Bonne soirée [Sieghield]

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EJ :

Vayne ne tarda pas à arriver, lui aussi avait quitté ses vêtements de soldats pour une tenue un petit peu plus légère, même si une bosse au niveau de sa taille révélait la présence de son Cobra. Meryl avait finalement refusé l'invitation, ce que l'ancien Unificateur apprit avec un pincement au coeur.

- Si je ne te connaissais pas, je dirais que tu craques pour Meryl Yeux rouges... La fille qui t'a sauvé de nous ! Un peu facile à constater ! Je t'emmènes au Vieux Loup, tu me raconteras tout ça !


Le sniper semblait beaucoup plus détendu désormais qu'ils se trouvaient en territoire amical. Il emprunta deux rues avant d'entrer dans un bar agité. Au dessus de la porte, la tête d'un loup, empaillée, ouvrait une immense gueule. De la musique joviale résonnait à l'intérieur, émanant d'un antique Juke-boxe. Les clients avaient l'air plutôt sympathiques, la plupart étaient venus pour danser et s'amuser. Vayne jeta plusieurs pièces au barman, qu'il connaissait bien.

- Deux arrache-gueules Bérnie ! Une dure journée à oublier !

Vayne invita Sieghield à s'asseoir à une table vide, ce qu'il fit avec joie, soulagé de se poser enfin. La mission l'avait épuisé. Une serveuse très jolie apporta deux verres débordant d'un liquide rouge fortement alcoolisé à leur table, adressant un clin d'œil au sniper.

- Cette fille est folle de moi ! Alors mon pote... Vide ton sac !

HJ :

Ta douche ainsi qu'un peu de repos te rendent 20 points de vitalité.

L'endroit avait son charme. Une ambiance comme il n'en avait pas vu depuis longtemps baignait la salle. La convivialité était un mot clef dans ce bar et Sieghield s'y sentit bien. Quand Vayne lui demanda de lui raconter son attirance, il ne savait pas quoi répondre. Son cœur battait la chamade quand il pensait à elle et c'était nouveau pour lui. Il n'avait jamais connu de femme qui l'attirait ainsi.

« Par quoi veut tu que je commence ? »

Un grand silence se forma entre eux deux. Sieghield prit une gorgée de sa chope avant de continuer.

« Je ne sais pas si tu était présent lorsque je l'ai sauvé pour la première fois et je vais te raconter comment ça s'est passé. »

Il prit une grande inspiration et se rappela de ces moments qui avaient bouleversé sa vie de simple unificateur.

« Mon unité avait reçu un message requérant son aide car plusieurs de vos unités s'étaient introduits profondément mais quand je suis arrivé, je n'ai vu qu'un massacre. Le sang ruisselait sur le pavé de la rue et les cadavres s'amoncelaient. Je faisais partie des Insoumis et face à tant d'horreur, mon coeur se réveilla. Tu dois me prendre pour un fou que je dise ça mais à l'académie, on t'apprend à devenir efficace, à suivre jusqu'à la mort l'Immanius et ma famille faisait partie des proches de ce gars là alors ses volontés étaient des ordres pour moi. Pourtant, il y a une personne qui montrait plus de générosité, de bonté envers tous que n'importe qui... Ma mère était cette personne. »

Sieghield reprit une gorgée. Raconter sa vie, ses moments difficiles, il n'appréciait pas mais il faisait confiance à Vayne. C'était devenu un frère d'arme, un ami et il devait savoir avec qui il faisait les missions.

« Quand j'ai vu ce massacre, je me suis dit que je n'étais pas fait pour ça, que ce n'était pas ce que je voulais et Meryl est apparue. Je l'ai sauvé malgré les tirs de mes collègues. Malgré la blessure à la jambe, je lui ai permis de fuir mais en contrepartie, je suis devenu un renégat. Je me suis caché, faisant mon possible pour arrêter le sang de dégouliner. C'est à peu prés à ce moment là que Meryl m'a récupéré, elle et son unité. J'étais un unificateur et eux des rebelles. Ils m'ont emmené et la suite tu l'as connais. J'ai été torturé mais le fait d'avoir sauvé une vie me suffisait. Rebelle ou pas, une vie n'a pas de prix et nous pouvons vivre ensemble sauf quand un connard de première décide de diriger son peuple avec une saloperie pour mieux les contrôler. »

La haine qu'il avait contre le tyran sortit enfin et cela lui donna un bien fou. Depuis le temps qu'il voulait crier au monde que ce n'est pas ainsi qu'il fallait vivre...

« Ce fut la première qui me défendit...la première a m'avertir que, grâce à la force de ma volonté, il avait enfin décidé de me laisser rejoindre leur rang...la première a me sourire dans les moments difficiles...la première a devenir mon ami dans ce monde rempli de violence... »

Sieghield d'une traite termina son verre et en recommanda un autre immédiatement.

EJ :

Vayne écoutait attentivement son compagnon. Les deux hommes n'avaient jamais réellement eu le temps de discuter sérieusement, et Sieghield réalisa que ni l'un ni l'autre ne se connaissaient vraiment. Une fois qu'il eut fini son discours, le sniper lui adressa un sourire franc.

- Vas-y, commande ! C'est pour moi !

Il commanda lui aussi un autre verre tout en sortant deux cigares de sa veste, en tendant un à Sieghield.

- Tu fumes amigo ? Ils viennent de la surface : un pur délice !

Le soldat commença à tirer sur son cigare, relâchant des volutes de fumée. Vayne réfléchissait aux paroles de Meryl.

- Tu sais, je n'étais pas encore dans l'équipe de Meryl à l'époque... Je ne savais pas que tu l'avais sauvée, ni qu'elle t'avait rendue la pareille ! Vous feriez un sacrée couple ! Mais ce n'est pas bon de lier trop de liens avec ses frères d'armes. Tu sais, elle aurait pu y passer elle-aussi, elle a même eu une chance folle de ne pas crever comme Bross.

Contrairement à Echo, Vayne parlait déjà librement de la mort du sabreur, il ne connaissait pas assez l'homme pour le regretter, et le défunt n'était d'ailleurs pas des plus amicaux. Vayne cracha de nouveau un nuage de fumée grise. La conversation allait invariablement tourner à la déprime, jusqu'à ce que l'alcool leur fasse oublier tout ça. Deux verres n'étaient pas suffisants, et le sniper commanda un pichet de bière rouge, la spécialité du bar.

- Et pourquoi t'as décidé de rejoindre Âme Libre ? Après tout, le job est le même : tu liquide des gens, ce sont justes tes victimes qui diffèrent... Tu haïssais tant que ça les Unificateurs ?


Vayne avala son verre d'arrache-gueule cul sec avant de se servir une chope de bière, le sourire aux lèvres.

- Pour ma part, l'histoire est plus courte ! Je suis né à Liberia, j'y ai grandi bien sagement. Ma mère est morte en me donnant naissance, et mon père nous laissait seuls moi et mon frère pendant qu'il travaillait comme mercenaire loin de la cité. Un jour, j'avais seize ans, il n'est pas revenu d'une mission : tué par les Unificateurs. J'voulais pas suivre la voie paternelle, j'avais besoin d'idéaux... Âme Libre était idéale pour ça, j'ai vite rejoint leur rang, tout comme mon frère. Il est mort il y a trois ans, en mission lui aussi. Si ça tombe, c'est toi qui l'a buté !

Vayne ne parlait pas méchamment, il semblait juste maudire l'ironie du monde, qui le faisait boire un verre en ami avec celui qu'il aurait tué des années plus tôt, dans d'autres circonstances. Quand la guerre allait-elle finir ?

Sieghield accepta avec plaisir le cigare que lui proposait Vayne. Dans sa famille, c'était presque une coutume d'en fumer et il n'y avait pas fait abstraction malgré l'évitement de son père. Vayne regarda étrangement Sieg. Il avait une manière de le fumer qui n'était pas ordinaire et il se mit à rire. Puis il se mit à raconter sa vie brièvement. Malgré les quelques bières qui gisaient sur la table, Sieghield écouta attentivement le sniper. Pourtant, la question sur son intégration lui mit un doute. C'est vrai qu'il faisait le même boulot mais il avait une autre raison.

« Sur le fond, je suis d'accord avec toi mais votre objectif me convient et si j'étais resté à Immanis, même en tant qu'insoumis, mes propos auraient été tenus pour trahison et j'y serai passé. Au moins, ici, j'espère faire avancer les choses. »

Sur le coup, ses phrases sonnaient fausses. Était-il vraiment resté pour cette cause ou pour autre chose ? L'image de Meryl lui apparut. En fait, il était resté pour elle, pour la protéger mais il ne s'en rendit compte qu'à l'instant. Vayne parut voir son trouble et garda le silence.

« ...En fait, je crois que je ne suis pas resté pour ce que je t'ai dit même si ça me touche vraiment...Je crois plutôt que je suis encore là pour Meryl... »

Son esprit était troublé mais pas à cause de la bière.

EJ :

La tête de Sieghield commençait à tourner, et sa langue se déliait également. Sous l'effet de l'alcool, Vayne devenait lui aussi plus bavard. Il appréciait son cigare à sa juste valeur, adressant un sourire triste à Sieghield.

- Si tu tiens vraiment à elle, emmène là ailleurs ! Partez loin ! Cette guerre ne mènera rien de bon pour vous deux... Fais attention à tes sentiments mon ami, au moins, les Soumis ne souffrent pas là-haut ! C'est ce que je me dis parfois.

Le sniper avala cul sec un nouveau verre, finissant la carafe de bière. Un homme bruyant annonça une tournée générale à l'autre bout du bar. Tout le monde dansait et chantait, l'atmosphère commençait à se faire vraiment plus joyeuse. Vayne adressa un sourire à Sieghield pendant que la serveuse leur apportait deux nouveaux verres.

- Mais oublions tout ça ! Ce soir, nous nous amuserons ! Viens ! Allons draguer ces jolies donzelles là-bas !


Emporté par l'alcool, Sieghield suivit son ami vers un couple de jeunes filles très peu vêtues. Tous dansèrent une bonne partie de la nuit. L'alcool leur faisait temporairement oublier à tous la triste réalité...

HJ :
Tu peux terminer la soirée comme tu le sens ! ^^

Sieghield suivit son compagnon et une grosse partie de la soirée resta floue dans son esprit. Mais une chose était sur, le fait d'avouer ses sentiments à Meryl et partir rien qu'eux deux le tenaient. Était-ce du à l'alcool ou ses sentiments ? Il n'en savait rien.

Le lendemain matin, un lourd mal de crâne le prit. Il avait abusé de l'alcool et il resta un long moment dans son lit. Il se demandait si c'était une bonne solution, si partir l'aiderait, si elle accepterait. Mais le plus important était si elle l'aimait comme lui. Toutes ces questions étaient sans réponses, il ne savait que faire. Durant la matinée, pour se changer les esprits, il nettoya sa nouvelle armure, fit quelques personnalisations mais ça ne l'aidait pas. Le visage de Meryl embrumait son esprit.

Il essaya tout. La douche froide, un divertissement, mais rien n'y faisait. Intérieurement, il se promit de lui en parler quand il serait seul. Il cherchait les mots qu'il lui dirait, les mots pour lui avouer ses sentiments. Pourtant, il redoutait un echec. Il avait tenu ici grâce à elle et son soutien avait beaucoup d'importance. Si il la perdait, son moral en prendrait un gros coup et il ne s'en remettrai jamais.

EJ :

Ainsi allaient les pensées de Sieghield quand il se rendit compte que l'heure tournait. Le rendez-vous d'équipe était fixé à midi, et mieux valait ne pas être en retard pour éviter les remontrances d'Echo. L'amoureux transi rassembla ses affaires et se dirigea vers le QG, le cœur lourd. En route, il croisa quelques couples, ce qui eut le dont d'ajouter à son malheur.
Pour le moment, il devait se concentrer, car sans doute auraient-ils une nouvelle mission après le débâcle de la veille.

La structure de béton du QG se dessina enfin au détour d'une rue. Sieghield bouscula au passage un miséreux qui demandait l'aumône. Ce dernier partit bien vite face à l'effrayante armure du rebelle. Schtauffen rassembla ses esprits, soufflant un bon coup avant de marcher d'un pas assuré vers le QG.

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