J'ai entendu qu'une de nos unité trainait dans le coin, non?
- Rien de tangible pour le moment, vaut mieux faire comme s'ils n'arrivaient jamais.
- Pas facile, coupa 42. S'ils n'arrivent pas on crèvent tous ici!
- La fermes! 41 descend au premier et va accueillir les gars qui passeraient entre l'émaille du filet. 42 concentre tes tire sur les soldats à armements lourds! allez on se bouge!

41 prit son rapace et dévala les marche en hâte pour se placer à l'une des fenêtre il et il reprit les tires qui firent tomber pas mal de rebelles. Jarel laissa à son tour 42, qui s'était déjà mit au travail, pour rejoindre le rez de chaussé. Lorsqu'il fut un peu plus au calme il activa sa radio pour contacter l'état major.

- Central 1, ici unité 9! Nous essuyons des feux nourris sous un assaut de grande envergure. Nous ne tiendrons pas très longtemps, il nous faut ses foutus renforts, à vous!

Mais aucune voix s'éleva par dessus le crépitement. Jarel pria pour qu'il ne s'agisse pas d'un brouillage de communication émit par les rebelles qui avaient désormais investis toute la zone. Il jeta un œil par dessus un fenêtre pour s'assurer que personne ne vienne. Puis après avoir constater que 42 et 41 faisaient à merveille leur job il entreprit une fouille en hâte dans l'espoir de trouver quelque chose d'utile. Le rez de chaussé s'étendait sur environ 50m² et comprenait une succession de salle qui avaient à peu près les mêmes dimensions. Un seul escalier menaient à l'étage supérieur, ce qui était une chance pour eux. 41 avait eut raison, c'était le meilleur endroit qu'ils auraient pu trouvés pour tenir un siège, même si cela semblait insuffisant. Le premier étage, juste avant le toit, était de la même configuration que le rez de chaussé.

Alors que Jarel aprpentait les différentes salles il tomba sur une porte dérobée. Celle-ci était fermée à clef et il dû la défoncer à coups de pieds pour la faire céder. Lorsque ce fût fait un sombre escalier apparut. Jarel alluma la lampe de son casque puis il entama une descente rapide mais prudente. Une fois arrivée en bas il inspecta toute la surface pour n'y voir que quelques tables en désordre avec des chaises dissiminées un peu partout. L'endroit avait dû être abandonné en hâte il y a un bout de temps. Jarel inspecta la salle pour y dénicher quelque chose d'utile, mais rien de ce genre... Il soupira puis remonta au pas de charge au rez de chaussé pour y tenir sa position.

Lorsqu'il passa de nouveau son regard par l'embrasure d'une fenêtre il s'apperçut que quelques rebelles étaient parvenus à avancer un peu plus que les précédents. L'effet du nombre poussait 41 et 42 à effectuer des tires hasardeux. La situation semblait désespérée mais le sniper, comme à son habitude, détendît l'atmosphère à sa façon.

- Parfait! Ils nous tirent dessus, on leur tire dessus, mais ce qu'ils ne savent pas, c'est qu'on va tous les butter!
- 42, si t'en as plus que moi je te paye un coup!
- Arrêtes 41, tu vas t'endetter!
- Si on s'en sort... (Jarel ne savait que dire. Ils n'avaient encore rien fait de reposant jusqu'ici. Il ne pratiquait aucune activité de détente... la détente, il ne savait pas ce que s'était.)
- Vous inquiétez pas mon Lieutenant, rassura 42, on va s'en sortir. Le tout c'est de viser juste! Et hop! Un tignasse blonde en mois! Ce chargeur est pour vous les gars!!

Si cela avait l'air de vacance les trois hommes n'avaient jamais été aussi concentrés. Jarel, ainsi que les deux autres unificateurs, savaient que pour remporter cette bataille il fallait exterminer les assaillants sans ménagement pour saper le moral de leurs camarades. Mais une victoire ne pouvait arriver que si cette unité tant promise arrivait...

EJ !

L'unité n'arrivera pas. La radio de Jarel résonna de nouveau, sonnant comme un glas pour les trois hommes.

- Unité 9, ici Centra Un. L'escouade blindée est hors de service. Elle essuie actuellement une attaque de rebelles. Plus aucun renfort disponible. Envoyons un appel spécial.


La voix était neutre, comme si l'homme évoquait un fait divers, pourtant, il annonçait presque la mort des trois hommes. l'appel spécial était un dernier espoir, il s'agissait de prévenir tout les Fils d'Immanisius en fonction de la situation. Encore fallait-il que l'un d'entre eux soit dans la zone et, moins probable encore, qu'il veuille bien se déplacer. Jarel n'avait pas le temps de pleurer sur son sort, la fusillade allait de plus belle. Il commença à paniquer en constatant qu'il ne lui restait que deux chargeurs, quittant son poste pour recharger. 41, au même niveau que lui, se mit à jurer.

- On tiendra plus longtemps au niveau munitions mon lieutenant !

Comme pour illustrer ses propos, il se mit lui aussi à l'écart pour recharger son arme, c'est à ce moment là que le bruit d'une mitrailleuse se fit entendre à l'extérieur. Un mitrailleur venait de faire son apparition chez les rebelles. Confirmant les pires angoisses du lieutenant, la voix de 42, toujours posté sur le toit, résonna dans sa radio, déformée par la douleur.

- Je... Je suis touché. Impossibilité de tirer... Ces enfoirés vont entrer !

En effet, des rebelles avaient profité de ce court répit pour courir jusqu'au rez de chaussée. Réagissant au quart de tour, 41 courut vers son lieutenant, le tirant par le bras pour l'emmener jusqu'au toit.

- Ils sont trop nombreux, on ne pourra pas les contenir !

Le mitrailleur avait décidé de ne pas attendre les ordres de son supérieur, préférant faire confiance en son expérience, et en son instinct de survie. Le mitrailleur poussa Jarel sur le toit, tout en dégoupillant deux vieilles grenades sorties d'on ne sait où, les jetant dans la cage d'escalier. Le sniper était allongé sur le sol, dans son sang, blessé à la hanche. Une bonne partie du muret derrière lequel il se cachait était désormais en ruine, détruit par les rafales de la mitrailleuse ennemie. Son fusil trônait à plus d'un mètre de lui. Malgré son état, le tireur d'élite ne rata pas une seconde de ce qu'il se passait.

- Je... Je croyais que... que toutes les grenades avaient sauté dans l'entrepot ?

- C'est pas faux... C'est pour ça que j'ai bien fait de ramasser ça sur le gosse que j'ai buté. Au fait, tu t'es fait toucher ! Autrement dit, j'ai gagné la partie pour aujourd'hui !

Jarel se demanda si ces soldats cessaient parfois de plaisanter. Les grenades explosèrent enfin, faisant s'écrouler la cage d'escalier -seul passage menant au toit- sur elle-même. Les rebelles n'atteindraient plus les trois soldats, mais ceux-ci étaient bloqués. La situation était loin d'être calmée, car les tirs rebelles, venant de la rue, continuaient de plus belle. Les soldats ennemis envahissaient désormais la ruelle qui menait au bâtiment. S'ils trouvaient eux aussi des grenades, les trois hommes ne tarderaient pas à sauter.
41 semblait examiner la situation, son casque empêchant de lire une quelconque émotion sur son visage. Sur le toit, la seule sortie était bloquée, au Nord de l'immeuble, des dizaines de rebelles étaient en train de les canarder, au Sud... Rien. Rien d'autre qu'un amoncellement de rochers qui formaient une pente très raide vers le sol.

- Et maintenant on fait quoi petit génie ? lâcha le blessé à son compagnon, avec l'ironie d'un homme qui sent sa mort proche.

Le mitrailleur posa sa Rapace, se tournant lentement vers son ami, allongé.

- Excuse-moi d'avance Kyle !

Jarel entendait le vrai prénom de 42 pour la première fois, signe que la situation était grave. 41 s'approcha rapidement de son compagnon, le saisit aux hanches, lui arrachant un cri de douleur, et le souleva jusqu'à son épaule. Le sniper n'eut pas le temps de comprendre qu'il fut jeté dans le vide, du côté Sud de l'immeuble. Le blessé percuta violemment le tas de pierre proche du toit, son corps rebondit et s'écrasa un peu plus bas avant de rouler sur la pente descendante, s'arrêtant quelques mètres plus loin, au niveau 0. Le sniper gisait sur le sol, mais ses bras bougeaient encore, signe qu'il n'était pas mort. Les armures d'Immanis pouvaient faire des miracles ! Une série d'immeubles collés à celui sur lequel se trouvaient Jarel et le mitrailleur empêchaient les rebelles placés au Nord du bâtiment de faire le tour de ce dernier pour rejoindre 42.
Si Jarel voulait le rejoindre, il devrait lui aussi faire le grand saut.

- Désolé mon lieutenant, mais il n'y a pas d'autre issue !

Comme pour illustrer ses propos, 41 plongea lui aussi dans le vide (après avoir jeté sa mitrailleuse). Le saut du soldat ayant été plus calculé, il s'écrasa moins violemment sur les premières pierres, mettant immédiatement son corps en boule pour que la descente de la pente rocailleuse soit moins douloureuse. Une fois sa chute finie, l'homme se releva sans trop de mal, allant immédiatement secourir son ami. Jarel jeta un oeil vers le côté Nord du bâtiment. Quelques rebelles avaient compris le plan de leurs proies, et cherchaient maintenant à rejoindre leur nouvelle localisation.
Le lieutenant mesure la distance le séparant du sol. S'il atterrissait correctement sur la pente de rocher, il pourrait y parvenir sans rien se briser... Le temps était compté.

Chaque seconde avait désormais son importance. Jarel ne pouvait plus que suivre ses deux subordonnés qui avaient pris la judicieuse décision de mettre à profit leur expérience par des initiatives rapides et efficaces. 42 qui se relevait tant de bien que de mal avec l'aide de 41, observait son Lieutenant qui hésitait. Une pareille hauteur aurait effrayé n'importe qui, mais c'était choisir entre une descente d'enfer ou les petits soins des rebelles. Le choix fut vite fait. Alors que Jarel jetait un dernier regard en direction du nord sur les Liberians, il se retourna brutalement puis il sauta. L'entrainement fît le reste, il atterrit sur ses deux pieds puis il poussa pour se laisser rouler en boule. La descente était chaotique et n'avait rien d'une partie de plaisir. Jarel sentait chaque rochers à bouts saillants s'enfoncer dans son armure sans pour autant la transpercer et tailler sa chair. Les armures d'unificateurs avaient été prévues pour cela, et celle des Lieutenants bien plus encore. Durant la première partie de la roulade, Jarel ne pensait à rien hormis sa à propre sécurité en veillant à rester en position fœtale durant la descente. Puis quelques instants plus tard il laissa ses pensées se perdre dans quelques bribes de souvenirs.

Il se fît une remarque des plus pertinentes; jamais il n'avait connu une mission sans accrochage. Même durant son instruction on le poussait à bout. Il était confronté à des situations toujours plus graves, le tout, pour lui permettre de survivre à ce type d'évènements. Aujourd'hui c'est exactement ce qu'il faisait. Il n'avait pas d'objectif militaire concis. Sa tâche était de fuir un ennemi bien supérieur en nombre et sur ses propres terres. Même lors de sa première mission il avait perdu deux hommes. Il n'était pas encore officiellement chef d'escouade, mais on lui avait déjà confié la responsabilité de deux hommes pour mener à bien une mission délicate. Pourquoi tant d'attentions pour un simple soldat de seconde zone à l'époque? Mais alors que ses pensées se perdaient plus loin, un voile noir se dressa subitement devant ses yeux après avoir ressentît un impacte sur la tête.
Quelques instants plus tard il entendît une voix familière pendant que sa vue reprenait petit à petit sa forme.

- Ça va mon Lieutenant? Rien de cassé?

Jarel mît un certain temps avant de reprendre ses esprits et comprendre que 41 s'inquiétait de sa santé. Sa vue se stabilisa puis il entreprit de se relever doucement. Sur le moment il n'avait mal nul par mais 41 veillait déjà au grain en s'assurant qu'il n'avait rien de cassé en effectuant une série de testes sur le corps de son Lieutenant.

EJ :

Jarel reprit ses esprits, écartant poliment 41. Il s'en sortait indemne. Le mitrailleur aidait désormais 42 à se relever, le soutenant pour ne pas qu'il s'écroule. Du sang s'écoulait de la blessure du sniper, mais ils n'avaient pas le temps de le soigner. Le mitrailleur avait déjà repéré une nouvelle sortie. Ne laissant pas à Jarel le temps de se rétablir, il pointa une porte ouverte du doigt.

- Je connais ce genre d'immeubles, ils sont plutôt longs, on pourra en ressortir plus loin. J'vois pas d'autre issue. On a peu de temps avant qu'ils ne rejoignent cette rue.

Le sniper ne réagissait plus vraiment, il semblait dans les vappes, soutenu par 41 qui l'emmenait déjà dans l'immeuble qu'il venait de repérer. Dans la rue, des cris révélaient l'arrivée imminente des rebelles. Jarel suivit 41 sans avoir le temps de réfléchir. Ses deux soldats avaient déjà quelques mètres d'avance. L'immeuble était en éffet étalé sur la longueur. Le rez-de-chaussée était une sorte de long couloir raccordé de temps à autre par des cages d'escalier menant aux étages supérieurs. Cette structure permettait aux soldats d'avancer vite et droit. Jarel avait cependant un mauvais pressentiment, qui devint une véritable angoisse lorsqu'il vit les explosifs.
Des rebelles avaient dressé un piège semblable à celui que Jarel avait confectionné avec des grenades. Piège dans lequel 41 tomba, brisant le fil étendu en plein milieu du couloir.
Immédiatement, le C4 accroché à ce fil s'alluma d'une lumière rouge. Prévenu par son lieutenant, 41 eut juste le temps de piquer un sprint vers l'avant (alors que Jarel lui revenait sur ses pas) se jetant avec son ami au dernier moment, pour éviter les débris. Le couloir explosa, s'écroulant sur lui-même, séparant ainsi Jarel et ses hommes. Avaient-ils péri dans l'explosion ? Il n'en savait rien, et n'avait pas le temps de s'en préoccuper.

Le poseur de piège venait de sortir de sa cachette - l'une des sombres cages d'escaliers- abbattant son sabre sur Jarel qui eut à peine le temps d'esquiver.

- Diviser pour mieux régner ! Tu es fini ! hurla le massif rebelle, un air démoniaque sur le visage. Une main rouge, symbole d'Âme Libre, était dessinée sur son bras. Il n'était pas là pour s'amuser...

Jarel recula d'un pas pour reprendre son souffle et ses esprits. Le destin voulait à tout prix sa mort? C'était à y croire, mais Jarel, lui, ne voulait pas encore quitter ce monde. L'adversaire était effrayant, plutôt grand, de larges épaules ainsi qu'un tatouage intriguant sur la main droite. Jarel se saisit de son Z-200 pour s'en servir comme défense. Encore une fois rien n'était joué. Le combat contre le leader des Faiseurs de Rêves lui avait apprit que tout était possible si la volonté de vaincre était suffisamment forte. Cependant il ne pouvait oublier le katana, arme précise et meurtrière.

Le second coup de rebelle fût fulgurant, Jarel plaça son arme en biais pour parer le coup. Le tranchant du sabre se fracassa contre le canon du fusil mitrailleur de Jarel sous une explosion d'étincelles. La violence du coup força Jarel à reculer en lui procurant une douleur incomparable aux poignets. Il avait déjà entendu parler de cette arme, mais jamais il n'en avait vu. d'après les rumeurs il s'agissait de l'une des meilleures armes blanche, Jarel comprenait maintenant la nature de la menace. Une arme pareille est déjà meurtrière, mais quand un homme expérimenté l'utilise cela pouvait s'avérer fatale.
Jarel eut l'idée desespéré de lever le canon de son fusil pour faire feu, mais déjà son adversaire se ruait sur lui en écartant l'orifice du Z-200 pour se frayaer un chemin jusqu'à la carotide, mais Jarel eut le temps de se jetter au sol pour rouler et se relever un peu plus loin. Durant la roulade il lâcha maladroitement son arme qui glissa à quelques mètres de lui. Le rebelle afficha alors un sourire sinistre en faisant pivoter sa lame qui était orientée vers le sol.

- Comme un verre tu vas crever sans que personne ne se souci de ta disparition.
- Ça serait te faire trop d'honneur, Jarel affichait un sourire en coin moqueur. Ce serait dommage pour toi d'en finir si facilement. Après tout, cela fait plusieurs heures que vous nous traquez.
Jarel commença à ricaner mais le rebelle le coupa bien vite.
- Te fous pas de moi et ne me compares pas à cette bande de bras cassés! Ils ne seraient même pas foutus de tenir une forteresse sans se la faire prendre!
- Ouais, ça j'avais remarqué! On en a tué combien déjà? Une dizaine? Une vingtaine? Et il vous a fallut plus de cinquante hommes pour venir à bout de trois pauvres soldats isolés? Te fous pas de moi, l'armée de Liberia est bien moins organisées qu'il n'y parait... à moins que vous nous ayez maladroitement collé les plus mauvais?
- Tiens, un insoumis? J'me demandais aussi pourquoi tu te marrais comme ça. Ça explique aussi pourquoi ils ont dus vous courir après dans tout le grenier. Mais maintenant c'est terminé, tu n'as plus d'issue et tu es à moi.

Le ton était sombre et menaçant. Jarel savait que désormais tout allait réelment se jouer sur les prochaines attaques. Mais là c'en était trop, il n'avait plus rien pour se défendre. Il y avait bien le couleuvre, mais le temps qu'il le sorte il aurait le temps de se faire embrocher par le type un peu trop sûr de lui. Le Liberian ne laissa pas plus de temps à Jarel de réfléchir. Il commença par avancer sinistrement avec son sabre en position au dessus de la tête. Son regard était menaçant et imprénié d'un air meurtrier. Puis il se mît à courir vers l'unificateur pour abattre sa lame sur la tête de Jarel qui déjà s'était décalé sur le côté. Le rebelle se ratrapa avant que sa lame ne touche le sol pour donner un nouveau coup à l'horizontal pour tenter de faucher Jarel. Mais l'unificateur se laissa tomber en arrière, le poids de son armure l'entraina bien plus vite au sol que ne l'aurait pensé le Liberian qui hurla de rage en reprenant son souffle. Jarel remarqua que son Z-200 n'était plus très loin désormais. Il lui fallait trouver un moyen de forcer son adversaire à commettre une erreur qui lui permettrait de se saisir de son arme qui gisait au sol.

- N'y penses même pas, dit le Liberian avec un sourire en coin.

Comme il l'avait imaginé le rebelle attaque une nouvelle fois à la verticale. Jarel se déporta alors juste à temps sur le côté pour laisser le rebelle battre le vent avec sa lame. L'Unificateur en profita pour se saisir fermement de l'épaule gauche de son adversaire pour le déstabiliser. Il n'eut plus qu'à shooter dans le sabre pour l'envoyer valser plus loin et entrainer le rebelle dans sa chute initiale. Mais le l'imposant Liberian entraina avec lui Jarel. Ils roulèrent l'un sur l'autre et au moment où le Liberian aurait dû plaquer au sol Jarel, ce dernier plaqua sa jambe sur le torse de son adversaire pour le projeter en arrière. Puis alors que Jarel entreprenait de se lever sous le poids affligent de son armure le Liberian lui décocha un coup de pied dans la mâchoire. Jarel cracha un peu d sang mais il parvînt à agripper la cheville de son adversaire et à taper l'autre jambe avec son pied gauche. Le Liberian tomba à terre et Jarel poursuivît avec un coup dans le torse de son autre pied qui était resté libre. Il se traina alors désespérément sur quelques mètres mais au lieu de trouver son Z-200 il tomba nez à nez avec le katana. Jarel ne réfléchit pas plus et se saisit de l'arme pour se relever. Le Liberian qui s'était relevé resta alors un moment à l'écart... hésitant.

- On ne t'as pas dit que c'était dangereux de jouer avec les couteaux? Et crois moi, ces armes sont bien plus dangereuses que des couteaux.
- On ne t'as pas dit qu'il y a des types qu'il vaut mieux éviter d'emmerder? Et que je pourrais faire parti de ces types?

Jarel ne le savait pas mais ce genre de réplique bidon lancée en plein milieu d'un combat n'était pas franchement sérieux. Certains n'auraient pus s'empêcher de rire; surtout 42 pour se foutre de lui, mais pour le Liberian...

HJ :

Jarel haletait. Son armure l'avait protégé de certains coups, mais le poids de cette dernière l'épuisait. le lieutenant avait perdu son casque dans la bagarre, et son nez saignait abondamment. De son côté, le Liberian souriait. Lui aussi était dans un sale état, le visage en miettes. Pourtant, il semblait sûr de lui.

- Et toi ? On t'as jamais dit qu'il fallait toujours surveiller tes arrières ?

Jarel ne comprit ses paroles que trop tard, en entendant le cliquetis d'une arme dans son dos. Il tourna la tête, tombant nez à nez avec une jeune fille assez belle, d'une vingtaine d'années, qui venait elle aussi de la sombre cage d'escalier. Sans doute avait-elle assistée à tout le combat. L'Unificateur aurait sans doute davantage apprécié les charmes de la rebelle si elle ne pointait pas un fusil sur elle.

- Lâche ton arme ! fit la jeune fille, l'air déterminée.

Jarel tourna de nouveau la tête vers le premier rebelle. Il fut contraint de laisser tomber son katana sous le rire sec du brutal sabreur. C'est ainsi que le lieutenant allait terminer, capturé... C'est ce qu'il croyait quand il entendit un violent coup derrière lui. Le sourire du sabreur s'était éteint. Une silhouette massive et noire avait saisi la jeune fille par les cheveux, lui cognant la tête contre le mur de béton avant de laisser tomber son corps inconscient. Sans aucune hésitation, il saisit le ZZ-200 qui pendait autour de son torse et abattit le sabreur, d'un tir dans la tête.

Jarel reconnut la solide et imposante armure d'un Fils d'Immanisius. La lueur rouge des yeux du solide casque étaient fixés sur lui. La sauveur de Jarel ramassa son casque, lui jetant. Une voix déformée par les différents masques respirateurs de l'armure résonna dans le couloir.

- Ne perds pas ton matériel soldat ! Où sont tes hommes ?

Le soldat d'élite se tourna vers la seule sortie du couloir, par où Jarel était entré.

- Ils arrivent... Mieux vaut s'éclipser !

Des bruits de pas se faisaient en effet entendre. La seule issue encore envisageable semblait la cage d'escalier, qui menait on ne savait où. Jarel pourrait peut-être retrouver ses hommes s'il parvenait à ne pas se perdre dans l'immeuble...


HJ :
Tes RPs sont toujours aussi bons, félicitations !

Tu gagnes un point de capacité pour ce combat...
Tu perds 15 points de vitalité. Tu saignes un peu du nez, tes muscles sont endoloris et tu as une légère douleur aux côtes.

Au vue de la prestation brutale du fils d'Immanisius, les remerciements n'auraient servit à rien. Jarel préféra plutôt récupérer son arme et suivre son "supérieur" qui grimpait déjà les marches comme si le poids de son armure ne le gênait pas le moins du monde. Ils crapahutèrent un moment dans le long couloir du premier étage afin de rejoindre la prochaine cage d'escalier qui les ferait rejoindre le rez de chaussé, derrière l'éboulis causé par l'explosion du piège tendu par les deux rebelles embusqués. Lorsqu'ils y arrivèrent Jarel se manifesta d'une voix hésitante.

- Heu.. Monsieur, je peux vous appeler comme ça? (Jarel n'avait jamais eu à faire à un Fils d'Immanisius mis à part Arcas qui était à lui tout seul un cas spécial.) Je n'ai plus que deux chargeurs, vous pourriez pas m'en filer deux de plus?

L'imposant Fils d'Immanisius bougonna tout en jetant les deux chargeurs à son petit protégé de circonstance. Jarel le remercia d'un signe de tête puis ils tournèrent tous deux leur regard vers la cage d'escalier. Jarel activa alors sa radio.

- Unité 9, ici 124. 41 où êtes vous?
Un crépitement singulier retentit dans la radio. Signe que personne ne pouvait répondre. Jarel retenta une nouvelle fois.
- 41, ici 124, état de la situation, à vous?

Encore une fois seul le crépitement se fît entendre. Jarel lâcha un juron avant d'apercevoir le Fils d'Immanisius se tirer par la cage d'escalier. Jarel le suivît maladroitement comme un bleu. Il inspectait minutieusement la zone en restant dans l'ombre de son supérieur afin de ne pas le gêner. Mais alors qu'ils avançaient furtivement dans les couloirs des coups de feu retentirent depuis l'extérieur. Le mur de droite fût en l'espace de quelques secondes criblé de balles. Jarel observa le spectacle en restant accroupi sous une fenêtre. Lorsque les feux cessèrent, le Fils d'Immanisius poursuivît sa route en restant à couvert.

- Restes baissé, il y a peut être des snipers dans la zone.

Jarel se rappela de 42 qui était en un salle état. Si les deux zigotos avaient réussis à se faire la malle, ils ne pouvaient pas être loin. En revanche, s'ils avaient été capturés tout se passerait beaucoup moins bien. Pour le moment le plan de Jarel était de garder des pensées positives en faisant le tour de la zone, qui sait, peut être cela augmenterait ses chances de réussite? C'est bien ce qu'il lui fallait en ce moment... de la réussite.

Les deux hommes arrivèrent face à une guérite où ils entendaient des rebelles discuter. Apparemment les coups de feu précédent n'avaient pas suffit pour les ameuter. Le Fils d'Immanisius resta un moment à observer la zone tout en restant immobile, ce qui ne lui ressemblait pas jusqu'ici. Jarel comprit alors ce qu'il préparait; ça ne lui plaisait pas, mais il était vrai que de demander directement aux ennemis ce qui étaient arrivés à leurs potes serait beaucoup plus rapide et instructif.
Le Fils d'Immanisius donna des instructions pas codes militaire. Jarel reconnut parfaitement les gestes et alla se placer près du muret que lui avait indiqué son supérieur. Ce type ne faisait apparemment pas dans la dentelle, il préparait un assaut frontale fulgurant. Mais après tout là était la meilleur stratégie à adopter. Les surprendre avant qu'ils n'aient le temps de faire le moindre geste. Jarel remarqua que son compagnon d'infortune bougeait rapidement et se fondait parfaitement dans le décors malgré son équipement. Il arriva sans se faire repérer près de la fenêtre de la guérite où il fît signe à Jarel de faire feu. Celui s'exécuta en vidant son chargeur sur la position ennemi puis il se mit à couvert pour laisser ses ennemis tirer. Les coups de feu atténuèrent suffisamment le son aigüe de la goupille de la grenade et le cliquetis lorsqu'elle tomba au sol. Jarel qui regardait cela depuis sa position reprit les tires pour permettre à son supérieur de se dégager sans se faire tirer dessus. Quelques secondes plus tard la guérite s'enveloppa d'un épais brouillard toxique. Les deux hommes furent contraints d'abandonner leur position. Et lorsqu'ils s'éloignèrent le Fils d'Immanisius leur tomba dessus et il les assomma de deux coups de crosse bien placé.

Jarel rejoignît son supérieur en boitillant, sa douleur au côte se faisait de plus en plus persistante. Le soldat d'élite finissait de ligoter les deux hommes en leur mettant à chacun un carcan sur la tête puis il secoua l'un des hommes pour qu'il se réveille. Ainsi l'interrogatoire commença sous les yeux ébahit du Lieutenant Jarel Taylor, désormais définitivement initié aux atrocités de la guerre.

EJ :

Le Fils d'Immanisius parlait peu, tel un fonctionnaire qui fait un boulot qui l'ennuie, et qui veut le finir au plus vite. La seule différence était que ce boulot consistait à tuer tout ce qui bougeait. Les traces de sang laissées par les deux soldats de Jarel disparaissaient à la sortie du couloir, comme si le mitrailleur avait pris le temps de bander les plaies de son compagnon avant de sortir à découvert, ce qui était sans doute le cas.
Maintenant, impossible de savoir s'ils avaient été capturés ou, pire, tués. La radio de 41 devait sans doute être endommagée, à moins que les rebelles n'appliquent un brouilleur.

Le Fils d'Immanisius agissait rapidement, sans la moindre faille, comme une ombre. Une fois qu'il eut assommé les deux hommes, il les traina sans le moindre mal jusqu'à un hall d'immeuble où il prit le temps de les interroger. De cette manière, les Unificateurs n'étaient pas à découvert. Malgré les pertes qu'ils subissaient, les rebelles étaient encore nombreux. Un coup de poing suffit à réveiller chacun des rebelles. Les deux hommes étaient ligotés l'un à l'autre, et ne devaient pas comprendre grand chose. Le soldat d'élite dégaina un revolver Scorpion qu'il colla contre le visage de l'un des détenus.

- Deux soldats sont avec nous. Qu'est ce que vous en avez fait ?

- Nous... Nous ne les avons pas vu ! Ils ne sont pas...

Le coup de feu retentit durement dans la pièce sombre. La tête du rebelle était à moitié arrachée. Sans un remord, le Fils d'Immanisius s'approcha du dernier rebelle. Ce dernier était en train de pleurer, terrorisé. Il devait être très jeune.

- Deux soldats sont avec nous. Qu'est ce que vous en avez fait ?

Le soldat répondit rapidement, la voix paniquée.

- On ne les a pas vu ! Vos gars doivent pas être loin, mais personne les as choppé ! C'est promis !

- Vous utilisez un brouilleur de fréquence ?

- Oui ! Nos gars ont eu le temps d'en placer un sur le toit de l'ancienne banque, là en face. Ils sont deux à le garder !

- Bien.

Le Fils d'Immanisius se leva, observant Jarel, son casque prenant des airs diaboliques, uniquement éclairé par ses deux pupilles rouges.

- Cette mission commence à me lasser, mon temps est précieux... Tu tiens vraiment à retrouver tes hommes ? Je te laisse le choix : soit nous les abandonnons et je t'escorte jusqu'à le Frontière, soit je t'aide uniquement en détruisant le brouilleur, et vous vous démerdez pour partir !

Jarel s'apprêtait à répondre quand un nouveau coup de feu retentit. Le corps sans vie du second rebelle retomba, entrainé dans sa chute par le premier. Les deux cadavres étaient désormais allongés pitoyablement, toujours attaché l'un à l'autre.

L'immeuble, de l'autre côté de la rue offrait une vue imprenable sur la zone. Jarel se demandait comment les deux rebelles qui étaient emusqués les avaient manqué jusqu'ici. Mais il fût ramener à la triste réalité par le coup de feu qui retntît dans le hall. Le Fils d'Immanisius venait d'abattre le gamin de sang froid. En temps normal cela aurait écœuré Jarel, mais désormais il gardait une indifférence presque totale au meurtre, signe qu'il sombrait toujours un peu plus. Puis la proposition de son compagnon d'infortune retentît comme le slaut tant attendu. Rentrer sain et sauf jusqu'à la frontière? Cette pensée fût très vite balayée par les visages de 41 et 42. Pas question de les laisser derrière! Il prit alors une profonde respiration et rétorqua d'un ton déterminé:

- Merci mais ça sera sans moi. Aujourd'hui personne ne meurt dans mon escouade.
- Comme tu voudras, rétorqua indifféremment le Fils d'Immanisius.

Cette phrase eut l'effet d'une bombe atomique dans l'esprit de Jarel. 42 était sur le point de crever, chose inacceptable! Jarel arma son ZZ-200 en produisant un cliquetis très familier. Sous son casque, Jarel affichait un air dur, jamais il n'avait été si déterminé et remonter contre son ennemi. Depuis ce matin c'était lui qui courait et qui subissait les assauts. Désormais les rebelles allaient apprendre à craindre l'unité 9! Jarel se tourna vers la sortie en empruntant une démarche assurée, puis, en prenant une profonde inspiration il se jeta hors du bâtiment pour se placer derrière un mur éclaté d'un bâtiment qui donnait sur la façade principale de la banque. Le Fils d'Immanisius fît de même et alla se placer à l'autre extrémité de la rue, à couvert derrière un mur d'un cul de sac parallèle à l'objectif.

Sans un signe particulier, le Fils d'Immanisius dégoupilla une grande à fumigène et la lança au milieu de la rue pour couvrir leur prochaine avancée qui se ferait sous le feu ennemi. Les deux hommes attendirent que la fumée masque la rue pendant que les coups de feu provenant de la banque se faisaient entendre. Lorsque les deux soldats d'Immanis le jugèrent opportun ils se lancèrent à l'assaut de l'objectif. Ils avancèrent tels des fantômes, sans le moindre coup de feu. Jarel bougeait un peu plus vite, oubliant l'espace d'un instant sa vive douleur aux cotes. Pour le soldat d'élite rien ne changea. Il bougeait avec toujours autant de grâce malgré le poids de l'équipement affligeant. Pendant ce temps un mitrailleur aux fenêtres s'amusait à arroser abondamment la rue en espérant toucher quelqu'un. Le bâtiment n'était plus qu'à quelques pas et Jarel remarqua que la fumée s'insinuait par chance un peu dans le bâtiment pour couvrir leur entrée. Le Fils d'Immanisius faisait les chose bien apparemment.

Jarel ne comprit pas pourquoi le brouilleur ne se trouvait pas au premier étage, à l'abri de tout bombardement. Les deux soldats d'Immanis franchirent les grilles ouvertes pour enfin entrer en force dans l'immeuble. Jarel couvrit le côté gauche alors que le Fils d'Immanisius balayait de son fusil le côté droit. Tout avait l'air calme en mettant de côté les coups de feu inutile du rebelle au premier étage.

- Occupes toi de ce coté, ordonna le Fils d'Immanisius. On se rejoint près de la cage d'escalier lorsque la zone sera sécurisée.

Ils se séparèrent alors pendant que Jarel avançait furtivement dans l'aile gauche. Le gamin semblait avoir dit la vérité. Le rez de chaussé était vide, les deux seuls rebelles devaient être à l'étage. En constatant cela une question lui vînt à l'esprit. Y avait-il deux armées à Liberia? Les deux rebelles qui lui avaient tendus une embuscade étaient bien moins maladroits et bien plus entrainés. Alors que ces deux gus, ainsi que la plupart des rebelles en faction dans le grenier ne servaient presque à rien face à une demie escouade isolée. Il n'eut pas le temps de répondre à cette question en entendant des coups de feu dans l'aile droite, le Fils d'Immanisius devait rencontrer des éléments hostiles. Jarel finit son tour d'inspection puis s'activa pour rejoindre la cage d'escalier. Une fois arrivé il constata que le Fils d'Immanisius n'était toujours pas là et que des coups de feu résonnaient encore dans l'aile droite. Il décida alors de rejoindre son supérieur pour lui prêter assistance.

EJ :

Lorsque le lieutenant arriva dans l'aile droite, il était déjà trop tard... pour les trois rebelles qui avaient tenté d'affronter le soldat d'élite. Ce dernier retira son large couteau de la gorge du dernier des hommes, soupirant.

- Des gamins... Tous des gamins. Âme Libre est vraiment décevante ces derniers temps. Écoute....

Le Fils d'Immanisius s'était avancé, lisant le matricule de Jarel sur son armure.

- ...INT-124, vu comment vont les choses, je n'aurais pas besoin de toi. Descend de l'immeuble, je vais m'occuper du brouilleur. Contente toi de surveiller ta radio. Essayez de survivre toi et tes gars ! Adios !

Le lieutenant n'eut pas le temps de répondre que le soldat le bouscula, rejoignant la cage d'escalier. Jarel n'aimait pas se faire ainsi damer le pion, mais après tout, il n'avait pas à s'en plaindre. Quand il fut de retour au rez-de-chaussée de la banque, Jarel entendit plusieurs séries de coups de feu. Quelques secondes plus tard, sa radio grésilla de nouveau.

- ...eutenant, vous nous entendez ! Bordel ! Il ne reçoit rien ! Lieutenant, nous nous trouvons localisation 3;5;9. Je répète...

- Pas la peine de crier, tu te fatigues ! Ils ont brouillé les fréquences, c'est mort !

Jarel fut soulagé d'entendre les voix de ces hommes : ils étaient en vie.

Jarel fût soulagé d'entendre la voix de ses deux hommes, même s'ils étaient assez éloigné de sa position. La fougue habituelle de 42 le fît sourire.

- Ça sera mort que quand je le dirais soldats! Intervînt Jarel en activant sa radio. Content de vous entendre les gars. Comment ça se passe pour vous?
- Lieutenant? C'est vous?
- Qui veux tu que ce soit, Kyle? Lieutenant, vous pouvez pas savoir ce qu'on est heureux de vous entendre. On peut dire que ça se présente plutôt bien pour nous, l'armée rebelle nous a lâché la grappe un moment.
- Ouais, apparemment on n'est pas les seuls dans le secteur. J'ai rencontré un Fils d'Immanisius.
- Cool! S'exclama 42. Il va pouvoir nous aider à nous tirer de ce merdier alors?
- Pas vraiment, il fait cavalier seul comme qui dirait. On ne peut pas compter sur son aide. Commençons déjà par nous regrouper. Votre position est sure?
- On ne peut plus mon Lieutenant. Vous êtes où?
- Près de la banque... ou plutôt ce qu'il en reste.
- C'est pas tout prêt mais vous pouvez y arriver en vous dirigeant vers l'est. Je ne pense pas qu'il y ait encore des rebelles dans le coin, mais faites gaffe.
- Aucun problème. On se retrouve par chez vous, faites bien attention, terminé.

Jarel coupa sa radio puis se mît en route en passant par les bâtiments en ruines afin d'éviter les rues trop découvertes. Si un sniper voulait l'avoir il lui faudrait faire avec tout les débris gênants alentours. La position de ses deux hommes se trouvaient à six pâtés de maisons, autant dire qu'il avait du sport devant lui. Si tout paraissait s'arranger, Jarel, lui, pensait le contraire. Il commençait à manquer d'eau et ses pauses se faisaient de plus en plus fréquentes. Il fatiguait, il avait mal un peu partout et ses munitions commençaient à se faire rares. Avancer tel un fantôme: c'était sa seule solution de survie. Mais garder des pensées positives semblait être un bon moyen de rester en vie également. Du moins, c'est ce qu'il espérait pour se donner le courage d'avancer encore un peu.

EJ :

Les rues étaient bien plus calmes que tout à l'heure. Les rebelles commençaient à se retirer. L'après-midi n'avait pas dû être agréable pour eux : Jarel et les siens avaient bien tué une trentaine d'entre eux ! Le lieutenant se jeta soudainement à terre. Un groupe de cinq hommes venait d'apparaître. Il disparut très vite au détour d'une rue : ces rebelles quittaient sans doute la zone eux-aussi. Central avait dit que l'unité blindée avait été anéantie, peut-être Âme Libre allait-elle se contenter de cette victoire; et après tout, la plupart des hommes que l'organisation avait perdu étaient de simples adolescents non entraînés.

Jarel resta un moment allongé dans l'obscurité, tant pour être sûr que le groupe était parti que par un besoin de repos. Il avait passé toute une journée à courir après ses propres hommes. Le lieutenant se leva enfin, mesurant la lourdeur de son armure. Il ne restait que trois rues à parcourir pour rejoindre ses amis, il s'engagea dans une longue avenue déserte, encombrée de pierres, quand plusieurs coups de feu retentirent. Jarel plongea de nouveau, voyant un rocher exploser à quelques centimètres de lui. Un tireur embusqué !
Jarel se dissimula derrière un vieux pylône qui encombrait la rue. Les coups de feu venaient d'un immeuble, il en état sûr. A en croire les coups de feu, le tireur possédait une mitraillette... Une mitraillette assez précise.