Le calme avant la tempête ? [Jarel]

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EJ :

Jarel nettoyait son ZZ-200, installé sur sa couche, dans la chambre de la base avancée réservée à son escouade. La plupart de ses hommes dormaient, il était cinq heures du matin. Le lieutenant fut surpris de voir les jambes de INR-41 apparaître devant lui : il descendait du lit superposé, au dessus de celui de son supérieur.

- Déjà levé boss ? Anxieux pour la mission ?

La voix de 42 retentit dans la pièce, le sniper était toujours allongé sur le lit en face de celui des deux hommes. Il fixait les lattes du lit supérieur sur lequel dormait 129. Depuis l'incident, le médecin n'avait pas fait de vagues.

- Pourquoi serait-il anxieux ? Jusque là, nous n'avons rien eu à faire de fantastique ! Déloger les rebelles de la Frontière était presque ennuyant !

En effet, la précédente mission de l'escouade n'avait pas véritablement été haletante, pour la simple raison que Taylor n'avait pas été placé aux premières lignes. C'est à peine si les soldats avaient croisé des rebelles. En moins d'une semaine, l'ensemble des rebelles de la Frontière avaient été tués. La semaine suivante, Jarel et ses hommes s'étaient contentés de patrouiller dans la zone durant la construction de la base avancée.

Désormais, ils se trouvaient tous dans une étroite chambre de cette base aux murs métalliques, en l'attente de la mission du lendemain. Apparemment, l'H.I.S aidait au sommeil, à en croire les ronflements des trois membres de l'escouade Soumis.

- Tu te moques de nous Kyle ! On était même pas sur le front, et on patrouillait avec trois autres escouades ! Demain, on part seuls je te signale !

- Ça ne changera pas grand chose mec ! Mission de reconnaissance, tu sais ce que ça veut dire ? Infiltration. Autrement dit, pas d'affrontements...

-Sauf si on est pas chanceux...

Le mitrailleur semblait pessimiste, mais pouvait on lui en vouloir ? L'équipe de Jarel avait été sélectionnée par l'Etat Major pour explorer le Grenier et marquer les bases ennemies, le tout sans se faire repérer... Une mission casi-impossible. D'autant plus que les soldats seraient à pied. ING-123 avait uniquement le droit de conduire l'escouade jusqu'à un accès sécurisé vers le Grenier. Après cela, il devrait quitter le véhicule, tout comme les autres.

Jarel jeta un regard vers l'horloge numérique placée au dessus de la porte en métal qui fermait la pièce. La mission commençait dans une heure et demi. Il allait falloir réveiller ses soldats.

Assis au bord de la couchette, Jarel examinait avec minutie son ZZ-200 pour ne pas penser au lendemain. Mais comment pouvait-il ne pas y penser? Comme tous les insoumis, il avait des sentiments, et désormais, la peur faisait partie de son lot quotidien. Jusque-là il n'avait pas perdu d'hommes, mais pour combien de temps encore? Serait-il capable de faire en sorte que chacun, ici présent, puisse quitter l'armée en un seul morceau? Il ne pouvait pas le savoir, et il redoutait terriblement le jour fatidique où il devrait faire face à la perte de l'un d'entre eux. Dans l'escouade, il n'avait pas vraiment de préférence. Tous étaient ses frères d'armes, ni plus ni moins, soumis ou insoumis.

Lors de la discussion entre Kyle et Andy, le lieutenant releva la tête. Il observait Kyle qui était allongé sur la couchette en face de lui. Il lui paraissait tendu malgré son apparent détachement des évènements de la semaine passée. C'est vrai : Patrouille, garde, revu... toutes ces activités commençaient à peser. Elles étaient bien trop répétitives. Coincés dans cette boite métallique, ils se ramollissaient. Jarel finit par déposer son arme sur le côté en veillant à ce que la sécurité soit bien enclenchée, puis il prit une longue inspiration. Andy et Kyle s'arrêtèrent alors de parler pour écouter ce qu'avait à dire leur supérieur.

- Ce n'est pas tant l'importance des missions qui nous ont été confiées qui m'inquiète. Celle qu'on nous a refilée est assez gratinée pour me faire oublier toute la merde qu'on nous a collée jusque-là. Nan... Cette fois on va bien manger chaud. Le Grenier, je sais pas pour vous, mais il m'a laissé un très mauvais souvenir.

Jarel se pencha plus en avant pour faire le moins de bruit possible. Les sentinelles patrouillaient tout autour de l'enceinte et une parole mal interprétée pourrait grandement jouer sur sa carrière. Quant à Andy et Kyle, il avait désormais pleinement confiance en eux. Il avait même pris l'habitude de se confier à eux, en certaines occasions.

- Quand on sera en bas, j'aimerais que vous vous occupiez des bleus. J'ai toujours pu compter sur vous... faut pas me faire faux bond là-bas.

Jarel savait pourquoi il disait cela. Bien que les autres fassent partie de l'escouade, ils n'en étaient pas moins des salopards d'insoumis à leurs yeux. Même s'ils travaillaient ensemble, Andy et Kyle ne pouvaient pas saquer les bleus. Était-ce par crainte ou par haine? Une chose était certaine, pour ne pas laisser s'intégrer ces trois hommes, Andy et Kyle avaient dû en voir des drôles avec cette caste là. Mais Jarel balaya ces pensées de son esprit d'un bref sourire puis il se leva. Il saisit son arme et son casque puis il secoua l'homme qui dormait au dessus de INR-42. Celui-ci se retourna vers son supérieur qui était déjà en tenue de combat.

- Rassemblement dans une heure sur la place. Veillez à ne rien n'oubliez.

Jarel se dirigea alors vers la sortie en prenant son sac, laissant le soin à INR-41 et INR-42 d'indiquer l'équipement indispensable aux autres fantassins de l'escouade. Ce leur baptême du feu dans le Grenier.

EJ :

Une large muraille encerclait la base avancée, formant une cour entre le bâtiment et la sortie. C'est dans cette cours que l'escouade devait se retrouver. Pour le moment, Jarel était seul, face au blindé Attack qu'ils emprunteraient jusqu'à l'accès au Grenier.
Depuis l'invasion de la Frontière, l'Etat-Major semblait avoir adopté une stratégie résolument offensive. La plupart des accès vers le Grenier avaient été bouchés. Un seul d'entre eux avait été aménagé pour permettre l'accès de troupes. Il était désormais sous haute surveillance, au Nord de la base.

L'escouade de Jarel devrait quitter l'Attack devant l'ascenceur qui les mènerait au Grenier. C'est une fois qu'ils auront quitté les soldats placés au Grenier que les choses se corseront... Maintenant que les rebelles s'étaient retranchés dans les profondeurs, le Grenier devait grouiller. D'où l'intérêt d'établir un plan répértoriant leurs planques.

Jarel étudia un instant l'extérieur de la base avancée. Qui aurait pu croire qu'elle n'était pas là une semaine auparavant ? Des Unificateurs en armure montaient la garde un peu partout dans la cour. Le lieutenant entendait également la marche mécanique d'un immense MEC-ASSAUT qui patrouillait à l'extérieur de la muraille métallique. Tout semblait si calme et ordonné, comme si l'éradication des rebelles de la Frontière avait permis d'y instaurer la paix.

Soudain, l'une des portes blindées de la base s'ouvrit, révélant les cinq hommes de Taylor en armures, le casque sous le bras. Tous équipés de leurs armes qui, comme celle de Jarel, avaient été équipées de silencieux pour l'occasion. Comme si l'ordre était ancré dans sa tête, ING-123 s'engouffra dans l'Attack qu'il démarra. Tous firent de même.

A l'intérieur, la radio du véhicule grésilla, révélant la voix du Général Murray, qui dirigeait la compagnie affectée à la base avancée. C'était le nouveau supérieur direct de Jarel.

- Bien soldats. Vous êtes piles à l'heure. J'ordonne l'ouverture du portail principal. Vos casques sont tous équipés d'émetteurs-récepteurs. C'est grâce à eux que nous nous contacterons une fois que vous serez arrivés au Grenier. Bonne chance !


L'immense portail blindé de la muraille s'enfonça lentement dans le sol, permettant à l'Attack de passer. ING-123 passa juste à côté du MEC-ASSAUT aux allures redoutables. Il faudrait un quart d'heure pour rejoindre l'ascenceur, peut-être était-il temps de régler les derniers détails avec l'escouade...

HJ :

Ton pistolet Couleuvre et ton ZZ-200 sont désormais équipés de silencieux (note le sur ta fiche de perso).
Toi (et chacun de tes hommes) avez reçu :
-1 Grenade flash
-1 Grenade fumigène
-1 Grenade électro-magnétique
pour la mission.

Tu as enfin reçu un Pad GPS qui te permettra de positionner précisément les bases rebelles que vous rencontrerez.

La montée dans le Attak s'était faite silencieusement. Chacun savait ce qu'il avait à faire, le briefing s'était déroulé la veille, sous quelques remarques désobligeantes de 42 vis-à-vis de l'état-major. La petite incartade avait valu à Jarel une remarque de la part du Général Murray dont il se serait bien passé. Mais il savait que rien ni personne ne parviendrait à tenir liée la langue de 42 un peu trop pendue. 41 avait su poser les bonnes questions, comme à son habitude, il était le vétéran irremplaçable de l'escouade et son expérience en faisait l'homme le plus sage de la fine équipe. Les autres n'avaient rien dit de tout le briefing, se contentant d'acquiescer.
Le Attak avait démarré en trombe, sous les dernières instructions du Général qui prenait visiblement cette mission très à cœur. Jarel écoutait tout en regardant 42 faire le pitre sous les dernières instructions de leurs supérieurs. Celui-là, même le matin il n'oubliait pas d'être con. Jarel étouffa un rire faussement dissimulé avant que le Général n'ait terminé.

— Reçu, on vous contactera quand la partie commencera. Unité 9, terminé.

La radio se coupa pour laisser place au bruit métallique de la cabine. 41 était à son poste, sur la tourelle du blindé. 42, lui, était affalé sur le long d'une des banquettes face à 129 et 130 qui étaient collés comme des sardines. Jarel, quant à lui, était à sa place sur la banquette callée contre la cabine de pilotage. Ils patientèrent quelques minutes avant que 123 se fasse entendre.

— Arrivée dans 5 minutes.

Jarel donna alors les instructions. Il fît la vérification de l'équipement de chaque homme, mais il se doutait que cela ne servait à rien, 41 s'en étant déjà acquitté préalablement. Mais il fût surpris lorsqu'il en arriva à 42.

— Putain 42, t'as avec toi l'équivalent de l'attirail de trois mitrailleurs réunis! Tu comptes faire un génocide ou quoi?
— Non mon Lieutenant! Une fois, mais pas deux. La dernière on a bien failli y passer parce qu'on n’avait pas assez de bières.
— Là tu vas surtout maigrir un grand coup à te balader comme ça. Enlève-moi ce surplus et plus vite que ça si tu veux pas que je te raccompagne à l'armurerie à coups de pieds au cul. Bordel 130! Jarel s'était tourné vers le fusiller. Ressers-moi cette lanière!
— À vos ordres mon Lieutenant!
— Les bleus posent encore problèmes mon Lieutenant?
41 s'était penché dans la cabine pour se foutre de 42 et en profiter pour se tenir informé quant à la situation des nouveaux.
— Non, ça va. Retourne à ton poste.

L'inspection n'avait pas posé plus de problèmes. Jarel s'était finalement installé dans la cabine de pilotage aux côtés de 123 pour la suite du voyage.

EJ :

L'Attack arriva très vite à destination. 41 ne pouvait que constater son inutilité dans ce territoire désormais entièrement contrôlé par Immanis. Tout ce qu'ils avaient croisé étaient des blindés Invasion et quelques patrouilles. Le véhicule s'arrêta près d'un camp improvisé, gardé par une quinzaine de soldats en armes. 123 se gara à proximité d'un blindé Blockade en arrêt, et l'équipe quitta le véhicule.

Immédiatement, un Unificateur dans une armure assez sale s'approcha de Taylor, lui adressant un garde à vous plus respectueux que hiérarchique, puisque l'inconnu était également un lieutenant.

- On nous a prévenu de votre arrivée Lieutenant. Si vous voulez bien me suivre, j'ai pour mission de vous escorter jusqu'au Grenier.

Jarel et son équipe s'engouffrèrent à l'intérieur du campement. Quelques barricades de fortune avaient été posées, inutiles puisque les rebelles ne risquaient pas d'attaquer depuis la Frontière. Après avoir slalomé entre des tentes, l'Unité 9 tomba nez à nez avec l'"ascenseur". En réalité, il s'agissait de deux montes charges assez sophistiqués, chacun pouvant facilement accueillir une trentaine d'hommes. Un accès rapidement creusé en attente de plus grands aménagements sans doute.

- Prenez place.

Le lieutenant inconnu laissa l'Unité 9 s'engouffrer dans l'un des montes charges, les suivant de près, escorté par quatre de ses hommes. L'engin commença sa descente dans un grondement de métal rouillé. Le lieutenant inconnu vérifia son ZZ-99 l'air déterminé.

- Nous avons deux escouades en bas pour garder ce monte-charge, mais ils essuient régulièrement des attaques... Vous risquez d'être sous le feu ennemi un moment avant d'arriver à découvert.

L'affaire se présentait encore plus corsée que prévu. Bien évidemment, les rebelles avaient vite fait de repérer l'accès creusé par les Unificateurs.

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